Encore une fois il se retint de protester, et se contenta de dire :

"- Je m'y attelle de suite votre majesté."

Il se leva ensuite, fit une courte révérence et rejoignit les autres domestiques pour donner les ordres de la reine. Intérieurement il n'avait qu'une envie : faire demi-tour et écouter aux portes. Mais il continua son chemin jusqu'aux cuisines, où il s'adressa aux autres domestiques.

"- La reine demande à faire préparer le lounge pour deux couverts et à faire apporter les plats pour elle et son époux. Ne les faites pas attendre." Annonça-t-il d'un ton ferme qui fut sursauter les serviteurs, qui s'exécutèrent.

La plupart avait vu que Van avait été convié au dîner royale, et le considérait désormais comme un domestique au rang plus élevé, du fait de la faveur que lui avait accordé la reine. Il en fut satisfait, ça lui donnerait quelques libertés, il avait bien fait de mettre tant de soin dans son travail. Maintenant que la plupart des autres employés de la famille royale le respectait, il fallait qu'il gagne la confiance de la reine ou de son époux. Il n'avait aucune ambition quant au pouvoir, aucune envie d'obtenir la moindre importance, il était juste extrêmement curieux des affaires de la cour, et recherchait la connaissance sous toutes ses formes. Beaucoup ne comprenaient pas qu'il puisse rechercher une telle chose, mais c'est ainsi qu'il avait toujours vécu, en s'accrochant à des personnes qui attisaient sa curiosité et en apprenant tout ce qu'il pouvait en restant à leurs côtés. Mais c'était la première fois qu'il cherchait à assouvir sa connaissance en visant si haut dans la hiérarchie. Il s'était contenté jusqu'alors de vivre parmi les paysans, et les bourgeois principalement, et n'était rentré au service que de deux familles nobles, qu'il avait vite quittées par manque d'intérêt. Il était rentré au service de la famille royale grâce à l'expérience qu'il avait gagné en travaillant chez ces membres de la noblesse, et grâce à ses connaissances parmi les serviteurs. Van n'était proche de personne, mais connaissait pourtant beaucoup de monde. Personne ne savait jamais vraiment que penser de lui, mais tous s'accordait pour dire qu'il était atypique : dans ce monde où le pouvoir et l'argent faisait tout, il se contentait du savoir, et de sustenter sa curiosité maladive tout en tentant de garder toujours une certaine liberté, à laquelle sa vie de vagabond l'avait habituée. La famille royale de Belquat avait justement titillé cette curiosité, il voyait une trame de jeux de pouvoir se dessiner, et avait jusque là vu des personnages intéressants : les tensions entre la reine Hana, Blaze, et Mathieu avaient déjà suffi à l'attirer dans cette vie de cour. La reine avait tout pour qu'il s'intéresse à elle : une femme qui avait gravi les échelons de la société, fière, puissante, visiblement intelligente, consciente de ses charmes, et pourtant pleine de raffinement et élégante. Un sujet à propos duquel il avait hâte de pouvoir apprendre. Elle avait l'air d'être curieuse à son sujet, c'était un bon point. Plongé dans ses pensées, il arriva vite à la garnison militaire, où il fit transmettre au chef des gardes les ordres de la reine. Il retourna ensuite voir les domestiques chargés du service, et les mena jusqu'aux appartements de la reine pour qu'ils y servent le repas. Il frappa à la porte, et attendit qu'on lui accorde le droit d'entrer. Il espérait pouvoir entendre des bribes de conversation en rentrant, il voulait comprendre le fonctionnement de cette cour, et apprendre à connaître les individus qui la composaient.

j'attends que Transpa' réponde avant de faire entrer Van =)

A la manière des reines espagnoles de l'époque moderne, Hana était une femme fière, sûre et confiante sur sa volonté et sur le pouvoir qu'elle détenait sur son peuple, comme sur son époux. Aussi méprisait-elle le favori de ce dernier qui, lorsqu'il apparaissait en public, prenait la place qui lui revenait de droit divin et assombrissait son image en laissant paraître le couple royal comme fragile. Elle ne pouvait pas accepter cela.
- Sache séparer ta vie intime de ta vie publique. De plus, quand bien même tout le monde sait que Mathieu est ton favori pour le moment, sa présence à tes côtés publiquement peut offenser, ce qui ne t'est pas permis dans ton rôle diplomatique.
Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres.
- Cela ne l'empêche certainement pas de partager tes voyages et ta couche pour te satisfaire. Mon unique demande est qu'il demeure dans ton lit, lorsque tu rencontreras les différents diplomates.

Son regard se tourna brièvement sur la porte par laquelle s'était éclipsé Van à sa demande avant de se poser, légèrement amusé, sur son époux.
- Je crains que non, il n'est pas mon amant. Ce jeune homme attise ma curiosité pour d'autres compétences, tout simplement.
Si Hana avait des amants, nul d'entre eux n'était officiel: le souvenir de son premier mariage, bien que cinq ans se soient écoulés, restait encore vivace dans son coeur.

A la proposition de Blaze concernant Ariane, Hana plissa les yeux et réfléchit quelques instants. Sans doute n'aurait-elle jamais d'enfant: la seule grossesse qu'elle avait vécu s'étant terminée par une fausse couche dont son corps avait encore les séquelles. Blaze lui offrait l'éducation d'un enfant, qui n'était pas le leur, et souhaitait en faire leur héritière. Toutefois, Hana continuait à s'accrocher à l'espoir que sa stérilité n'était que psychologique.
- ... Je le ferai, elle se tourna vers Mathieu, j'aimerais que tu me présentes cette petite fille au plus tôt pour décider de sa gouvernante, de sa place, ainsi que de son éducation en général.

Tout au long de leur discussion, l'arcane que possédait Hana lui fut particulièrement utile. Dans la mesure où elle lui permettait de contrôler les corps - sans que ce contrôle ne rejaillisse sur l'esprit de son propriétaire, il lui était possible de percevoir avec d'autant plus de force les mouvements et langages corporels. Il ne lui fut guère difficile de deviner que Van s'attarda quelques instants devant la porte avant d'entrer, en tendant l'oreille pour percevoir ce qui se disait. Ce jeune homme était décidément bien curieux et cela fit sourire Hana: sans doute aurait-il davantage sa place à un rôle qu'elle comptait, après l'avoir analysé un peu plus, lui octroyer.
Lorsqu'il toqua à la porte, Hana reprit la parole.
- Tu peux entrer, Van. Mathieu, tu le suivras lorsqu'il repartira, dit-il en se tournant vers l'amant de son époux.

Blaze.
L'image d'Hana... Blaze aurait pu en rire ! Pour lui, ce n'était qu'une question de temps avant que sa reine ne se trouve elle aussi un favori à exhiber ! D'ailleurs, elle pouvait bien dire ce qu'elle voulait, il avait l'impression que ce nouveau serviteur qu'il avait aperçu finirait rapidement dans son lit... Lui et Hana n'était pas bien différent, après tout.

- Si j'ignorais séparer ma vie intime de ma vie publique, j'aurais instauré une nouvelle loi et j'aurais épousé Mathieu, répondit-il avec une certaine arrogance, mêlée à un peu d'humour. Mais si cela peut te faire plaisir..., il restera dans mon lit.

De toute manière, il préférait régler ses affaires diplomatiques seuls. La présence de Mathieu auprès de lui était davantage une affaire d'ego et de fierté qu'autre chose. Il aimait s'afficher en compagnie de son bel amant dont il était fier tout en sachant qu'aucun autre que lui ne l'aurait dans son lit.

- D'autres... compétences ? demanda-t-il avec curiosité.

Blaze préférait encore qu'ils élèvent un enfant qui n'était pas le leur plutôt qu'Hana ait un enfant avec un amant quelconque. Ainsi, les choses seraient plus justes.

- Merci, Hana, lui répondit-il sincèrement. Elle te sera présentée de manière officielle dans les plus brefs délais et même si une gouvernante lui sera assignée et que tu l'éduqueras en partie, Mathieu ne perdra, bien entendu, pas le droit de la voir, que cela soit compris, je serai inflexible là-dessus.

Que cela soit bien vu ou non, jamais Blaze n'empêcherait son amant de voir sa petite fille, la prunelle de ses yeux. Il n'avait jamais eu d'enfant et n'avait pas de père, mais il pouvait comprendre, en un certain sens, le rôle paternel et les sentiments qui y étaient rattachés. De toute manière, avec son arcane, les sentiments étaient sa tasse de thé.

Finalement, Van entra et la nourriture leur fut servie. Blaze appuya une main sur la cuisse de son amant, puis lui indiqua qu'il devait se lever. Avant qu'il ne parte pour le lounge, il lui donna un baiser sur la joue et en profita pour lui murmurer une petite chose à l'oreille :

- Ne te confie pas trop et tente d'en apprendre un peu plus sur ce serviteur, je suis suspicieux à son sujet...

"- Bien madame." Répondit-il quand elle lui donna l'ordre de se retirer avec Mathieu dans le lounge.

Il attendit que le jeune homme se lève, et ils se dirigèrent vers le lounge côte à côte. Van espérait en apprendre plus de toute cette histoire d'enfant, sur toutes ces liaisons, et sur les affaires de la cour en général. Mais son ouïe de chat lui avait permis d'entendre la consigne que Blaze avait donné à Mathieu. Il fut assez surpris que ce dernier initie la conversation. Il décida de jouer le jeu. Autant essayer de gagner la sympathie de l'amant du souverain.

"- Je ne travaille ici que depuis quelques semaines, mais du fait de la qualité de mon service, j'ai connu une évolution rapide." Répondit-il. "J'essaye de ne pas trop me faire me remarquer, alors cela ne me choque pas que vous n'ayez aucun souvenir de m'avoir déjà croisé."

Il sourit aimablement à Mathieu.

"- Je suis ravi de pouvoir enfin avoir une conversation avec quelqu'un d'important dans cet endroit. Vous êtes le favori du roi n'est ce pas ? Cela vous donne-t-il des droits à la cour ?" Demanda-t-il, par pure curiosité.

Il voulait tout savoir de l'influence de l'amant sur le roi, et il était également curieux de la relation qu'il entretenait avec ce dernier. Et puis, Mathieu était le père d'une enfant qui visiblement aurait de l'importance dans le futur. Van voulait tout savoir à ce sujet. Mais il devait y aller étape par étape. Du fait des instructions de Blaze, le jeune amant risquait d'être très méfiant. Van maudit entièrement le souverain, pour sa méfiance excessive. Ce n'est pas comme si Van avait le moindre pouvoir, il n'avait même pas encore réussi à se rapprocher de la reine ...

L'un des avantages indéniables qu'octroyait la position d'amant royal était celui du respect de chacun du fait de l'influence possible qu'il avait sur Blaze. Les sentiments du Roi à son égard étaient éloquents: tout un chacun au château savait que ce qu'il éprouvait à son égard et craignait la colère du souverain. De fait, Mathieu jouissait, il est vrai, d'une position sociale que beaucoup enviaient et comprenait ce que cela impliquait. Toutefois, il demeurait avant tout un objet et un outil entre les doigts de Blaze, aussi prit-il en considération le conseil que lui avait donné le monarque et se méfia du nouveau domestique qui l'accompagnait sur ordre de la Reine.

Mathieu haussa un sourcil curieux face à la réponse de Van.
- Tu t'es fait remarqué par la Reine, à ce qu'il semble, pourtant. Ou du moins, par le chef du protocole royal, sans quoi tu ne te serais pas retrouver à son service. C'est intéressant.

Après avoir goûté aux quelques mets qui leur avaient été apporté et apprécié la cuisine raffinée du palais, Mathieu but un verre de vin et posa de nouveau ses yeux sur son interlocuteur.
- La place de favori ne n'octroie pas d'autres droits que de dormir à ses côtés. Il n'y a nulle importance à se donner de cela, fit-il remarquer. Mathieu lui-même n'avait jamais souhaité être l'amant de Blaze, n'éprouvant qu'un syndrôme de Stockolm à son égard - bien que la psychologie n'ait pas cours à cette époque.

- Raconte-moi d'où tu viens, d'accord?, lui demanda-t-il pour détourner la conversation.
Du salon où ils se trouvaient, ils n'avaient pas entendu l'affolement des gardes et encore moins l'évènement qui venait de se passer.



Hana hocha la tête à la proposition de Blaze quant au fait d'envoyer une missive à Dao, afin que le frère de son époux puisse se charger de ce travail, parallèlement à son voyage en pays qu'elle espérait allié.
- Bien, c'est ce que nous ferons, j'en informerai les ministres aussitôt notre entrevue terminée, dit-elle en posant ses couverts sur le bord de son assiette, ayant fini de se rassasier.

La nouvelle épidémie de peste l'inquiétait davantage que les futures alliances à venir. Les hopitaux étaient surchargés et ne pouvaient plus assurer le service minimum habituel à la population de la capitale, l'air semblait suinter dans les bidonvilles naissant de Belquat et les corps putréfiés s'accumulaient dangereusement dans les faubourgs, les soldats refusant désormais en majeure partie de s'occuper de cette tâche qui leur assurait une mort certaine. La situation hygiénique ne pouvait pas être pire, actuellement.
- Je comprends que ça te soit difficile mais la situation ne peut pas s'éterniser sans mettre en danger la capitale et toute la région environnante. Lucifer est-il assez fort maintenant pour revendiquer son droit et son du? Tu sais, tout comme moi, qu'une telle guerre pourrait avoir des effets dramatiques sur le peuple. Les maladies continueront de se multiplier et les gens de mourir. T'est-il possible de retrouver ton frère dans les plus brefs délais? Plus tu seras en mesure de le contrôler, plus la situation se stabilisera, dit-elle d'un ton grave.

Le garde leur fit part de l'évènement qui venait d'arriver. Les sourcils d'Hana se froncèrent sur son front et elle se leva elle-même de table. Posant la serviette qui se trouvait auparavant sur ses genoux sur la table, elle sortit de la pièce et demanda à ce qu'on appelle immédiatement les gardes royaux et Van, auquel elle souhaitait attribuer un nouveau rôle et que cette occasion mettrait en valeur.



[C'est un personnage que j'avais inscrit il y a suuuuuuper longtemps et dont je vais essayer de retrouver la fiche! :D]

Lucie marchait silencieusement dans les passages secrets du château. Un... Deux... Trois... Quatre... Les marches étaient longues et les pierres affutées blessaient ses pieds nus. Un... Deux... Trois... Il faisait sombre, Lucie ne voyait presque rien. C'était tout comme si sa vision était troublée: toutefois, elle n'avait pas besoin de voir, elle savait où elle allait sans même avoir connaissance réellement de sa destination. Seul le bruit de sa respiration transperçait le silence des lieux inutilisés depuis fort longtemps. Elle poussa une porte qui mit du temps à s'ouvrir. Les gonds étaient gonflés et la clanche grinça sous sa maigre force. Par sa peau blanche, ses cheveux blancs, ses yeux violets, Lucie détonnait dans cet environnement sombre, humide. Son regard se posa sur la petite chose qui s'agitait contre son sein. Par chance, l'enfant était silencieuse, elle dormait paisiblement sans la connaissance de ce qui était en train de se passer autour d'elle.

Un... Deux... Elles passèrent sous l'écoutille qui permet de sortir du château et longèrent les égoûts de la ville.

Dernière modification par transparente (2017-05-21 22:43:07)

[ Donc comme on a dit sur FB, je laisse Transpa répondre avec Mathieu pour terminer la conversation avec Van, puis je joue Blaze :3 ]

Sayneï pouvait parfois agir de manière complètement immature et enfantine, mais il savait aussi se montrer sérieux lorsque la situation le demandait vraiment. De plus, Blaze pensait que la relation qu'entretenait son frère avec Shakra aiderait sûrement à conclure un traité d'alliance.

Blaze hocha tout simplement la tête, un air grave sur le visage aux paroles d'Hana, acquiesçant à sa proposition.

Il passar ensuite une rapide main dans sa chevelure et dodelina le menton.
- Pas encore, répondit-il, il lui manque quelque chose, je crois, mais j'ignore ce dont il s'agit... Quoiqu'il en soit, ce ne saura tarder... Quant à mon frère, un avis de recherche a été envoyé et je ferai tout mon possible pour le retrouver, promit-il.

Ce n'était même pas qu'un enjeux économique ou politique, Charles était son frère ! Il ferait tout ce qui était nécessaire pour le ramener à Belquat !

Comme Hana sortait de la pièce, il l'imita et l'intercepta avant qu'elle ne parvienne à franchir le cadre de la porte.

- Si nous n'arrivons pas à la retrouver dans les plus brefs délais, j'ai un moyen de la localiser... Zéro s'est lié à elle, il peut voir par ses yeux, mais cela impliquerait que je le laisse à nouveau prendre le dessus..., murmura-t-il.

La possibilité de laisser Zéro reprendre le contrôle l'effrayait, car il ne savait pas quand il pourrait revenir s'il faisait une telle chose, car le démon était toujours plus fort... Néanmoins, il était prêt à se sacrifier pour retrouver Ariane.

Déglutissant, il laissa alors Hana partir et se dirigea vers le lounge. Il ouvrit la porte pour découvrir Van et Mathieu attablés ainsi que des gardes qui venaient de faire irruption par l'autre porte.

- Ariane a disparue, Mathieu. Le château a été fermé et je vais partir à sa recherche.

Il se fichait de le dire devant Van. Ainsi, si le serviteur y était pour quelque chose dans toute cette histoire, avec son Arcane, il le saurait tout de suite et pourrait jauger sa réaction.

Le fait que Mathieu ait ce sourire bienveillant mit en confiance Van : le jeune homme avait l'air de l'apprécier, et de s'identifier à lui. Le demi humain rendit son sourire au favori du roi. Il lui répondit :

"- Oui j'ai vu beaucoup de choses, et fait beaucoup de rencontres, bien plus que nombre de jeunes gens. Mais non je ne m'ennuie pas ici, je n'ai jamais eu le privilège de servir dans un cour royale. Ma curiosité est attisée par tout ce qui se trame dans ces couloirs. Et ce qui peut vous paraître commun est pour moi fascinant. Chaque échange humain est différent de celui qui l'a précédé, je trouve ça passionnant."

Et c'est avec cette passion qu'il écouta le récit de Mathieu. Il hocha la tête à la mention du nom de Sarah : ça lui disait quelque chose, mais n'avait aucun visage à rattacher à ce prénom. Van s'excusa, et se précipita vers le bureau de la reine. Enfin des responsabilités !

désolée que ma réponse soit si courte, je n'avais pas l'inspiration, et trop de problemes à gérer

L'enfant contre son sein bougea. Lucie ne tressaillit pas et s'arrêta pour attendre que la petite fille qui se trouvait contre son sein s'endorme à nouveau profondément. Tels étaient les ordres qu'on lui avait donné: la petite ne devait pas faire de bruit et elles devaient arriver, toutes deux, saines et sauves au Temple souterrain, là où elles devaient être, là où étaient leur juste place. Une fois qu'elle fut certaine que l'enfant était dans un sommeil profond, la jeune femme aux cheveux argentés continua son chemin à travers les canivaux, à travers les égoûts de la capitale. Rapidement, elles parvinrent à sortir du château sans rencontrer aucun garde. Il s'agissait de vieilles entrées, oubliées avec le temps dont beaucoup s'étaient écroulées. Pourtant, bien qu'elle n'y soit jamais venue, Lucie savait.

Il lui avait été facile de prendre l'enfant de son berceau. Après avoir récupérer des vêtements de nourrice royale à la pouponnière de l'une des gouvernantes - qui ne s'apercevrait probablement pas de l'absence de sa tenue - elle s'était présentée dans la chambre qu'occupait la petite princesse. Seul son regard avait suffit à ce que le garde la laisse entrer dans la pièce, comme par magie. Alors, elle s'était éclipsée par les passages secrets, derrière la bibliothèque de l'antichambre et avait continué son chemin.

Une fois arrivées au Temple, Lucie déposa l'enfant sur l'autel.



La Reine se trouvait déjà dans son bureau lorsque Van arriva. Des gardes l'entouraient et le chef de sa Garde Royale était assis sur le fauteuil qui lui faisait face. Leur discussion était sérieuse, grave. Ce qui inquiétait Hana avec certitude était que le château était poreux: on pouvait y aller et venir sans que cela ne soit surveillé, on pouvait enlever un enfant - l'enfant royal - sans même que quelqu'un ne s'alarme. L'air grave qu'avait la Reine était équivoque, l'air piteux et repentant du chef de sa garde également. L'air était plein de tensions et l'air déterminé qu'affichait Hana laissait entendre une remise en question profonde de la sécurité.

Lorsque se montra Van, Hana leva les yeux vers lui. Lui indiquant le fauteuil qui se trouvait à la gauche de celui qu'occupait le commandant de sa garde, elle reprit la parole envers lui.
- Bien, tu dois te demander ce que tu fais ici. Je t'ai étudié ces dernières heures et tu possèdes une qualité qui te permet de concourir à occuper certaines responsabilités ici: ta curiosité. Tu deviens, dès aujourd'hui, le lieutenant chef de la police royale du château. Ta charge sera d'être mes yeux et mes oreilles, de faire parler les coupables et les innocents, de faire en sorte que chacun dans ce lieu comprenne où est sa place et que leurs suzerains ont les yeux sur eux. Tu n'es, évidement, pas abilité à refuser cette tâche qui t'incombe.

Elle lui indiqua alors le commandant de sa garde royale.
- Tu travailleras aux côtés du commandant Davos, commandant de la Garde Royale. Il veillera à ta protection et à ce que tu saches te défendre et ce, peu importe les situations dans lesquelles tu te trouveras.

Elle observa un court moment de pause, afin de faire peser ses mots.
- Ne faillis pas à ta tâche, en aucun point.





La colère de Mathieu était claire, son objet précis: elle était nourrie par sa peur de perdre son enfant, sa petite fille. Après avoir perdu Lilith - la seule personne qu'il ait un jour aimé plus que lui-même à l'exception de leur bébé - moins d'une semaine plus tôt, il ne pouvait pas se permettre de perdre Ariane qui était aujourd'hui, tout ce qui lui restait, tout ce qui lui importait réellement. Pour sa petite fille, le jeune père aurait soulevé des montagnes, se serait sacrifié afin qu'elle puisse vivre heureuse et que jamais elle ne souffre.
Sa colère se tournait vers Blaze, vers l'homme qui lui avait fait la promesse de la protéger, et ce peu importe ce qui lui en coutait. Le regard blessé, le ton de Mathieu fut sans appel.
- Tu étais responsable de sa sécurité, Blaze. Tu avais promis de la protéger. Comment peux-tu te prétendre Seigneur de quoique ce soit alors que tu ne peux même pas protéger une enfant... Si on ne la retrouve pas, s'il lui arrive quoique ce soit, tu souffriras toi-même de cette souffrance. Tu me perdras, comme tu perdras tout ce qui t'entoure, lança-t-il à son encontre.

Se dégageant de l'étreinte du Roi, Mathieu planta son regard dans le sien.
- Ne fais pas de promesses que tu n'es pas sur de pouvoir tenir, dit-il d'un ton glacé.
Il perçut alors le changement des yeux de Blaze.

Dernière modification par transparente (2017-05-24 17:35:19)

Les paroles tranchantes de Mathieu avaient profondément ébranlé Blaze, l'avaient touché droit au cœur. Les émotions qui l'avaient alors submergé, la peur de perdre Mathieu, avaient été suffisamment forte pour qu'il perde le contrôle.

C'était pour cette raison et parce qu'il voulait vraiment retrouver Ariane qu'il eut le temps de souffler un "Désolé..." à l'oreille de Mathieu avant que ses yeux prennent une teinte rougeâtre et que sa chevelure s'allonge. Il planta ses doigts dans les épaules de l'écuyer durant quelques secondes, sous la douleur de la transformation, puis lorsque l'écuyer s'éloigna, il était face à Zéro.

- Eh bien, il semble qu'on ait besoin de moi, déclara le démon avec un rictus presque amusé.

Néanmoins, son expression redevint bien vite sérieuse: Ariane, la fillette qu'il avait choisie, avait disparue et, ça, c'était mauvais. Il ferma les yeux et, presque aussitôt, des visions l'assaillirent.

- Ça ne sert à rien de fermer le palais, ils sont déjà dehors. Je vois... c'est sombre, mais je... je vois des pierres..., murmura-t-il avant de rouvrir brusquement les paupières. Ils ne doivent pas être bien loin ! Je dirais qu'ils sont dans une sorte de Temple ou d'Église...

Un air supérieur sur le visage, Zéro tapota avec condescendance la joue de Mathieu.

- Sois respectueux, toutou, je suis ton dernier espoir de retrouver ta fille, tu ferais bien de ne pas l'oublier.

Le démon pouvait ressembler à Blaze sous bien des aspects, mais il ne partageait pas ses sentiments face à Mathieu. Pour lui, l'écuyer n'était qu'un joli minois, un jouet qu'il pouvait utiliser pour se divertir et assouvir ses désirs. Or, il était le sien, son amant et il n'était pas prêt à le partager, tout comme Blaze. AU moins, ils s'entendaient sur ce point-ci.

Soudainement, une vive douleur le prit à la main. Il releva sa paume et constata qu'il possédait une entaille à celle-ci. Le sang coulait le long de son bras. Il appuya son autre main sur la blessure pour stopper l'hémorragie. Il ne pouvait pas être tué par le biais d'Ariane - il était un p*tain de démon immortel, après tout -, mais il pouvait souffrir à différents degrés de leur liaison. Dans sa tête, il devint donc encore plus important de retrouver la fillette.

Il ferma à nouveau les paupières, se concentra et de nouvelles images l'assaillirent.

- L'Église de Shô ne ressemble pas à celle-ci et elle est la seule dans un certain rayon de kilomètres.

Il réfléchit aussi vite qu'il le put.

- Il faut aller dans les souterrains de Belquat, à Rasgarock, c'est forcément là ! J'y avais enfermé Charles à un certain moment, je connais bien l'endroit...

S'attendant à ce que Mathieu le suive, il tourna les talons et commença à marcher d'un pas rapide vers la sortie. Il croisa un garde qui fut surpris de le retrouver sous sa forme de "Zéro", mais qui fut trop effrayé pour émettre le moindre commentaire :

- Fais passer le message et dis à Hana que j'ai retrouvé ce qui avait disparu dans les souterrains et que j'attend des renforts. Qu'elle organise une garnison !

Après lui avoir distillé les quelques ordres qu'elle souhaitait le voir accomplir, Hana suivit Van de son regard jusqu'à ce qu'il quitte la pièce. Ses lèvres se plissèrent et son regard se fit plus sombre: nul doute, elle pourrait aisément se servir de lui. Après tout, n'avait-il pas bien plus à gagner à lui obéir qu'à la tromper et l'induire en erreur? Personne n'illusionne une Reine et Hana était de cette trempe de femme.

Alors qu'elle s'asseyait de nouveau à son bureau, un garde accourut dans la pièce d'office. De par son Arcane, Hana sentit immédiatement sa transpiration, ainsi que la raison de celle-ci: il tremblait de peur. Chose non coutumière qui l'interrogit jusqu'à ce qu'il ouvrit la bouche pour la tenir au courant.
[Garde] - Sa Majesté le Roi me fit dire que ce qui avait disparu a été retrouvé dans les souverains. Il a insisté sur le fait qu'il avait besoin d'une garnison, très rapidement.

Hana acquiéça. Toutefois, les récents agitements dans la capitale, dus au retour de la Peste, monopolisaient les brigades d'intervention rapides disponibles.Le choix fut rapide, cependant: elle fit appeler le commandant de sa Garde Royale personnelle, qui se trouvait non loin de là, pour la protéger. Il parut devant elle quelques secondes plus tard.
- Commandant, emmenez-vos la Garde Royale dans les souterrains. Trouvez-y le Roi et protégez-le, ainsi que ceux qui seront sous aile personnelle, fit-elle, l'air grave.
L'homme acquiéça. Malgré le fait que les serments qu'ils avaient fait leur interdisaient de la quitter de plus de 20 mêtres, c'était un ordre de la Reine. Quelques minutes plus tard, un escadron de soldats royaux se lançaient à la poursuite de Blaze, afin de le retrouver dans les souterrains.


L'attente l'angoissa. Tel un lion en cage, Mathieu tournait en rond, les traits creusés, les lèvres pincées, les sourcils froncés. La perte d'Arianne l'aveuglait et sa colère envers Zéro, envers Blaze, et même envers Hana était sans nulle limite. Et ce, peu importe combien Zéro pouvait mal le prendre. Baissant les yeux, il remarqua qu'une entaille venait de s'être formée sur la main du démon. Qu'est_ce que cela signifiait?

Après quelques instants d'une longue attente, Zéro rouvrit les yeux et affirma connaître l'endroit où se trouvait la petite fille. Mathieu ne sut si cela était vrai ou pas. Toutefois, n'était-ce pas leur meilleure chance de retrouver l'enfant? Alors, le jeune père suivit le Roi, prêt à le suivre même dans les endroits les plus mal famés de la capitale pour retrouver Ariane.

Une main se posa sur son épaule, brusquement. Tournant la tête, il surprit Van, le nouveau chien de garde de la Reine avec qui il avait eu l'occasion de discuter plus récemment. Haussant un sourcil, légérement irrité par un tel opportunisme, Mathieu se retint l'envie de lui dire qu'il devait se mêler de ses propres affaires. Alors, prenant à coeur la défense de Blaze - et non pas de Zéro, Mathieu se tourna de nouveau brièvement vers lui.
- J'ai toute confiance dans le Roi pour retrouver cette enfant, affirma-t-il, avec tout le talent de comédien, c'est à dire faible, qu'il avait.