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#251 2012-11-17 21:19:49

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

C'est bien ce que je pensais ^^'
Je sais que, pour l'instant, ça devient un petit peu répétitif avec les chasseurs de primes (on m'avait déjà fait la remarque xD), mais, dans un contexte d'extermination de vampires, s'il n'y avait pas d'attaques, ce serait un peu étrange, non ^^'?

Mais rassurez vous, c'est aussi le temps que certaines choses se mettent en place et que certaines explications soient données, il y en aura des chapitres sans chasseurs de primes Catitiz_PDT_29


Vous aimez les histoires fantastiques? Venez lire ceci ;) Bonne lecture ^^
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#252 2012-11-18 10:47:08

yondalla
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Re: Les Histoires des Ténèbres

C'est vrai que c'est logique qu'ils soient là...

Mais rassurez vous, c'est aussi le temps que certaines choses se mettent en place et que certaines explications soient données, il y en aura des chapitres sans chasseurs de primes

Cool !


L'ours et l'homme se disputent un territoire. Qui a raison ?
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#253 2012-12-01 13:51:12

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Bonjour à vous ^^

Oulà, je n'avais pas vu qu'on avait dépassé les 14 000 vues, merci à vous, j'espère que vous avez aimé, même si vous ne laissez pas de commentaires ;)

Voici votre nouveau chapitre ;)

Vie ou survie (suite)

2 – Jamais tranquilles

3 – Belle de nuit


    Le lendemain soir, le Fenryl d’Or était bien rempli. Millénias s’en occupait seul. Ce n’était pas courant, mais pas vraiment étrange non plus, il s’en était déjà chargé lors des rendez-vous galants de sa sœur. Néanmoins, ce qui l’était beaucoup plus, c’était que, de toute la journée et de toute la soirée, il n’y avait eu aucune trace d’elle au bar. Même les soirs où elle s’éclipsait pour rejoindre Cyrié, elle consacrait quelques heures à sa taverne avant de sortir, ce qui n’avait pas été le cas ce jour-là.
    L’issue sur laquelle était fixé l’écriteau Privé Défense d’entrer s’entrebâilla, quelqu’un s’y faufila discrètement et la referma derrière lui. On frappa à la porte de la chambre d’Ultimécia.

— Oui ? répondit-elle d’une petite voix.

    Le battant s’ouvrit légèrement et une tête à moitié dissimulée se glissa dans l’interstice.

— Salut toi.
— Salut, répondit difficilement la jeune femme en reconnaissant la voix de son bien-aimé.
— Tu as de la compagnie, tu veux que je revienne plus tard ?
— Non, non, reste.

    En effet, une jeune femme était assise au bord du lit où Ultimécia était allongée.

— Je te présente Madilia, une très bonne amie à Millénias et moi.

    Cyrié la salua poliment et approcha de sa dulcinée pour l’embrasser, mais elle s’écarta en le repoussant légèrement. Il fut très surpris de cette réaction. Lui en voulait-elle pour ce qu’il s’était passé deux jours plus tôt ?

— Je ne voudrais pas te rendre malade…, expliqua-t-elle, ce qui soulagea le vampire qui sourit.
— Ne t’inquiète pas pour ça, il en faut beaucoup plus pour que je sois malade, la tranquillisa-t-il gentiment.
— Tu es sûr ?

    Il acquiesça. Rassurée, elle accepta finalement son doux baiser. Il la prit délicatement dans les bras, ce qui sembla lui faire un peu de bien.

— Désolé pour tout ça, lui chuchota le vampire.
— Ce n’est pas de ta faute.
— C’est donc toi le petit ami dont elle n’arrête pas de me parler ? demanda Madilia.
— J’espère, plaisanta le vampire en tournant la tête vers sa compagne.
— Mmh, va savoir.

    Ce petit échange avait beaucoup amusé Ultimécia et son ami. Ils rirent doucement, mais une quinte de toux de la jeune femme les interrompit. Cyrié attendit que celle-ci s’arrête.

— Tu es bien malade toi, hein ?...

    Effectivement, elle était loin d’être en bonne santé. Elle s’exprimait d’une petite voix enrouée et avait le teint très pâle, ainsi que des courbatures dans tout le corps. Le vampire plaça la main sur son front, bien qu’il n’ait pas besoin de cela pour estimer sa température.

— Tu as beaucoup de fièvre…, fit-il remarquer. Tu as déjà vu un médecin ?
— Oui, Millénias en a appelé un cet après-midi.
— Et ?

    Pour toute réponse, Ultimécia désigna sa table de chevet sur laquelle était posé tout un tas de petites boîtes. Cyrié se retourna pour les regarder, jeta à nouveau un regard à son aimée, puis se leva et observa plus attentivement les différents médicaments. Il était exaspéré par leur nombre.

— Il t’a refilé tout ça…

    Elle acquiesça.

— J’en ai pour au moins deux semaines de traitement, précisa la malade.

    Le vampire soupira en secouant légèrement la tête. Deux semaines minimum… Il réfléchit longuement.

— Tu sais… Il existe un moyen pour que tu guérisses beaucoup plus vite. Un remède que tu n’aurais qu’à prendre quelques fois, et, d’ici deux ou trois jours, tu serais complètement rétablie.
— C… C’est vrai ?

    La jeune femme n’en revenait pas. Il existait une alternative qui lui éviterait de prendre tous ces médicaments !

— Bien sûr, je ne t’en parlerais pas sinon.

    Elle avait beau être malade, son enthousiasme lui donna le sourire.

— Qu’est-ce qu’on attend alors ?
— Je vais chercher ce qu’il faut, je reviens tout de suite.
— Comment ça ? implora Ultimécia, impatiente de se sentir mieux.
— Ca supporte très mal la téléportation. Je vais le préparer ici, ce sera plus sûr.
— Et tu vas en avoir pour longtemps ? demanda-t-elle, soudain découragée.
— Juste quelques minutes, s’amusa Cyrié.
— D’accord…
— Je reviens tout de suite.

    Sur ces mots, le vampire l’embrassa à nouveau, salua Madilia et sortit de la pièce. Les demoiselles patientèrent un instant, puis l’amie d’Ultimécia prit la parole :

— Mais tu l’as trouvé où lui ?
— C’est plutôt lui qui m’a trouvée, plaisanta la malade.
— Et vous vous êtes rencontrés où ?
— Ici.
— Je croyais que tu ne voulais pas sortir avec des clients ?
— Pour lui, c’est différent…

    Elles continuèrent leur discussion, sans toutefois qu’Ultimécia ne dévoile l’identité de l’élu de son cœur. Après quelques instants, la porte s’ouvrit à nouveau. Lorsqu’il en franchit le seuil, Cyrié, dont le visage était toujours dissimulé, tenait, dans une main, une petite cruche en verre, remplie d’une eau limpide, et, dans l’autre, un récipient en pierre polie dans lequel se trouvaient un bout de tissu blanc et une grande cuillère en argent et un verre. Il déposa le tout sur la petite commode, près du lit de la jeune femme, sortit l’étoffe et la cuillère de la cuve de pierre, puis se saisit, dans l’une de ses poches, de deux petits flacons dont le dernier quart semblait isolé du reste du contenant, et une boîte d’allumettes. Puis, il versa doucement la totalité de l’eau dans le baquet, la faisant couler le long de la paroi pour limiter les remous que le liquide pouvait causer. Il patienta un peu que la surface redevienne immobile et passa la main dans la double de sa veste. Il sortit, de sa poche intérieure, une grande fleur. Ultimécia reconnu immédiatement ses larges pétales bleus. C’était l’une des fleurs qu’elle avait vu au Désert des not allowedés, au bord du lac. A l’instant même où l’air ambiant la caressa, sa corolle se déploya. En une poignée de secondes, elle dévoila la face intérieure de ses pétales, d’un rouge flamboyant, profond, au nuances légèrement plus foncées, et ses pistils et étamines jaunes et noirs. Elle était magnifique, mais avait un côté dangereux avec cette couleur et ces pétales pointus. Cyrié la contempla un instant.

— Une belle de nuit…? bafouilla Madilia.  Mais bien sûr… Un remède qui peut guérir de tout et en un rien de temps… J’aurais dû m’en douter…
— Tu connais ces fleurs ? interrogea le vampire.
— Elle est passionnée de botanique, précisa Ultimécia.

    L’explication suffit à Cyrié. Il était sur le point de se tourner à nouveau vers la commode lorsque la jeune femme angélique reprit :

— On les appelle aussi les fleur-vampires, parce qu’elles ne s’ouvrent que la nuit, que leur couleur rappelle celle du sang, et qu’elles sont très belles, mais dangereuses... continua l’amie angélique. Mais normalement elles ont toutes disparu depuis longtemps !
— Il faut croire que certaines ont survécu, plaisanta le vampire, un peu songeur.
— … Tu ne comptes pas réellement faire ça ? continua-t-elle, anxieuse.
— Et pourquoi pas ?
— Pourquoi ?! Mais parce que tu vas la tuer !
— Mais non.
— Ulti, surtout, n’avale rien de ce qu’il va te donner ! avertit Madilia.
— Tss… rétorqua Cyrié en détournant la tête. Arrête un peu.
— Tu…
— Hey ! tenta de les calmer Ultimécia. Qu’est-ce qu’il vous prend tous les deux ?
— L’antidote qu’il veut te faire, oui, il soigne de tout, mais s’il y a la moindre erreur, il va te rendre encore plus malade et ça va finir par te tuer, et ça fait des siècles que plus personne ne sait comment le faire ! éclaircit son amie.
— C’est vrai ? demanda la malade à son bien-aimé, le regard inquiet.
— Oui, s’il est mal préparé, reconnut-il.
— Tu vois ! Il est hors de question que je te laisse f…, commença Madilia.
— Tu ne crois pas que c’est à elle de décider si elle le veut ou non ?! l’interrompit sèchement le vampire.

    Jusqu’à présent, il avait fait très attention à ne pas dévoiler ses crocs lorsqu’il s’exprimait, mais l’envie de la laisser les entrevoir commençait à le titiller. Elle lui jetait un regard noir.

— Ulti… implora-t-elle, en espérant qu’elle prendrait la décision la plus censée.

    L’intéressée hésita. Elle fixa son amie, puis détourna les yeux vers Cyrié.

— Tu es vraiment sûr de toi ? s’inquiéta-t-elle.
— Je sais ce que je fais, répondit-il, simplement.
— … Je te fais confiance.

    Il sourit et s’apprêta à commencer lorsqu’il fut interrompu :

— Tu es complètement fou de faire ça, tu vas la tuer !
— Tu ferais mieux de te taire et de me laisser me concentrer un peu si tu ne veux pas que je me trompe !

    Cette dernière remarque refroidit la jeune femme. Elle ne voulait que protéger son amie d’une mort certaine ; il était tout simplement impossible qu’il sache préparer ce remède. Ultimécia avait fait son choix, mais savait-elle vraiment ce qu’elle faisait ? D’un autre côté, elle savait que si elle insistait, son amie finirait par la mettre à la porte, ce qui n’allait rien arranger à la situation. Elle resta donc silencieuse, mais ne cautionnait pas ce qu’allait faire cet homme pour autant.
    Il commença alors à réaliser le remède. Il pinça doucement une étamine entre son pouce et son index, et un pistil entre son index et son majeur. Très délicatement, il glissa ses doigts le long des petites tiges pour ne récolter que le pollen de la fleur et une sorte de mucus que le pistil qu’il tenait produisit. Puis, il répéta précautionneusement l’opération. Ensuite, il trempa les doigts dans l’eau et les frotta doucement pour en retirer toute la substance qu’il avait prélevée. Il épongea légèrement sa main en la tapotant précautionneusement sur le morceau de tissu, puis se saisit de la cuillère qu’il plongea dans le liquide qu’il se mit à agiter, très calmement, en ne créant que très peu de remous à la surface de l’eau. Ses gestes était très doux, calmes, délicats, mais aussi d’une extrême précision. Durant plusieurs minutes, il remuait sa préparation en changeant régulièrement de mouvement, mais toujours aussi consciencieusement. Finalement, il imprima un cercle de plus en plus rapide à sa décoction, puis plaça la cuillère à la verticale pour l’arrêter nette. Une fois la préparation tout juste tremblante, il en retira son ustensile, le posa, s’empara du verre, et le posa, à l’horizontal, à la surface de l’eau pour le remplir. Ensuite, il fit de même avec les deux petites fioles. A chaque fois, il prenait garde à ne surtout pas frotter les flacons au fond du récipient, et à ne pas remuer le liquide outre mesure. Une fois refermés, il prit le bout de tissu et essuya les parois des petites bouteilles, du verre, les quelques gouttes qu’ils avaient déposées sur la commode, et la cuillère. Il mit ensuite le linge sur le bord de la coupe de pierre, le bout trempant dans le reste de liquide, et reprit la fleur, la contempla encore un instant en caressant l’un des pétales, et la plaça, elle aussi, dans la préparation qu’il n’avait pas utilisée. Il semblait triste de devoir faire ce geste, peut-être lui rappelait-il d’autres choses ? De vieux souvenirs douloureux…
    Après un léger soupir, il récupéra le verre et s’approcha d’Ultimécia, s’agenouilla à son chevet.

— Bois ça.

    Il lui releva doucement la tête et lui fit avaler tout le contenu. Le remède avait un goût très doux, sucré, fleurit, parfumé, agréable.

— C’est bizarre… A chaque fois que j’ai bu quelque chose aujourd’hui, ça me faisait mal à la gorge, mais pas là.
— C’est que ça fait déjà effet, répondit gentiment le vampire en souriant chaleureusement.

    Il se releva, retourna prendre les deux flacons, et les posa sur la table de chevet, à côté des boîtes de médicaments, en faisant attention à ce qu’ils ne soient pas trop près du rebord pour éviter qu’ils ne tombent par accident.

— Tu en prendras un demain, prescrit-il en désignant les petites fioles, je donnerais les consignes à Millénias, et je te donnerais le deuxième.
— D’accord.

    Ultimécia, en bonne patiente, ferait ce qu’il lui dirait. Parler ne lui faisait presque plus mal à la gorge, ce médicament miracle était donc aussi efficace qu’il l’avait dit… Même si elle n’avait à aucun moment douté de lui.
    Cyrié se plaça de nouveau devant sa préparation, craqua une allumette et mit le feu à ce qu’il restait, aussi qu’au tissu et à la fleur qui y étaient plongés. Il resta silencieux et immobile devant ce spectacle, tout comme les deux jeune femmes. Lorsque les flammes se dissipèrent, tout avait été incinéré. Une fois son travail terminé, le vampire s’assit tout près de sa dulcinée et la serra affectueusement contre lui. La fraicheur de sa peau fit beaucoup de bien à la malade fiévreuse. Elle était bien contre lui. Elle ferma les yeux pour savourer ce moment de bien-être.

— Tu n’aurais jamais dû faire ça… remarqua amèrement Madilia.
— Pourquoi ? Elle va déjà mieux, non ?
— C’était vraiment risqué ce que tu as fait !
— Tu crois sérieusement que j’aurai pris le risque si j’avais eu le plus petit doute ?
— Je n’en sais rien, je ne te connais pas après tout, rétorqua-t-elle.
— Ce n’est pas plus mal, ricana doucement Cyrié entre ses dents avec un sourire mauvais.
— Hey… lui chuchota Ultimécia en lui donnant un petit coup de coude.
— Où est-ce que tu as trouvé cette fleur ? reprit Madilia après un moment de silence.
— Pourquoi je te le dirais ? Pour que tout le monde aille là-bas et essaie de les récupérer ? Elles étaient au bord de l’extinction parce qu’elles ont été surexploitées, tout le monde les arrachait sans réfléchir, et tu as vu le résultat ?! Maintenant qu’on les laisse enfin tranquilles, si je te disais d’où elle vient, tout recommencerait ! Elles ont droit à la paix.

    En l’entendant tenir ces propos, Ultimécia se demanda s’il ne parlait que de ces fleurs ou s’il ne faisait pas aussi allusion aux vampires. Eux aussi étaient à la limite de la disparition avec cette menace d’extermination qui planait constamment au-dessus de leur tête et n’aspiraient qu’à un peu de tranquillité.

— C’est vrai que même avec le nombre de morts qu’elles ont causé, elles ne méritent pas ça… reconnut Madilia à contrecœur.
— Surtout que la plupart de ces morts, elles ne les ont pas provoqué elles-mêmes, fit remarquer Cyrié.
— …
— Il n’y a pas que l’antidote qu’on fait avec qui est dangereux alors ? s’inquiéta son aimée.
— Non. On ne peut pas les récolter n’importe comment, sinon elles sécrètent une sorte de sève gluante, collante et très toxique dont on n’arrive pas à se débarrasser.
— Il suffirait de ne pas y toucher alors.
— Impossible. La tige, les pétales… Tout en elle le produit, donc, on ne peut pas ne pas y toucher.
— Elle est vraiment dangereuse cette fleur…résuma Ultimécia, ce qui provoqua un petit rire à son compagnon.
— Oui. Mais si on fait les choses correctement, elles ne le sont pas plus que n’importe quelle autre.

    Madilia resta encore un moment en compagnie des deux amoureux. Elle ne faisait pas confiance à cet homme qui dissimulait son visage mais, visiblement, aussi beaucoup d’autres choses. Comment son amie avait-elle pu tomber sous le charme de quelqu’un d’aussi froid ? Finalement, elle laissa Ultimécia seule avec son petit ami en espérant qu’il l’imiterait. La malade avait besoin de calme et de repos, ce qu’elle n’aurait pas tant qu’ils resteraient avec elle… Du moins, c’est ce qu’elle pensait. Cyrié, lui, ne l’entendait pas de cette oreille. Il veilla sur sa dulcinée toute la nuit durant, lui procurant la sérénité et la fraicheur dont elle avait tant besoin.

4 – Invités surprises

Dernière modification par ultimecia (2012-12-15 13:53:23)


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#254 2012-12-02 11:10:39

yondalla
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Re: Les Histoires des Ténèbres

C'est toujours aussi bien ^^ ! Pauvre Utimécia ! Heureusement que Cyrié est là...
En tout cas, continue à faire tes gros pavés ! C'est agréable Catitiz_PDT_29  !


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#255 2012-12-02 11:19:29

vega1
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Merci pour ce long chapitre.

Cette fois tout est calme... laissons les amoureux en paix...

Bonne journée

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#256 2012-12-02 13:38:02

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Merci les filles ^^

En même temps, après avoir passé du temps dans un désert de glace en pyjama, c'est normal qu'on tombe malade, non Catitiz_PDT_29 ?

"Gros pavé"... Ce chapitre là ne faisait que 5 pages si je me souviens bien... Les derniers n'en font pas moins de 6 ou 7 ces derniers temps, donc vous allez être contentes ^^

Vous voyez, j'ai tenu parole en disant qu'il n'y aurait pas des chasseurs de primes tout le temps Catitiz_PDT_12

Dernière modification par ultimecia (2012-12-02 13:39:38)


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#257 2012-12-15 13:51:57

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

C'est un peu désert dans le coin... Catitiz_PDT_25

Voici votre nouveau chapitre ;) (il faudrait quand même que je termine mon chapitre en cours, vous allez finir par me rattraper!)


Vie ou survie ? (suite)

4 – Invités surprises


    Plusieurs semaines s’écoulèrent. Comme Cyrié l’avait présagé, il n’avait fallu que trois jours à Ultimécia pour être totalement rétablie. Dès le lendemain, elle s’était sentie beaucoup mieux et avait voulu reprendre le travail, mais ses frères l’en avaient empêchée. Elle ne raconta à personne ce qui lui était arrivée, que ce soit sur la façon dont elle était tombée malade ou sur ce qui lui avait permis de guérir aussi rapidement.
    Ce soir-là, la taverne était fermée. Les Triplés avaient tenu à garder cette soirée pour eux seuls. Malgré la porte fermée à double tour, une personne fit discrètement son apparition dans le bar, sans qu’aucun pouvoir ne se fasse sentir. Millénias salua le nouveau venu d’un signe de tête. En voyant cela, Santanas, qui tournait le dos à l’homme qui venait d’arriver, regarda part dessus son épaule, puis vint à sa rencontre.

— Ah, tu es là ! l’accueillit-il chaleureusement.
— Bien sûr, répondit Cyrié. Depuis qu’on est amis, je n’ai raté aucun de tes anniversaires, je n’allais pas commencer aujourd’hui.

    Il était passé par les ombres pour entrer, ce qui expliquait pourquoi les deux frères n’avaient pas senti de pouvoirs. Ultimécia, elle, n’était pas dans la pièce, mais le vampire savait qu’elle ne se trouvait pas loin. Il entendait très distinctement son cœur battre dans le couloir qui menait à sa chambre. Elle n’était pas seule. Un autre cœur palpitait près d’elle. Il le reconnu immédiatement, il l’avait déjà entendu quelques temps auparavant. La jeune femme, qui avait discerné la voix de son bien-aimé, s’empressa de passer la porte pour le rejoindre. Elle était aux anges quand elle lui sauta dans les bras.

— Tu as pu venir ? s’enjoua-t-elle.
— Je n’aurais raté ça pour rien au monde, répondit-il avec un sourire radieux avant de l’embrasser.

    Sur le seuil de la porte qui menait à la partie privée de l’établissement, Madilia n’osa pas bouger, sous le choc. Elle n’en revenait pas. Le petit ami d’Ultimécia, celui qu’elle avait rencontré et énervé voilà quelques semaines de cela, n’était autre que Cyrié le Sanguinaire ! Ce dangereux vampire que tout le monde connaissait et craignait ! Ceci pouvait certainement expliquer comment il avait su ce qu’il fallait faire pour préparer l’antidote qu’il avait donné à son amie, mais si elle avait su que c’était lui… Elle serait partie en courant au lieu de lui tenir tête et de l’insulter. Elle resta figée sur place devant un tel spectacle : Ultimécia se trouvait entre les griffes de ce montre, et ses frères ne faisaient rien pour l’en sortir, au contraire, à part Millénias, qui ne semblait pas le porter totalement dans son cœur, ils avaient tous l’air ravi.
    L’ange, qui la connaissait bien, avait réussi à la rassurer suffisamment pour qu’elle accepte de s’asseoir en compagnie du vampire. Elle avait essayé de s’installer le plus loin possible de lui, mais avec une table ronde, la chose était difficile. Finalement, elle s’était retrouvée entre les deux frères, en face des deux amoureux. Ils dégustèrent le repas d’anniversaire qu’avaient préparé les Triplés, à part Cyrié qui, à cause de sa condition de vampire, n’avala rien. Une fois le dessert terminé, le buveur de sang s’éloigna de sa dulcinée, qu’il tenait contre lui, et prit trois paquets qu’il avait dissimulés sous sa veste. Il tendit le plus grand à Ultimécia, et les deux plus petits, identiques, aux garçons. Il savait très bien que les trois frères et sœur s’étaient échangés leurs cadeaux pendant la journée et que Madilia l’avait, elle aussi, déjà fait.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda Santanas en saisissant le petit présent.
— Ben ouvre, tu verras bien.

    Il s’exécuta et découvrit un écrin dans lequel trônait, au milieu d’un petit coussin en satin rouge sang, une chevalière en céramique noire matte, chemisée d’un liseré en argent et constellée de petits éclats d’une pierre bleue, translucide, turquoise aux reflets blancs et saphir.

— Heu… Je dois comprendre quelque chose de spécial là ? plaisanta le démon.
— Arrête un peu, s’amusa Cyrié, et essaie-là plutôt, que je la mette à la bonne taille si ce n’est pas bon.

    Santanas sortit le bijou de son petit coffret, lentement. Le choix de son ami l’avait quelque peu dérouté. Pourquoi du bleu ? Ce dernier, pour qui la réaction du démon n’était pas passée inaperçue, s’expliqua :

— Je sais que ce n’est pas ta couleur, mais je n’avais pas vraiment le choix.
— C’est toi qui l’as faite ? cru comprendre Santanas.
— Oui.

    Soudain, il ne voyait plus la bague du même œil. Il était très impressionné que son ami ait réussi à fabriquer lui-même un bijou de cette qualité, mais après réflexion, c’était un vampire, il était donc dans sa nature de réussir parfaitement tout ce qu’il entreprenait. Maintenant très enthousiaste, Santanas passa le bijou à son doigt. A l’instant où il fut en place, le démon ferma les yeux. Il sembla soudain souffrir d’un gigantesque vertige qui lui coupa le souffle et l’apparence de mortel qu’il se donnait parut se renforcer étrangement avant de revenir rapidement à la normale. Il rouvrit les yeux et expira profondément. Personne ne comprenait ce qu’il venait de se produire. Tous scrutèrent la chevalière, abasourdis, puis regardèrent Cyrié. Lui, affichait un large sourire, très fier et satisfait de l’effet que son cadeau avait produit.

— Heu… Tu m’expliques là ? demanda Santanas, complètement perdu.
— Les cristaux, répondit le vampire. C’est des fragments de pierres d’âme, ajouta-t-il mentalement à l’attention des Triplés pour éviter que Madilia ne l’entende aussi. Ils te permettent d’utiliser moins de pouvoirs pour un effet plus puissant, du coup, tu fatigueras moins vite. Rester dans ce monde et sous cette apparence, et ça te fatigue beaucoup, donc avec ça, tu pourras rester avec nous plus longtemps avant d’avoir besoin de retourner dans l’au-delà pour te reposer.
— Ah ouais ! C’est super ! s’exclama Santanas, conquis par les effets de son cadeau. Merci !
— Pas de quoi.
— Et donc pour moi, c’est pareil ? interrogea Millénias en désignant son propre cadeau.

    La chevalière qui lui avait été offerte était en tout point identique à celle de son frère, à la différence que le noir de la céramique était d’un blanc immaculé.

— Oui.
— Merci, répondit simplement l’ange, enchanté et souriant.

    Il était vraiment très rare qu’il accorde une expression aussi reconnaissante au vampire, qui n’en fut que plus ravi.
    Inquiète, Ultimécia avait attendu l’explication du malaise de son frère avant d’ouvrir son paquet. Maintenant qu’elle savait que c’était l’amplification soudaine de ses pouvoirs qui l’avait rendu temporairement malade, elle déballa son propre cadeau. Le coffret qu’elle avait reçu était bien plus grand que ceux de ses frères, mais aussi plus fin. A l’intérieur, le même satin rouge sang exposait un ravissant collier dont la chaîne en argent, aux maillons fins et délicats, soutenait un pendentif finement ouvragé, composé d’un assemblage très sophistiqué entre grand morceau de pierre d’âme et d’argent pur et brillant. Certaines facettes du cristal, minutieusement choisies, avaient été polies, ce qui les rendait mattes, mais faisait ressortir les multitudes de couleurs qui le composaient. Tous les reflets que le bijou émettait étaient plus époustouflants les uns que les autres. La jeune femme n’avait pas de mot pour exprimer à quel point elle trouvait ce présent magnifique. Elle souleva délicatement le pendentif pour en savourer d’autant plus chaque facette, chaque reflet. Encore une fois, c’était Cyrié qui l’avait façonné, dans le moindre détail. Il se leva et détacha la chaîne du coussin de satin. Il attendit un peu, le collier à la main, que sa dulcinée lui fasse signe qu’elle voulait le passer. Elle reposa doucement la pierre et dégagea sa nuque des cheveux qui lui tombaient dans le cou. Le vampire accrocha soigneusement la chaîne, puis caressa les épaules de la jeune femme avant de lui déposer un tendre baiser dans le creux du cou, juste sous l’oreille. Alors qu’il allait retourner s’asseoir, elle lui prit la main pour le retenir et, pour lui exprimer toute sa gratitude, l’embrassa amoureusement.

— Ca te plait alors, lui susurra-t-il.
— Oh oui, il est magnifique, répondit la jeune femme, des étoiles plein les yeux.

    Finalement, il reprit sa place, se plaçant le plus près possible de l’élue de son cœur. Elle se blottit dans ses bras, le pendentif à nouveau dans les mains. Elle ne se lassait pas de le contempler. Les discussions reprirent.
    L’ambiance était sereine entre les cinq convives, Madilia avait fini par se détendre un peu. Jusqu’à ce que Cyrié se redresse, la tête tournée vers la porte, les muscles contractés, près à agir, aux aguets. Son expression concentrée n’échappa à personne. Il semblait fixer quelque chose qui ne se trouvait pas dans la pièce.

— Des chasseurs de primes ? questionna doucement Santanas, tout en connaissant déjà la réponse.
— Oui… Ca fait un moment que je suis là, ils ont du finir par sentir ma présence… répondit le vampire à voix basse, sans relâcher son attention.
— Tu peux encore partir ? s’inquiéta Ultimécia qui se souvenait qu’il ne valait mieux pas qu’il n’utilise ses pouvoirs s’ils étaient à proximité.
— Non… Même si je partais maintenant, ils sauraient que j’étais ici et vous auriez des ennuis… Allez vous mettre à l’abri, je m’occupe d’eux, ajouta-t-il en se levant, sur un ton qui ne laissa pas place à la discussion.
— Je reste avec toi, se rebella sa bien-aimée.
— Non Ulti ! Pour l’instant, pour eux, nous deux ce n’est que des rumeurs. Si tu te bats avec moi, ils sauront que c’est vrai, et ils ne te lâcheront plus. Autant qu’ils l’apprennent le plus tard possible, tu ne crois pas ?
— … Si… fut-elle obligée de reconnaître.
— Ne t’inquiète pas, moi je reste, affirma son frère démoniaque.
— Santa… commença Cyrié avant d’être interrompu par son ami
— Je suis déjà mort, et ils savent déjà que je suis de ton côté. Je ne risque rien.
— … Fais quand même attention, ils auront peut-être des armes capables de te blesser, capitula le vampire.
— Faites attention tous les deux, les pria Ultimécia.

    Elle l’embrassa pour l’encourager, et retourna en direction du couloir interdit au public, en compagnie de son frère et de Madilia. Ils s’étaient à peine écartés que Santanas leur lança une dernière remarque :

— Millénias, si ça tourne mal, on compte sur toi pour les protéger.
— Ne t’inquiète pas.

    Lorsque la porte s’ouvrit violemment, Santanas était seul. Il avait l’air d’être en train de ranger la vaisselle qui se trouvait encore sur la table, comme si de rien n’était. Le groupe de chasseurs de primes, toujours vêtus de leur longue veste verte, ne lui laissa pas le temps de s’exprimer.

— Où il est ?
— De qui vous parlez ? demanda innocemment le démon, très persuasif.
— Ne te fous pas de nous ! Tu le sais très bien !
— Je vous assure que je ne vois pas du tout de qui vous parlez.

    A ces mots, la porte se referma rapidement derrière les derniers chasseurs de primes qui s’effondrèrent, une très profonde entaille leur traversant le dos. Tous leurs collègues sursautèrent et virent enfin celui qu’ils étaient venus chercher. Cyrié se tenait devant la porte, le regard mauvais, accompagné d’un sourire sadique, et fit un mouvement sec du poignet pour débarrasser sa lame du sang qui s’y était déposé. Le combat s’engagea. De là où ils étaient, Ultimécia, Millénias et leur amie n’entendaient que le fracas métallique des armes qui se percutaient. Les coups devaient pleuvoir avec une violence extrême. Une grande majorité des chasseurs de primes avaient déjà été vaincus. Santanas était aux prises avec l’un d’eux, très fort, alors que Cyrié affrontaient simultanément deux adversaires. En réalisant qu’ils n’arriveraient pas à leurs fins de cette façon, ils ouvrirent chacun un petit flacon. Instantanément, le contenu fit réagir le vampire. De l’eau bénite. A présent, il était largement désavantagé. Il avait beau être un expert dans l’art du combat, avec un handicap pareil, il allait avoir beaucoup de mal à lutter. Il rassembla toutes ses forces pour continuer l’affrontement, parant et attaquant encore. Même si ses gestes étaient freinés par la douleur qu’il ressentait, ils restaient très précis, il restait donc un adversaire infiniment dangereux. L’un des chasseurs de primes tenta de lui assener un coup de hache, qu’il bloqua. Pour tenir l’arme à distance, Cyrié avait été obligé de placer sa deuxième main contre sa propre lame, ce qui l’empêcha de parer l’attaque qui vint latéralement. Son autre opposant avait profité de cette occasion pour passer à l’action. Le vampire réussi à repousser la hache qui le menaçait et transperça son ennemi opportuniste, qui s’écroula, déversant au sol le liquide de son petit flacon métallique. L’eau bénite répandue, la douleur qu’elle infligeait à Cyrié s’accentua encore. A moitié plié en deux, il avait énormément de mal à garder les yeux ouverts. Il réussit tout de même à voir le nouveau coup arriver et le repoussa d’un large geste de son bras armé. Malheureusement, cela ouvrit une faille dans sa défense et le chasseur de primes le frappa violemment à la mâchoire avec l’extrémité du manche de son arme, ce qui projeta le vampire au sol. Appuyé sur le bras qui tenait son sabre, il n’eut qu’une possibilité pour contrer la nouvelle attaque : il la bloqua de l’avant-bras. Son protège-bras de cuir semblait faire un très bon bouclier, mais il était en bien mauvaise posture. C’est alors que Santanas surgit et acheva le dernier chasseur de primes. Il prit quelques instants pour reprendre son souffle, et, voyant l’expression de son ami, comprit que quelque chose n’allait pas. L’eau bénite ! Réalisa-t-il soudain. Immédiatement, il fit disparaître, dans des nuages de lumière violette et noire, tous les corps, le sang, mais surtout le liquide sacré qui gisaient sur le parquet ciré. Une fois ce dernier volatilisé, Cyrié sentit sa douleur se dissiper et ses forces lui revenir. Son ami lui tendit la main et l’aida à se relever.

— Merci, soupira le vampire, encore un peu affaibli. Tu vas bien toi ?
— Oui, ça va.

    Il examina rapidement son protège-bras : l’attaque avait à peine laissé l’ombre d’une toute petite entaille. En n’entendant plus les chocs des armes, et les voix de leurs proches échanger quelques mots, les trois autres, qui étaient restés soigneusement dissimulés, franchir la porte qui les séparaient de la pièce principale. Les deux combattants leur sourirent. Alors qu’Ultimécia allait rejoindre son vampire, il afficha une expression étrange. Comme si quelque chose de douloureux le dérangeait. Il leva la main et y recracha ce qui le perturbait, la bouche encore entrouverte.

— Super… ironisa-t-il, un peu pour lui-même.

    Puis il appuya le pouce contre le bout de l’une de ses dents. La jeune femme, qui était arrivée à son niveau lui caressa le bras et le poignet. Il baissa la main et dévoila ce qu’elle contenait. Un croc. Il ouvrit suffisamment la bouche pour qu’elle puisse voir qu’il n’en avait plus qu’un. Il ne restait de l’autre qu’un petit bout dentelé. La force du choc, combiné à l’effet de l’eau bénite, le lui avait cassé.

— Comment tu vas faire maintenant ? s’inquiéta Ultimécia.
— Oh, ce n’est pas grave, il va repousser.

    En effet, à chaque pleine lune, les crocs des vampires repoussaient, qu’ils soient toujours présents ou non, ce qui leur provoquait une horrible douleur. Même s’ils étaient intacts, ils s’allongeaient et rapetissaient tout au long de la nuit. Le seul moyen que les vampires avaient trouvé pour atténuer un peu cette gêne était de mordre. Mais ils ne le faisaient pas entre eux, ce qui engendrait énormément d’attaques de mortels, et, une fois les crocs plantés… Ils n’arrivaient plus à s’arrêter, encore une fois, à cause des effets de la lune. Celle-ci réveillait aussi totalement leurs instincts de dangereux prédateurs assoiffés de sang, il leur était donc presqu’impossible de se contrôler. Leurs pouvoirs aussi s’en trouvaient grandement renforcés, et leur capacité de guérison était à son tour considérablement accrue, ce qui leur permettait de se remettre plus facilement des graves blessures qui leur étaient parfois infligées. Il était donc extrêmement dangereux, voire suicidaire, de fréquenter un vampire durant les nuits de pleine lune.

— Je peux ? demanda la jeune femme en désignant la longue canine acérée.
— Qu’est-ce que tu veux en faire ?
— Rien de spécial, juste le garder.

    Cyrié, amusé et attendrit par cette requête, lui tendit le croc qu’il tenait encore dans la main. Elle s’en saisit, ravie, le regarda un peu, puis fixa les yeux de son bien-aimé. Heureusement, il semblait aller bien. Rassurée, elle passa les bras autour de lui pour l’enlacer, mais il la repoussa avant qu’elle n’ait le temps de finir son geste. Il détourna le regard, embarrassé.

— Qu’est-ce qu’il y a ? s’alarma Ultimécia.
— Rien… Ne t’inquiète pas.
— Mais Cyrié…

    Il s’écarta avant qu’elle ne termine sa phrase, dégageant ainsi le coté de sa veste que Santanas avait commencé à dégager. Il avait profité de leur conversation pour se glisser derrière le vampire et avait essayé d’observer son dos. Il n’avait eu le temps de voir qu’une légère ombre rougeâtre.

— Tu es blessé, attesta le démon.
— Santa !
— Il n’y a rien, hein ? répliqua amèrement Ultimécia, un peu vexée qu’il lui ait caché
— Ce n’est rien de grave, ça guérira tout seul.
— Oh, tu ne vas pas recommencer ? Viens, je vais te soigner ça, commanda la jeune femme.
— Ce n’est pas la peine, s’obstina son compagnon.
— Cyrié, on ne va quand même pas t’y obliger, menaça gentiment Santanas, très sérieusement toutefois.
— J’aimerais bien voir ça tiens, ricana le vampire qui n’y croyait absolument pas.

    Ils le pensaient suffisamment pour avoir besoin de soins, ils ne s’en prendraient pas à lui… Il se trompait. En un clin d’œil, le frère et la sœur l’avait plaqué contre le mur grâce à leurs pouvoirs, assez haut pour qu’il ne puisse pas prendre appui sur le sol pour leur échapper. Millénias, bien qu’il n’éprouvât pas une grande affection pour le vampire, s’était joint à eux, pour leur plus grand plaisir. Cyrié n’en revenait pas, ils avaient osé.

— Hey ! s’écria le vampire.
— On t’avait prévenu, ricana Santanas.

    A cet instant, un homme blond fit son apparition.

— Salut… heu, qu’est-ce qu’il se passe ici ? demanda-t-il.
— Hey, Lucian ! le salua le démon, qui le connaissait bien. Qu’est-ce que tu fais là ?
— J’avais senti que des chasseurs de primes étaient dans le coin, j’étais venu voir si tout allait bien. Vous faites quoi là ? s’interrogea-t-il en désignant alternativement Cyrié et les Triplés.
— Il a été blessé et il refuse de nous laisser le soigner, ou au moins regarder sa blessure.
— Et c’est pour ça que vous l’avez épinglé au mur ? s’amusa Lucian.
— On voulait lui montrer qu’on pouvait l’y obliger.
— Et toi, tu te laisses faire ? lança-t-il au blessé.
— Ca leur fait plaisir, plaisanta ce dernier.
— Vous êtes au courant que, s’il en avait vraiment envie, il pourrait se libérer sans problème ? reprit le jeune vampire.
— On est tous les trois à le retenir, fit remarquer Ultimécia.
— Oh, il y arriverait quand même.

    Cette affirmation jeta un petit froid dans le bar. Il avait la force de lutter contre eux ? Mais quelle puissance avait-il exactement ?

— Vu que tu es là, tu pourrais peut-être nous aider ? le sollicita la jeune femme. Tu connais mieux vos capacités de guérison que nous, alors, est-ce que tu pourrais jeter un œil et nous dire s’il a besoin d’être soigné ou pas ?
— D’ici je peux te dire que ça n’a pas l’air trop grave… D’après ce que je sens, ça ne doit pas beaucoup saigner.
— S’il te plait…

    Il hésita un peu. Sentant qu’il allait céder à la requête d’Ultimécia, Cyrié le prévint, pas trop sévèrement.

— Lucian…

    Le pauvre était encore plus perdu. Mais qu’était-il venu faire ici ? Il aurait mieux fait de passer son chemin au lieu de se retrouver au milieu de tout ça.

— Heu… Ulti…
— S’il te plait. On ne va quand même pas t’y forcer aussi ?
— Désolé, mais, vous avez beau avoir une puissance inégalée quand vous êtes tous les trois, entre vous et lui, ce n’est pas de vous que je me méfierais le plus, confessa le vampire.
— Lucian, c’est pour son bien, insista Santanas.

    Il comprenait bien leur motivation. Leur demande était tout à fait justifiée.

— Si je vous dis qu’il n’a pas besoin de soins, vous le laisserez tranquille ?
— Oh ! riposta Cyrié qui n’aimait pas du tout la tournure que prenaient les choses.
— Promis, on le laissera, affirmèrent le démon et sa sœur en ignorant totalement la protestation de leur ami.
— … Ok, finit par céder Lucian après avoir longuement douté de sa décision.
— Lucian ! s’indigna Cyrié, beaucoup moins gentiment cette fois.

    Le vampire blond resta un instant sur place, l’air très embarrassé. Il commençait déjà à se dire qu’il aurait peut-être mieux fait de refuser. Finalement, il approcha doucement de son congénère, directement sur sa gauche. Son odorat lui avait permis de savoir que le plus gros de la blessure se trouvait de ce côté.

— Ils s’inquiètent pour toi… essaya-t-il pour le calmer.
— …

    Cyrié ne le lâchait pas des yeux, le regard mauvais, réprobateur. Alors que Lucian levait le bras pour écarter un peu la veste de son Leader, ce dernier émit un grondement. Grave, sourd, intense. Il venait du plus profond de lui-même. On aurait très bien pu le confondre avec le grognement d’un gigantesque félin mécontent. L’avertissement ultime des vampires. Son intensité le fit résonner jusqu’au plus profond des entrailles de chacun, menaçant. Lucian en interrompit son mouvement, mais, après un moment d’arrêt, le reprit et écarta doucement le vêtement du dos de son ami. Le rugissement reprit de plus belle. Le vampire s’empressa de relâcher le tissu et de s’éloigner de plusieurs bons mètres. Tout en lui exprimait le remord et la culpabilité.

— Alors toi… fulmina Cyrié entre ses dents serrées.
— Je sais…

    Le pauvre Lucian savait que son ainé ne le laisserait pas s’en tirer aussi facilement après qu’il se soit rangé aux côtés des Triplés. Mais il se doutait aussi que la punition ne serait pas trop sévère, après tout, ce n’était que pour son bien. Cyrié n’était que très rarement blessé, mais lorsque cela arrivait, il préférait se débrouiller seul. S’occuper de ses semblables lui paraissait naturel, mais il n’appréciait pas la réciproque, cela lui donnait l’impression d’être un fardeau pour eux et de manquer à ses devoirs. Il fixait toujours son cadet d’un regard désapprobateur, qui, lui, restait la tête baissée.

— Alors ? s’inquiéta Ultimécia.
— C’est bon, la blessure n’est pas très profonde, elle guérira toute seule.

    Il n’avait pas regardé très longtemps dans le dos de son ami, mais le court laps de temps qui lui avait été accordé lui avait largement laissé la possibilité de juger de la gravité de l’entaille.

— Donc on peut le lâcher ? s’assura Santanas.
— Oui, oui. Il n’a pas besoin de soins.

    Les Triplés acquiescèrent et détendirent lentement leur étreinte, jusqu’à la stopper complètement. Une fois de nouveau au sol, Cyrié fit quelques pas en avant pour se retrouver au niveau de son acolyte, toujours aussi coupable.

— Ne lui en veut pas, on se faisait du souci nous. A notre place, tu aurais fait la même chose, tenta Ultimécia pour l’apaiser.

    Elle s’en voulait d’avoir mis Lucian dans une telle situation.

— Mmh… se contenta de répondre le blessé. On va y aller. Si des chasseurs de primes ont débarqué, d’autres vont suivre. Ils nous ont repéré, et ils vont venir, c’est sûr et certain. Vous ne serez pas en sécurité tant qu’on restera ici.

    Même si elle n’aimait pas l’admettre, Ultimécia était bien forcée de reconnaître qu’il avait raison. Les chasseurs de primes avaient perçu la présence de Cyrié, alors qu’il était seul. Maintenant que Lucian l’avait rejoint, ils avaient deux fois plus de chances de savoir qu’ils étaient là. Ils venaient déjà d’essuyer une attaque, et personne ne tenait à ce qu’une autre, peut-être plus grave, ne vienne ternir l’agréable soirée qu’ils venaient de passer. Les deux vampires saluèrent les mortels et s’éclipsèrent dans des tourbillons de flammes.

Dernière modification par ultimecia (2012-12-16 14:32:10)


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#258 2012-12-15 17:12:40

cecilou1998
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Toujours aussi bien ^^
J'ai repéré une petite faute dans le grand paragraphe :

L’eau bénite rependue

C'est plutôt "répandue" ^^


~ L'impossible n'existe pas, car le rêve d'hier est la réalité de demain ~
Si on n'était pas fous... On deviendrait tous dingues...

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#259 2012-12-16 03:21:40

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Merci ^^

Oui, bien sûr que c'est "répandue", ça m'apprendra à suivre le correcteur de Word Catitiz_PDT_20 Merci de me l'avoir signalé ^^


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#260 2012-12-16 10:53:17

vega1
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Super ce  nouveau chapitre, merci et bonne journée.

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#261 2012-12-18 17:17:20

yondalla
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Super ! C'est toujours aussi génial !
J'aimerai trop avoir un de ces bijoux Catitiz_PDT_29  !
Je me demande quelle est la taille de son entaille !


L'ours et l'homme se disputent un territoire. Qui a raison ?
Le chat qui les observe.

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#262 2012-12-19 02:57:30

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Merci à vous ^^

Yondalla --> J'avoue que moi aussi je voudrais bien un bijou comme ça xD
Et pour la taille de l'entaille... mystère Catitiz_PDT_19 (mais en gros, elle va jusqu'au milieu du dos à peu près et est profonde de plusieurs centimètres Catitiz_PDT_29 )


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#263 2013-01-26 14:21:33

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Bonjour, bonjour!

Ca fait un moment que je ne suis pas repassée par là... Mais voici la suite ^^


Dangereux mais Indispensable


1 – Instincts

    Ultimécia s’inquiétait beaucoup pour son bien-aimé. Il ne venait que très rarement depuis quelques semaines. En effet, ces derniers temps, les attaques des chasseurs de primes se faisaient de plus en plus fréquentes et violentes, les vampires évitaient donc au maximum de quitter la sécurité que leur procurait le Désert des Dam-nés. La jeune femme pouvait y aller à sa guise, mais à chaque fois qu’elle s’y rendait, elle prenait le risque d’être repérée et suivie. Si un chasseur de prime se trouvait à proximité quand elle se téléportait, il aurait été en mesure de connaître sa destination, ce qui mettrait tous les vampires en danger.
    Un soir, elle ferma la taverne de bonne heure. Lorsqu’elle pénétra dans sa chambre, elle sentit des bras froids et musclés l’enlacer, et la tirer en arrière. On lui déposa un tendre baiser dans les cheveux.

— Salut toi, lui chuchota Cyrié à l’oreille.
— Salut.

    La mortelle était ravie de sentir à nouveau le contact de cette peau froide qui lui avait tant manqué. Elle resta donc un moment sans se retourner et savoura donc cet instant.

— Tu m’as manqué, susurra la jeune femme.
— Toi aussi, avoua le vampire en resserrant un peu son étreinte.
— Tu vas bien ?
— Oui, ça va. Mais on commence à en avoir marre de devoir rester coincés au Désert des Dam-nés.
— Ca ne m’étonne pas.

    En prononçant cette phrase, Ultimécia se retourna. Quand elle vit le visage de son compagnon, elle ne put s’empêcher de sursauter.

— Tes yeux…

    La jeune femme caressa doucement le haut de la joue du vampire. Son œil gauche, habituellement d’un magnifique bleu électrique, avait commencé à virer au violet, alors que l’iris du droit, totalement blanc et dépourvu de pupille, devenait rose.

— Ce n’est rien, ne t’inquiète pas.

    C’est alors qu’elle s’aperçut d’une autre chose, elle aussi différente : son expression. Il lui souriait, comme à l’ordinaire, mais il y avait autre chose… Elle ne parvenait pas à le déterminer, mais elle n’avait aucun doute, un autre sentiment se mêlait à sa bienveillance habituelle. Un sentiment beaucoup moins rassurant.

— Comment ça se fait qu’ils aient changé de couleur ?
— C’est… C’est normal.

    De toute évidence, il ne voulait pas lui expliquer ce qu’il se passait, ce qui ne faisait qu’accentuer l’inquiétude de sa bien-aimée.

— Cyrié, qu’est-ce qu’il se passe ? C’est à cause des chasseurs de primes ?
— … Oui, en quelques sortes, admit-il.
— Ce n’est pas une réponse ça ! Ce n’est pas normal que les yeux de quelqu’un changent de couleur comme ça.
— Pour les mortels, non…
— Parce que pour les vampires ça l’est ?

    Devant l’anxiété croissante de la jeune femme, Cyrié finit par céder.

— Quand on dort dans nos cercueils, oui.
— Tu m’avais dit que ça avait des effets secondaires, non ? Et que c’était pour ça que vous n’y dormiez pas ?
— C’est le cas. Le changement de couleur des yeux est l’un de ses effets secondaires.
— Et les autres ?
— …

    L’insistance d’Ultimécia à vouloir comprendre ce qu’il se passait commençait à agacer légèrement le vampire.

— Cyrié !
— Ça nous renforce.

    Elle ne comprenait pas.

— Dans ce cas, pourquoi vous évitez de…
— … Parce que ça augmente notre force physique et mentale, mais aussi, et surtout, nos instincts, la coupa-t-il.
— Donc ça vous rend plus dangereux, résuma la jeune femme.
— Oui.
— Alors pourquoi v…
— … Tu n’as pas la moindre idée de ce qu’on vit en ce moment, l’interrompit-il à nouveau. Tu crois qu’on est juste attaqué plus souvent ? Et bien non ! C’est bien pire que ce que tu penses ! Dès que l’un de nous quitte le Désert, il se fait attaqué par plusieurs clans en même temps. A chaque fois, ils sont plus nombreux et plus agressifs. Tu ne crois quand même pas qu’on va les laisser nous massacrer sans réagir !
— Hey, calme-toi ! Je ne t’ai rien reproché !
— Mmh… Désolé.

    Il s’était un peu emporté, il le reconnaissait, mais ça ne rassurait pas Ultimécia pour autant. Depuis combien de temps dormait-il dans son cercueil pour être aussi agressif ? Les choses aillaient-elles empirer s’il continuait ? Même si la question lui brûlait les lèvres, la jeune femme préféra s’abstenir de la poser. Son compagnon ne semblait pas d’humeur à y répondre sans perdre son calme. Il sentait bien qu’il s’était emporté sans réelle raison et s’en voulait d’avoir été aussi désagréable avec l’élue de son cœur. Il s’apaisa un peu, retrouva sa bienveillance à l’égard de la mortelle, et le couple finit la nuit dans les bras l’un de l’autre.
    Les jours qui suivirent, Ultimécia pensait constamment à l’attitude qu’avait eue le vampire. L’image de son visage courroucé lui revenait sans cesse à l’esprit. Elle n’aimait absolument pas ça. Comment allait-elle faire pour le lui expliquer sans le froisser ? Dormir dans son cercueil le rendait apparemment beaucoup plus irritable, il pouvait donc être très dangereux de le vexer en abordant le sujet.
    Le temps passait. Au fil des semaines, on entendait de plus en plus parler de morts causées par les vampires. Chaque nuit, on en comptait d’avantage. La situation dégénérait totalement. Cyrié, qui pourtant faisait toujours tout pour protéger ses congénères, se rendait-il vraiment compte de la tournure que prenaient les choses ? Du danger qu’il leur faisait prendre ? Avec ce genre de comportement, les gens auraient encore plus peur d’eux, l’extermination qui planait au-dessus de leur tête ne ferait que se renforcer. Le réalisait-il ?
    Les cadavres continuaient à s’entasser, jusqu’à arriver à plus de quarante en une seule nuit. C’en était trop, il fallait qu’Ultimécia réagisse. Elle ne pouvait pas les laisser continuer comme ça, et le seul moyen pour les arrêter était de raisonner leur Leader. Mais comment faire ? Elle en avait discuté avec Santanas, qui en connaissait un peu plus qu’elle en ce qui concernait les vampires. Or, ils se retrouvèrent très vite confrontés à leur ignorance. Cyrié était loin de leur avoir tout révélé à propos des vampires. Comment savoir avec exactitude l’état d’esprit dans lequel il se trouvait ? Serait-il prêt à les écouter, ou même à les accueillir sans leur sauter à la gorge ? Quels ravages avaient réellement causés sa nouvelle couche ? Une seule chose était sûre : ils allaient devoir agir pour faire cesser les massacres, et vite. Ils espéraient seulement ne pas avoir à utiliser la force pour y parvenir, parce que, fasse à huit vampires guidés uniquement par leurs instincts, ils ne seraient jamais de taille.
    Leur plan d’action était simple : se rendre au Désert des Dam-nés, y retrouver Cyrié, tenter de le ramener à la raison, et, si les choses prenaient une tournure trop dangereuse, rentrer se mettre à l’abri – bien qu’aucun endroit ne soit réellement sûr, quelque soit le monde dans lequel ils se trouvaient. Ils avaient décidé de s’y rendre sans Millénias. Cyrié et lui ne se portaient pas une grande affection. L’ange se méfiait toujours de ce tueur sanguinaire. Il avait du mal à croire que quelqu’un qui avait autant tué puisse un jour changer aussi radicalement. Le contexte qui les amenait était déjà suffisamment tendu sans qu’ils n’aient besoin de l’envenimer en s’y rendant en sa compagnie.

    Le lendemain, à la tombée de la nuit, Santanas et Ultimécia se rendirent au repère des vampires. Ils arrivèrent devant la colline de pierre, mais il n’y avait aucune trace des buveurs de sang. Seulement les chiens Basker. Les deux mortels se regardèrent, anxieux.

— Vous ne devriez pas être là, les prévint Cerbère, le plus grand des canidés et le père de tous les autres.
— On cherche Cyrié, on voudrait lui parler.
— Je m’en doute, et c’est justement pour ça que je vous dis de ne pas rester là. Lui et les autres ne sont pas dans leur état normal, ils risqueraient de s’en prendre à vous.
— Mais on ne peut pas les laisser continuer comme ça !
— Je suis d’accord, mais là, il n’y a pas grand-chose à faire.

    Le frère et la sœur échangèrent un nouveau regard. Cerbère côtoyait les vampires depuis très longtemps, il savait donc de quoi il parlait. Que faire ?

— Mais qui voilà ?

    Ils sursautèrent. Cyrié était arrivé sans faire un bruit. Le ton qu’il avait utilisé, froid, menaçant, et sadique, confirma leurs craintes : il était à nouveau dangereux. Le vampire avait beau se trouver à plusieurs mètres d’eux, ils ressentaient pleinement cette aura obscure et redoutable qui l’entourait. Ils sentaient leur cœur s’emballer, poussé par la peur, ce qui ne fit qu’accentuer les instincts de prédateur de Cyrié. Son visage, déjà très sinistre, s’agrémenta d’un sourire, ce qui le rendit encore plus terrifiant. Il avança. Tout en lui exprimait le danger extrême qu’il représentait. Sa démarche, lente, mais très sûre, on sentait qu’il était prêt à bondir à tout instant, toutes griffes dehors, sa posture, supérieure, son expression, et surtout, ses yeux. Ses iris étaient devenus d’un rouge sang très profond, constellé de nervures plus foncées encore. Il avait le regard noir d’un monstre en chasse. Il était terrifiant. Lorsqu’il arriva tout près de ses visiteurs, l’atmosphère qui l’entourait, chargée d’horreur, les effraya encore d’avantage. Soudain, Santanas perdit son apparence mortelle, comme si cette aura l’obligeait à revenir à sa condition de simple fantôme, ce qui leur certifia que la situation était bien pire que ce qu’ils avaient présagé. Mais ils n’avaient plus le choix à présent, ils ne pouvaient plus revenir en arrière. Cyrié ne semblait pas du tout surpris par le changement d’apparence de son ami, au contraire, on aurait dit qu’il l’avait prévu.

— C’est moi que vous cherchez ? interrogea le vampire, tout en connaissant la réponse.
— Oui… Il faut qu’on te parle, admit Ultimécia, intimidée.
— Bien sûr… rétorqua le prédateur, sarcastique, mais pas ici.
— … Où alors ? s’inquiéta Santanas.
— Tu verras.

    Cyrié leur tendit les mains. Le frère et la sœur hésitèrent. Ils ne savaient pas où il allait les emmener et, dans l’état actuel des choses, il était très loin de leur inspirer confiance. Mais ils n’avaient pas le choix, s’ils refusaient, ils risquaient de l’énerver, ce qu’ils ne voulaient surtout pas. Finalement, les mortels tinrent chacun l’une des mains du buveur de sang.
    Soudain, ils sentirent qu’on les téléportait et se retrouvèrent dans un endroit qu’ils ne connaissaient absolument pas. Il y avait à peine moins de lumière que quelques instants auparavant, ils se trouvaient donc toujours au Désert des Dam-nés, mais l’endroit n’était pas aussi sympathique qu’à l’ordinaire. Là où ils se trouvaient, il faisait un peu plus sombre, un léger vent menaçant soulevait le sable par endroit, et, au milieu d’énorme pierre noires polies, se dressait une structure semblable à un tombeau. Mais que faisait une telle construction dans un endroit pareil ? A peine arrivés, Ultimécia et Santanas, anxieux, avaient lâché les mains du vampire, qui se dirigeait à présent vers la sépulture. Il marqua un petit temps d’arrêt et leur fit signe de le suivre. Angoissés, ils n’osèrent tout d’abord pas bouger, mais ils prirent une grande inspiration et lui emboîtèrent le pas.
    L’intérieur de l’édifice était sombre et très exigu. Pourtant, absolument rien ne s’y trouvait. Pourquoi Cyrié avait-il tenu à les amener dans cet endroit lugubre et isolé de tout ? Ils avaient peur en pensant aux différentes raisons qui avaient pu le pousser à agir ainsi. C’est alors qu’il souleva l’une des lourdes dalles qui jonchaient le sol, dévoilant alors les premières marches d’un sinistre escalier. Le vampire s’y engouffra, suivi par les deux mortels. Il avait laissé l’accès ouvert, mais, après quelques pas, plus aucune lumière ne parvenait jusqu’à eux. Le frère et la sœur n’y voyaient plus rien. Ultimécia alluma une petite flamme devant elle pour leur éclairer un minimum le chemin. Cette unique source de lumière fit danser d’inquiétantes ombres sur les parois des murs et sur Cyrié. Même de dos, il était effrayant. Chaque marche qu’ils foulaient semblait les rapprocher un peu plus d’un évènement funeste.
    Après cette interminable descente, ils arrivèrent enfin sur un sol plat. Quelques mètres plus loin, ils purent entrevoir ce qui semblait être l’encadrement d’une porte. Le vampire s’en approcha, ses amis toujours quelques pas en arrière, quand soudain, Santanas fut pris d’un grand malaise. Il s’effondra. Cyrié le rattrapa d’un seul bras – les vampires n’étant plus réellement en vie, mais pas vraiment morts, ils avaient un lien particulier avec le monde des morts et pouvaient ainsi toucher les fantômes comme s’ils avaient encore une enveloppe charnelle. Santanas peinait à respirer. Il était épuisé.

— Qu’est-ce qu’il t’arrive ? paniqua sa jumelle.
— Je n’en sais rien… Je n’ai plus… Plus du tout de forces.

    Il avait vraiment l’air mal en point. Il fallait absolument qu’il retourne dans l’au-delà. Ultimécia était tiraillée. Que faire ? Imiter son frère et quitter ces lieux, ou rester et parler à Cyrié ? Ils ne pouvaient pas le laisser continuer à dormir dans son cercueil et tuer autant d’innocents, mais se retrouver seule avec le prédateur assoiffé de sang l’effrayait au plus haut point. Elle finit enfin par prendre sa décision.

— Retourne dans l’au-delà, recommanda-t-elle au fantôme.

    Inquiet pour sa sœur adorée, il hésita et lui jeta un regard plein d’interrogation. Etait-elle vraiment sûre de vouloir rester seule avec ce vampire mû uniquement par ses instincts ? Elle essaya, tant bien que mal, de le rassurer, sans dire un mot. A bout de force, Santanas abdiqua et retourna se reposer dans l’au-delà, laissant Ultimécia en mauvaise posture.
    Cyrié resta un instant à l’observer, le visage toujours aussi malsain. Elle se demanda s’il n’était pas en train de s’imaginer les horreurs qu’il allait lui faire subir. Puis il se retourna, ravi que Santanas ne soit plus avec eux, et avança jusqu’à la porte. Il l’ouvrit et fit signe à Ultimécia de pénétrer dans la pièce. Elle s’exécuta. Dès qu’elle franchit le seuil, la flamme qu’elle avait fait apparaître s’affaiblit et s’éteignit. La jeune femme entendit un léger claquement de porte et sentit une présence froide dans son dos, tout près d’elle. Malgré ses efforts pour l’apaiser, elle sentit son cœur s’emballer. C’est alors qu’une rangée de bougies jaillit de l’obscurité, longeant toute la paroi de la pièce ovale. Huit cercueils de grande qualité et finement décorés y formaient un arc de cercle, chacun ouvert et accompagné d’un vampire, sauf celui qui se trouvait en face de l’entrée – certainement celui de Cyrié. Toutes les créatures de l’ombre la regardèrent. Leurs iris aussi avaient changé de couleur. Ils étaient d’une teinte différente pour chacun, et allaient d’un jaune orangé jusqu’au rouge sang. Mais aucun n’avait une teinte aussi prononcée que celle du regard de Cyrié – plus ils avaient tué, plus la couleur de leur yeux devenait rouge, il était donc normal que ceux du Leader possèdent la nuance la plus marquée. Ils paraissaient tous aussi dangereux les uns que les autres. Ils avaient donc tous perdu la raison ? Sentir les œillades menaçantes des sept vampires et de son bien-aimé, toujours derrière elle, effrayait Ultimécia. Elle regrettait de plus en plus d’être venue.

— Tu disais que tu voulais me parler, l’effraya Cyrié.
— Heu… Oui, mais… hésita la jeune femme en jetant des regards vers les autres vampires.
— Tu peux parler devant eux.
— Oui, mais je préfèrerais… je préfèrerais qu’on ne soit que tous les deux.

    N’était-ce pas une erreur de vouloir rester en tête à tête avec le plus dangereux d’entre eux ? Le Leader se réjouit à cette idée. Il sourit encore, ce qui ne le rendait que plus menaçant. Après un petit rire, il ordonna à ses congénères, sur un ton qui ne prêtait pas à la discussion :

— Laissez-nous.

    Immédiatement, les autres vampires inclinèrent légèrement la tête et sortir en silence. Dès que l’un d’entre eux passait à proximité, Ultimécia sentait l’angoisse l’envahir un peu plus. Le dernier referma la porte, laissant le couple seul. La jeune femme s’éloigna discrètement de Cyrié, mais il ne comptait pas la laisser faire. Il s’approcha à nouveau.

— Qu’est-ce qu’il y a ? Je te fais peur ? la nargua-t-il.
— Oui.

    Elle savait parfaitement qu’il ne servait à rien de lui mentir, tout en elle exprimait l’effroi qu’il lui inspirait. Il n’en fut que plus ravi.

— Qu’est-ce que tu voulais me dire ?
— Ah oui, heu… Il… Il faut que vous arrêtiez de dormir dans vos cercueils.

    Cyrié rit aux éclats, d’un rire mauvais.

— Tu veux que les chasseurs de primes nous tuent, c’est ça ?
— Bien sûr que non ! Mais… Tu t’es regardé ? Et les autres ? Est-ce que tu te rends au moins compte de ce que vous êtes en train de faire ? Du nombre d’innocents que vous avez déjà tués à cause d’eux ? Vous comptez aller jusqu’où comme ça ? Il faut que vous arrêtiez, et tout de suite.
— Qu’on arrête, hein ? reprit-il. Et pourquoi on le ferait ? Parce qu’on tue des gens qui, de toute façon, mourront un jour ou l’autre ?
— Ca ne vous apporte rien de bon. Et je croyais que tu voulais que les gens aient une autre image des vampires, qu’ils n’aient plus peur de vous ?
— Tu n’as pas la moindre idée du plaisir que ça procure de chasser… Choisir sa proie… Lui laisser croire qu’elle se met à l’abri… Mais elle n’est en sécurité nulle part… La poursuivre… Entendre son cœur s’emballer à chaque pas qu’on fait… Sentir sa terreur… La tenir entre nos griffes… Enfoncer nos crocs dans sa chair… La sentir se débattre… Sentir son sang nous remplir la bouche… Et couler au fond de notre gorge… En déguster chaque gorgée… Et enfin, le moment ultime, en savourer la toute dernière goutte, alors que son dernier souffle quitte notre proie.

    Tout en parlant, Cyrié avançait. Son expression devenait de plus en plus effrayante. Ultimécia ne pensait pas que cela pouvait encore être possible. Le dangereux sourire du vampire s’élargissait à chaque phrase, dévoilant totalement ses crocs, plus tranchants que des lames de rasoir. Il la dévorait du regard. Même son souffle horrifiait la jeune femme. Il était terrifiant. Ultimécia reculait à chacun de ses pas. Soudain, elle sentit son pied buter contre quelque chose, mais elle était bien trop terrorisée pour lâcher le vampire des yeux. Il fit un nouveau pas et, alors qu’elle tenta de contourner l’obstacle, la jeune femme tomba en arrière. Mais sa chute fut douce. A cet instant, elle réalisa qu’elle était tombée dans l’un des cercueils. Elle voulut se relever en sursaut, mais il était déjà au-dessus d’elle, appuyé sur les parois de sa nouvelle couche.

— Alors ? Tu le trouves confortable mon cercueil ?

    Dans d’autres circonstances, elle aurait très bien pu lui répondre par l’affirmative : la douceur du satin, le moelleux des coussins… Mais là, la situation le rendait beaucoup moins agréable.

— Cyrié, s’il-te-plait… l’implora Ultimécia, paniquée.
— Qu’est-ce qu’il y a ? susurra calmement le vampire, toujours plus dangereusement.

    La jeune femme ne parvint pas à répondre, paralysée par la peur. Le visage de son compagnon s’était approché lentement d’elle alors qu’il lui posait la question, mais ne s’arrêta pas. Il ouvrit la bouche à quelques centimètres de sa gorge, ses crocs aiguisés sur le point de déchirer ses veines. Ultimécia réagit enfin et utilisa ses pouvoirs pour le repousser. Puis, elle profita de l’occasion qui s’offrit à elle pour se relever et s’éloigner un peu. Mais Cyrié étant sur le chemin de la sortie, elle n’eut d’autre choix que de reculer, encore. Quelle erreur ! Le vampire, d’abord fou de rage que sa victime ose le repousser de la sorte, la fusilla du regard, puis, son visage s’assombrit à nouveau avec le retour de son sourire sadique. Ses pupilles s’élargirent. A présent, tout en lui faisait penser à un prédateur en chasse, sur le point de bondir sur sa proie. Ses yeux, son expression, sa respiration, son aura, même sa position, accroupie, une main au sol, l’autre un peu relevée pour lui permettre de garder son équilibre. L’image même du vampire assoiffé de sang dans toute sa splendeur.

— Si tu veux jouer… On va voir comment tu te débrouilles dans le noir.

    A ces mots, sa main frémit légèrement et toutes les bougies disparurent, dissipant l’unique source de lumière de la pièce. Déjà avec un bon éclairage, Cyrié avait montré qu’il pouvait se dissimuler sans peine, mais alors dans l’obscurité, Ultimécia n’avait aucune chance de lui échapper. Elle fit apparaître de petites flammes tout autour d’elle. Elles lui permettraient d’y voir un minimum, mais elles la protègeraient sans doute aussi un peu. Du moins, elle l’espérait. La jeune femme constata avec effroi que Cyrié n’était plus là. Elle scruta le plus petit recoin de la pièce, sans bouger, mais ne le vit nulle part. Où était-il passé ? Sa terreur s’amplifia encore. Mais quelle idée d’avoir demandé à être seule avec lui ! Comment avait-elle pu imaginer que les choses se dérouleraient sans problème ? Soudain, quelque chose attira son regard. Elle tourna lentement la tête. A quelques mètres d’elle, sur sa droite, elle aperçut le reflet de deux rétines. Deux ? Ca ne pouvait pas être Cyrié, son œil droit était aveugle. Il ne pouvait quand même pas y avoir quelqu’un d’autre avec eux ! En une fraction de seconde, ils se volatilisèrent, laissant à nouveau la place aux ténèbres. Au même instant, Ultimécia sentit un air froid sur sa gauche, tout contre son corps, des mains griffues la toucher, et un souffle dans son cou. Par reflexe et par peur, elle frappa son assaillant et se retourna dans un sursaut pour le voir. Lorsqu’elle se déplaça, les flammes qui l’entouraient suivirent son mouvement. Elle reconnut la silhouette de Cyrié de l’autre côté de son unique rempart. Les ombres qu’il projeta sur le visage du vampire faisaient ressortir la couleur sanglante de ses yeux et assombrissaient encore ses traits. Il disparut à nouveau de son champ de vision. Le cœur de la jeune femme dansait la chamade. De toute évidence, ce petit jeu amusait beaucoup Cyrié.

— Arrête ça ! le supplia-t-elle.

    Un rire sadique résonna dans la pièce. Il semblait venir de partout à la fois. Soudain, avec un rugissement de félin en chasse, quelque chose heurta violemment Ultimécia et la plaqua au sol. Un petit cri d’effroi lui échappa. Sa chute avait été tellement rapide que, cette fois, les petites flammes n’avaient pas bougé. Celles qu’elle avait traversées s’étaient éteintes, mais les autres continuaient à voleter tranquillement. La jeune femme avait touché terre à bonne distance de son éclairage, elle n’y voyait donc plus beaucoup. Malgré tout, elle distingua celui qui l’avait percuté : Cyrié. Il la maintenait fermement au sol. Elle ne pouvait plus rien faire pour se dégager. Elle entendait et sentait son cœur battre à toute rompre. La terreur l’empêchait d’utiliser ses pouvoirs. Elle était totalement à la merci du vampire, qui semblait jouir au plus haut point de l’horreur qu’il provoquait. Ultimécia n’arrivait même plus à le supplier d’arrêter. Elle clôt fermement les yeux. Elle ne voulait pas le voir approcher pour la mordre. Des larmes étaient sur le point de couler le long de ses joues.
    Soudain, l’amour que Cyrié lui portait lui fit brièvement reprendre ses esprits. Son sourire de prédateur s’effaça. Il détourna le regard de sa proie en essayant de remettre ses idées en ordre.

— Va-t-en ! ordonna-t-il sèchement, les yeux fermés.

    Ultimécia ne réalisa pas immédiatement ce qu’il se passait. Elle le regarda à nouveau. Il luttait réellement pour réfréner ses envies de chasseur. Elle avait enfin une chance de partir, il ne fallait surtout pas qu’elle rate cette occasion. Elle esquissa un geste pour se dégager.

— Tu ne peux pas utiliser tes pouvoirs ici, il faut que tu sortes, continua Cyrié.

    C’était toujours le même prédateur assoiffé de sang qu’un instant auparavant, il s’était un peu apaisé, mais Ultimécia sentait bien que ça ne durerait pas. Elle devait se dépêcher de partir. Elle se releva d’un bon, sortit de la pièce en courant, remonta les escaliers quatre à quatre et se retrouva enfin dehors. Mais son calvaire n’était pas encore finit : au moment où elle quitta le tombeau, les sept autres vampires se tournèrent vers elle. Elle avait complètement oublié qu’ils attendaient à l’extérieur. Ses pleurs, son cœur terrorisé, sa peur… Leurs instincts de tueurs sanguinaires n’en étaient que plus accentués. Ils s’approchèrent lentement, dans des mouvements lents mais menaçants. Au moment où ils allaient fondre sur elle, un grondement grave et profond retentit dans le dos de la jeune femme. Il ressemblait énormément à celui que Cyrié avait poussé à l’encontre de Lucian, le soir de l’anniversaire des Triplés. Immédiatement, tous les vampires s’interrompirent, s’inclinèrent en signe de soumission absolue, et reculèrent sans se redresser. Terrifiée, Ultimécia regarda par-dessus son épaule et vit Cyrié. Il l’avait suivi. Son visage sévère intimidait ses congénères. Il semblait toujours aussi dangereux, juste moins sadique. Lorsque le Leader jugea que ses sujets étaient à une distance suffisante, il posa les yeux sur la mortelle. Elle sentit que ce serait son dernier avertissement, si elle ne partait pas maintenant, tous les huit lui déchiquèteraient les veines. Le souffle court et saccadé, les yeux remplis de larmes, la jeune femme s’éclipsa enfin dans un nuage de lumières blanches et violettes, retournant ainsi au Fenryl d’Or.

* Note: Normalement, le nom "Désert des Dam-nés" ne contient pas de tiret, mais j'ai été obligée d'en mettre un à cause de la censure du forum :s

2 – Pardon

Dernière modification par ultimecia (2013-03-16 13:52:44)


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#264 2013-02-05 13:49:34

vega1
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Ouf ! Ultimécia a pu s'échapper...

Tu nous a fait attendre, mais là tu as fait un long chapitre...

Merci de ne pas t'être arrêtée lorsqu'elle était dans le caveau. ça m'aurait donné des cauchemars.

Enfin, ça ne s'arrange pas, tout va de plus en plus mal... il faudrait, peut être, que Millénias s'en occupe un peu, non ? c'est un ange après tout... même s'il n'est pas tout à fait d'accord avec sa soeur.

Bonne journée

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#265 2013-02-06 03:00:08

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Enfin quelqu'un qui laisse un p'tit mot Catitiz_PDT_22 Merci Vega Catitiz_PDT_12

Désolée pour l'attente, je ne m'étais pas rendue compte que je n'avais pas reposté les suite depuis aussi longtemps ^^'

Et oui, cette fois encore, c'est un long chapitre ^^ Ca commence à devenir une habitude j'ai l'impression xD

Sinon... C'est vrai que j'aurais pu m'amuser à couper juste après le "Ultimécia n’arrivait même plus à le supplier d’arrêter. Elle clôt fermement les yeux. Elle ne voulait pas le voir approcher pour la mordre. Des larmes étaient sur le point de couler le long de ses joues.", ça aurait été une idée tiens Catitiz_PDT_19 Mais ça n'aurait pas été sympa, surtout que je vous ai fait le coup il n'y a pas si longtemps ^^ (Remarque, ça aurait peut être fait poster quelques commentaires en plus... idée à creuser pour les prochains chapitres)

En fait, comme Millénias n'apprécie pas vraiment Cyrié, ils évitent d'avoir affaire l'un à l'autre si ce n'est pas franchement nécessaire... Ce serait un coup à ce que ça se finisse mal (que ce soit par les mots ou par les actes), et ça chagrinerait Ultimécia, donc... Disons que c'est une sorte d'accord passif entre Cyrié et Millénias: "je ne me mêle pas de tes affaires, ne te mêle pas des miennes" ;)


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#266 2013-03-16 13:50:57

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

J'avais un peu zappé de vous poster la suite ^^'

Encore un grand chapitre cette fois!


Dangereux mais Indispensable

2 – Pardon


    Plusieurs semaines s’étaient écoulées depuis les dernières mésaventures d’Ultimécia. Les vampires avaient enfin retrouvé la raison et avaient quitté leur cercueil. Cyrié s’en voulait terriblement d’avoir autant effrayé sa dulcinée. Il aurait préféré qu’elle ne voie jamais cette terrifiante facette de sa personnalité. Il redoubla d’efforts pour se faire pardonner. Heureusement pour lui, elle ne lui en voulait pas outre mesure. Malgré l’épouvante qu’il lui avait fait vivre, elle comprenait qu’à ce moment-là, devant l’agressivité des chasseurs de primes, les vampires n’avaient pas eu d’autre choix que d’utiliser cette méthode ancestrale pour se renforcer et, ainsi, avoir une chance de survivre un peu plus longtemps. La jeune femme n’avait pas de rancune envers son bien-aimé. Il avait réussi à reprendre le contrôle de ses esprits suffisamment longtemps pour qu’elle puisse s’échapper après tout, ça n’avait pas dû être une chose facile à faire pour lui.
    Mais tout n’avait pas été négatif. Les actes perpétrés par les vampires à ce moment-là avaient beaucoup effrayé les chasseurs de primes. Ils avaient donc réduit significativement la fréquence de leurs attaques et leur violence. Grâce à cela, les buveurs de sang bénéficiaient d’un petit répit. Mais ils devaient rester sur leurs gardes, les affrontements s’étaient réduits, certes, mais ils n’avaient pas totalement cessés pour autant.
    Cyrié et Ultimécia avaient repris leurs habitudes. Ils se retrouvaient régulièrement soit au Fenryl d’Or, soit au Désert des Dam-nés. Parfois, le vampire lui faisait découvrir de nouveaux endroits, difficilement accessibles, mais d’une beauté à couper le souffle. Il n’avait pas son pareil pour trouver ces lieux hors du commun.
    Un soir, après l’une de leurs romantiques virées nocturnes, Cyrié raccompagna sa dulcinée chez elle, à la taverne, et s’installa auprès d’elle alors qu’elle s’endormait. Ils se tenaient la main, les doigts entrelacés.

— Tu n’oublies pas, demain, on ne pourra pas se voir, lui rappela-t-il doucement.
— Oui, je sais : pleine lune.
— Désolé d’insister autant avec ça, mais c’est pour être sûr que tu ne prendras pas le risque de venir au Désert.
— Ne t’inquiète pas, j’ai déjà commencé à prendre l’habitude de surveiller quand ça tombe. J’ai déjà vu ce que ça donnait quand vous suivez vos instincts, alors, comme les nuits de pleine lune, c’est un peu pareil… Je n’ai pas envie de retenter l’expérience, plaisanta gentiment Ultimécia.
— Désolé… se repentit le vampire.
— Arrête de t’excuser pour ça. Tu ne m’as pas fait de mal après tout.
— Mouais… Mais j’ai failli…
— Oui, justement, failli, répéta la jeune femme, tu n’as rien fait.
— Mmh… Je préfère ne même pas imaginer ce que ça aurait donné, si… Je n’ai vraiment pas envie de te faire de mal, ou même, de te faire peur…

    Ultimécia le savait très bien, mais entendre Cyrié le lui murmurer à l’oreille la rassurait toujours. Elle lui embrassa la main et se blottit encore un peu plus contre lui. Il l’étreignit, et elle finit par s’endormir, confortablement installée, le dos contre son compagnon. Il passa le reste de la nuit à la contempler.

    Le lendemain, alors que la nuit était sur le point de tomber, le vampire ouvrit les yeux. A sa grande stupeur, il constata qu’il était toujours au Fenryl d’Or et qu’Ultimécia était encore dans ses bras. Il avait voulu rester avec elle le plus longtemps possible, si bien que le soleil l’avait rattrapé et il s’était inévitablement endormi sans quitter les lieux. Le vampire commençait déjà à ressentir les effets de la pleine lune.

— Ulti ?! s’exclama-t-il, encore un peu endormi, l’esprit embrumé.
— Cyrié, s’il-te-plait, l’implora la jeune femme.

    Durant toute la journée, Ultimécia avait essayé de se dégager des bras de son compagnon, mais n’y était pas parvenue. Dès qu’elle tentait de se lever, il resserrait encore un peu plus son étreinte. Elle ne pouvait pas le réveiller, car elle savait pertinemment qu’il pouvait être très dangereux de réveiller un vampire pendant le jour, que dans ces cas là, ils avaient tendance à devenir agressifs. Son ultime recours aurait été d’utiliser ses pouvoirs, mais, pour une raison qu’elle ignorait, ils avaient refusé de fonctionner. En fait, ce blocage venait de Cyrié. Quand, pendant la journée qui précédait une pleine lune, un vampire retenait quelqu’un dans ses griffes, il l’empêchait inconsciemment d’utiliser le moindre pouvoir ou de se libérer. Quand on retient une proie si facile la veille d’une nuit aussi tumultueuse, il serait dommage de la laisser filer. Ultimécia savait qu’il n’allait pas tarder à perdre complètement le contrôle. Dès que le jour se serait complètement dissipé, la pleine lune agirait totalement sur lui, lui faisant perdre la raison. Ces nuits-là, seuls leurs instincts guidaient les vampires, qui n’étaient même plus en mesure de réfléchir. Cyrié libéra sa dulcinée de son étreinte et se tourna à moitié. Il luttait pour essayer de résister à l’envie de lui sauter à la gorge. Le plus petit geste lui demandait une maîtrise colossale.
    Ultimécia se leva en toute hâte et courut vers la porte de sa chambre éclairée uniquement par la faible lumière de sa table de chevet. Elle se saisit de la poignée et entrebâilla l’ouverture. Par reflexe, elle se retourna pour s’assurer que le vampire était toujours allongé sur le lit, elle avait besoin de le garder dans son champ de vision en quittant la pièce, pour la rassurer. Mais la jeune femme constata avec stupeur qu’il n’était plus là. Elle sentit la peur commencer à l’envahir. Elle ne lui avait tourné le dos qu’une poignée de secondes. A cet instant, elle sentit la poignée lui glisser violemment entre les doigts et entendit la porte se refermer sèchement. Lorsque la mortelle tourna la tête pour comprendre ce qu’il venait de se passer, elle sursauta et recula. Cyrié était là, juste devant elle, la main contre la sortie, à présent fermée. Ultimécia commença à paniquer. Ce n’était pas possible, ça ne pouvait pas recommencer ! Le visage du buveur de sang était aussi effrayant que lorsqu’il l’avait terrorisée quand il dormait dans son cercueil. Il avait à nouveau cette horrible expression de prédateur en chasse, fiévreux, assoiffé de sang, la bouche entrouverte, la respiration haletante. Seulement, cette fois, il la menaçait de ses yeux bleu électrique et blanc, les mêmes que ceux qui la regardaient avec tant d’amour.

— C… Cyrié ? murmura-t-elle en reculant très doucement, angoissée.

    Son souffle devenait irrégulier. Elle avait vraiment peur. Le vampire entendait très bien le cœur de sa proie s’accélérer. Son sourire machiavélique revint assombrir le visage de l’immortel. Ultimécia était dans une impasse : elle ne pouvait pas sortir par la porte, Cyrié se trouvait juste à côté et lui bloquait le passage. Il n’était même pas envisageable de faire un geste brusque pour l’éviter ou le repousser, elle avait déjà observé les réactions que cela lui provoquerait : ces instincts le pousseraient à attaquer. Appeler de l’aide aurait le même effet, sans compter qu’elle mettrait son ou ses sauveteurs en danger. Quant à utiliser ses pouvoirs contre lui, ce serait loin d’être une idée judicieuse, elle ignorait la puissance réelle du vampire et si son estimation était mauvaise, elle ne ferait qu’aggraver la situation. La jeune femme réalisa alors qu’elle avait encore une autre issue. La fenêtre ! Il fallait qu’elle trouve un moyen de s’en approcher, de l’ouvrir et de s’y engouffrer sans que Cyrié ne s’en aperçoive… C’était peine perdue, comment pourrait-elle faire tout cela sans éveiller les soupçons du prédateur ? S’il réalisait qu’elle se hasardait à lui échapper, il ne lui laisserait aucune chance. Elle n’avait qu’une solution : l’éloigner suffisamment de la porte pour pouvoir rejoindre la salle principale de la taverne et, ainsi, avoir un peu d’aide. Mais, là non plus, la chose ne serait pas facile et extrêmement dangereuse, pour tout le monde.
    La jeune femme réfléchissait à toute vitesse, tout en reculant. Mais à chaque pas qu’elle faisait en arrière, Cyrié en faisait un en avant. Pour ne pas se retrouver dos au mur, elle avait discrètement bifurqué vers le lit. Plus le vampire avançait, plus il devenait menaçant, ouvrant et fermant la bouche – ses crocs lui faisaient mal, il avait besoin de mordre pour apaiser un peu la douleur – et, plus il devenait menaçant, plus Ultimécia paniquait, ne faisant qu’augmenter encore l’instinct de chasseur de son tortionnaire. La mortelle finit par buter contre le pied de son lit. Elle connaissait bien sa chambre et fixait encore le buveur de sang, elle ne sursauta donc pas. Très doucement, elle recula la main. Cyrié, lui, continuait d’avancer. A présent, il était très dangereusement près. Soudain, Ultimécia sentit le contact de ce qu’elle cherchait. Elle se saisit de sa veste, qu’elle avait posée au pied de son lit la veille, quand ils étaient revenus, et la jeta au visage du vampire. Elle avait enfin l’opportunité dont elle avait besoin. Elle courut alors vers la porte, mais, à l’instant où elle allait toucher la poignée, elle sentit une pression contre son bras, puis un choc violent. Elle se trouvait maintenant au sol, au milieu de la pièce. Elle leva rapidement les yeux, mais Cyrié, qui l’avait repoussée, n’était déjà plus à côté de la porte, mais avait déjà fondu sur elle, la souleva en la tenant à la gorge d’une main et à l’épaule de l’autre, et planta violemment ses crocs dans la gorge de la jeune femme. La douleur intense la poussa à essayer de se dégager, mais il resserra encore les mains, plantant alors profondément les griffes dans la chair de sa proie, et mordit encore, encore, et encore dans la carotide de la jeune femme, lui provoquant à chaque morsure une souffrance insupportable qui lui coupait le souffle. Elle n’arrivait même plus à bouger, à réfléchir ou même à respirer. Elle sentait son sang la quitter, le vampire en avaler des gorgées de plus en plus grandes… Et elle ne pouvait rien faire pour l’arrêter. Des larmes se mirent à couler sur ses joues.

    La porte de la taverne s’ouvrit et Santanas entra. Il sentit que quelque chose n’avait pas sa place dans cet endroit cette nuit-là. Tout en avançant vers le bar, il scruta minutieusement les clients qui se trouvaient à la taverne, mais ne remarqua rien de particulier. Millénias, qui avait remarqué l’expression perplexe de son frère, s’inquiéta :

— Qu’est-ce qu’il y a ?
— Je ne sais pas… Il y a quelque chose qui…

    A cet instant, le démon réalisa que ce qu’il avait perçu n’était autre que la présence de son ami vampire. Epouvanté par cette révélation, il s’assura de ne pas s’être trompé :

— Il est encore avec Ulti ?!
— Oui, pourquoi ? répondit simplement l’ange, sans comprendre ce qui effrayait autant son jumeau qui, d’ordinaire, lui faisait tellement confiance.
— Oh non ! souffla Santanas en courant vers la chambre de sa sœur.

    Le chemin qui la séparait du bar ne lui avait jamais paru aussi long. Il imaginait déjà les horreurs que le vampire avait pu faire subir à la pauvre Ultimécia.
    Lorsqu’il ouvrit la porte, il vit immédiatement sa sœur entre les griffes de Cyrié, qui lui tournait le dos. Le buveur de sang ne réagit même pas, tellement celui qu’il buvait lui était agréable. Immédiatement, le démon fit apparaître une grande croix juste à côté de sa sœur, poussant ainsi le vampire à la lâcher et à s’éloigner. Soudain, la fenêtre et le volet, qui avait été fermé toute la journée, volèrent en éclats, tous les tissus alentours volant dans la même direction. Cyrié était parti, en bougeant trop vite pour qu’un œil mortel ne puisse le voir. Santanas se jeta alors à genoux auprès de sa sœur. Son teint livide était effrayant, on aurait dit celui d’une morte. De nombreuses traces de morsures et de griffures lui lacéraient la gorge, son artère était totalement déchiquetée, sur toute sa longueur. Le vampire lui avait pris beaucoup de sang, et le peu qui lui restait se répandait à présent sur le sol. L’insoutenable douleur de la jeune femme lui secouait tout le corps. Elle arrivait à peine à respirer, s’étouffant à moitié à chaque inspiration.

    La nuit suivante, Cyrié, qui avait totalement retrouvé ces esprits une fois la pleine lune passée, voulu voir sa bien-aimée, mais Santanas et Millénias lui refusèrent catégoriquement l’accès à sa chambre. Ils lui en voulaient tous les deux terriblement, même le démon qui, pourtant, connaissait les effets de la pleine lune sur les vampires. Il avait beau savoir qu’à ce moment-là, Cyrié n’était pas maître de lui-même, et qu’il aurait pu s’en prendre à n’importe qui, il n’arrivait pas à lui pardonner d’avoir faire subir de telles horreurs à sa sœur. Le vampire, lui, se souvenait d’absolument tout ce qu’il avait fait – ces nuits lui faisaient perdre la tête, mais il était totalement conscient de ce qu’il faisait –, s’en voulait terriblement, et s’inquiétait pour Ultimécia. Avait-elle pu être soignée ? Les deux jumeaux, n’ayant pas de patience au vu des circonstances, étaient sur le point de le mettre à la porte. Ils n’hésiteraient pas à déployer la quantité de pouvoirs incommensurable qu’ils possédaient pour y arriver. Cyrié n’était pas venu pour ça, il repartit donc au bout de quelques secondes à peine. Il parvint tout de même à entendre le cœur de sa dulcinée juste avant de partir. Ses frères avaient donc réussi à lui sauver la vie, ce qui le rassura un peu, mais il aurait préféré pouvoir lui parler, l’apaiser, la rassurer, et lui présenter ses excuses les plus sincères.
    Durant les semaines qui suivirent, le Fenryl d’Or resta fermé. Santanas et Millénias se consacraient totalement à leur sœur et à son rétablissement, et, tous les soirs, ils durent congédier Cyrié, qui revenait inlassablement pour s’excuser.
    Il fallut beaucoup de temps à Ultimécia pour se remettre suffisamment pour pouvoir se lever. Une nuit, elle se trouvait encore dans la salle principale de la taverne quand le vampire entra. Dès qu’elle le vit, elle se mit à paniquer, hurlant et se débattant pour s’éloigner de lui. Il repartit donc immédiatement. Elle était encore très mal en point avec sa gorge déchiquetée et son épaule tailladée, s’affoler de la sorte était loin d’être bon pour elle. Cyrié comprenait très bien la peur qu’il lui inspirait à présent, mais il était accablé de l’effrayer à ce point. Comment la rassurer s’il ne pouvait pas l’approcher ? Il décida alors de changer de méthode. A présent, il lui laissait de petits messages, mais elle n’en lu pas un seul elle-même. Ses frères les lisaient et les lui résumaient. Les grandes lignes étaient toujours assez similaires : le vampire exprimait ses remords et ses inquiétudes pour la santé de la jeune femme, tout en faisant comprendre qu’il était toujours aussi amoureux d’elle et que, si elle ne voulait plus le revoir, il ferait en sorte qu’elle n’entende plus parler de lui. Il était prêt à faire absolument tout ce qu’elle voudrait pour qu’elle lui pardonne ses actes, ou, du moins, pour qu’elle n’ait plus peur de lui. Ce qui le rassura un peu, c’est qu’à aucun moment on ne lui transmit son désir de l’oublier, mais cela voulait-il dire qu’au fond d’elle-même, elle éprouvait toujours les mêmes sentiments à son égard, ou avait-elle tout simplement trop peur de lui pour y réfléchir ou lui avouer qu’elle ne désirait plus avoir affaire à lui ?
    Le temps passa. Les blessures d’Ultimécia se remettaient lentement, mais les traces qu’elles avaient laissées étaient encore bien visibles, elle les gardait donc soigneusement cachées sous des bandages. Elle ne l’avait pas avoué à ses frères, mais elle avait gardé tous les messages de Cyrié. Pour l’instant, elle ne savait pas ce qu’elle allait en faire. De temps en temps, elle en lisait un, mais ne parvenait jamais jusqu’à la fin. A chaque fois que la jeune femme pensait à lui, elle revoyait son expression, sentait à nouveau cette force colossale qui lui déchirait l’épaule et lui broyait la gorge. Et cette douleur… Elle fondait systématiquement en larmes, ses sanglots réveillant les profondes tortures qu’avait subies son cou.
    Après de très longues semaines, la jeune femme prit une décision qui étonna et inquiéta énormément ses frères : elle voulut réessayer de se retrouver dans la même pièce que Cyrié. Peut-être qu’en le revoyant, ses yeux pleins de tendresse l’apaiseraient ? Elle voulait y croire, mais avait beaucoup de mal à s’en convaincre elle-même. Santanas transmit cette intention au vampire, en le prévenant toutefois que lui et son semblable angélique resteraient avec eux et que, si les choses venaient à prendre une tournure qu’ils n’appréciaient pas, il serait congédié. Le vampire n’y vit aucune objection, après tout, il était seul responsable de tout ce qui était arrivé, et il était normal que ses frères s’inquiètent pour Ultimécia, cela avait même un côté rassurant.
    Cyrié se présenta donc une nouvelle fois au Fenryl d’Or. La jeune femme était assise à l’une des tables les plus éloignées de l’entrée, entourée par Santanas et Millénias. Lorsque le vampire entra, les deux jeunes hommes retrouvèrent leur mine courroucée et Ultimécia sentit la terreur l’envahir à nouveau. Elle lutta pour ne pas la laisser prendre le dessus. Ses frères sentirent sa frayeur et s’approchèrent d’elle. Cyrié, quant à lui, jugea préférable de rester à distance jusqu’à ce qu’elle lui fasse signe d’approcher. Il voulu parler, mais avait peur que le son de sa voix n’effraie sa dulcinée. Il était rongé par le remord et la culpabilité, ce qui n’échappa à personne, mais il était aussi soulagé de constater que sa bien-aimée se remettait bien de leur dernière nuit ensemble. Personne ne prononça un mot. Jusqu’au moment où Ultimécia se leva et retourna précipitamment dans la partie privée de la taverne. Elle avait essayé de rester le plus longtemps possible, mais elle était déjà arrivée à sa limite. Millénias lança un regard froid au vampire et rejoignit sa sœur. Santanas s’apprêta à faire de même, mais s’interrompit. En voyant la réaction de la jeune femme, Cyrié avait soupiré et baissé la tête. Il était anéanti par la panique qu’il faisait ressentir à l’élue de son cœur.

— Attends là, l’enjoint le démon, toujours aussi colérique.

    Le vampire s’exécuta et attendit, seul dans la grande pièce, en se reprochant encore et encore les atrocités qu’il avait commises. Il n’aurait eu aucun mal à entendre les paroles que les Triplés échangeaient, mais il s’en abstint. C’eût été un manque de respect. Soudain, la porte du couloir privé s’ouvrit à nouveau et Santanas en sortit. Il prit quelque chose derrière le bar et le lança à Cyrié. Une clé.

— Quand Ulti se sentira prête, elle viendra te voir, mais en attendant, reste dans le coin.

    Cette remarque surprit énormément le vampire, mais le ravit également. Il esquissa un léger sourire reconnaissant.

— Merci, chuchota-t-il, soulagé de pouvoir enfin rester à proximité.

    Les soirs qui suivirent, dès la tombée de la nuit, Cyrié rejoignait les Triplés au bar, mais il était toujours accueillit de la même façon : Ultimécia avait peur et ses frères s’énervaient. Mais la jeune femme ne lui demanda pas pour autant d’arrêter de venir. Elle voulait que les choses s’arrangent, elle refusait de continuer à avoir constamment peur. Mais elle fut forcée de constater que, malgré le temps qui passait et les visites quotidienne de son compagnon, sa frayeur ne s’évanouissait pas. Elle était triste d’avoir été attaquée par ce vampire en particulier, mais aussi de ne pas réussir à lui faire à nouveau confiance.
    Après quelques semaines, rien n’avait changé. Les blessures de la jeune femme avaient commencé à bien cicatriser, et ne laisseraient certainement pas de traces, mais les sentiments qu’elle ressentait quand elle voyait le vampire, eux, refusaient de s’apaiser. Etaient-ils déjà arrivés à leur limite ? Et s’ils restaient tels qu’ils étaient à présent, qu’allait-il se passer ? Elle ne pourrait plus supporter de rester dans la même pièce que Cyrié, ni même de le voir. Pourtant, elle refusait de croire qu’elle ne ressentait plus la moindre petite once d’amour pour lui. C’était impossible… Ses sentiments avaient été tellement forts qu’ils ne pouvaient pas avoir totalement disparus ! Mais dès que la jeune femme s’égarait dans ce genre de réflexions, les images et les sensations de cette fameuse nuit de pleine lune lui revenaient en mémoire, la replongeant alors dans la terreur de ce moment fatidique. Elle ne pouvait absolument rien faire pour les chasser de son esprit.
    Un soir, alors qu’aucun client ne se trouvait encore à la taverne, Cyrié descendit lentement de l’étage où se trouvaient les chambres. Mais il ne semblait pas dans son état normal. Il était encore plus pâle qu’à l’ordinaire, avait les yeux mi-clos, la bouche entrouverte, et se soutenait aux parois de la cage d’escalier. Dès qu’elle le vit, Ultimécia ne put s’empêcher de se blottir, apeurée, contre Millénias, qui, comme à son habitude, jeta un regard assassin au vampire. L’immortel fut une fois de plus anéanti par la réaction de sa bien-aimée. Il soupira en fermant les yeux, ce qui lui fit perdre un peu plus l’équilibre. Il se rattrapa contre le mur le plus proche. Santanas lui en voulait encore du mal qu’il avait fait à sa sœur, mais il ne pouvait faire comme s’il n’avait pas remarqué le triste état de son ami.

— Qu’est-ce qu’il t’arrive ? s’inquiéta le démon.
— Je n’en sais rien… Je ne me sens vraiment pas bien depuis que je me suis réveillé, marmonna le vampire.
— Tu devrais t’asseoir.

    Cyrié ne pouvait que partager l’avis du fantôme. Il se dirigea vers une chaise, mais il n’eut le temps de faire que deux pas avant de s’effondrer, inconscient. Les Triplés furent extrêmement surpris et choqués par ce malaise. Ils ne l’avaient jamais vu dans un état aussi déplorable. Santanas se précipita auprès de lui et l’examina brièvement.

— C’est bon, ne t’inquiète pas comme ça. Il joue la comédie, le sermonna Millénias.
— Arrête, c’est du sérieux là ! Il n’a plus de pouls.
— Et ce n’est pas normal pour un vampire ? s’interrogea l’ange.
— Non, ce n’est pas normal ! Mais je ne comprends pas… Normalement, un vampire, ça ne meurt pas comme ça… Sans raison !

    Avant que le revenant n’ait eu le temps d’ajouter un mot, le corps de Cyrié s’enveloppa d’une douce lumière blanche, faisant sursauter Santanas. Après quelques instants, le halo se détacha du vampire et forma une petite sphère, qui resta là, à flotter dans les airs. Le revenant était de plus en plus angoissé.

— Oh non… soupira-t-il faiblement. Ce n’est pas possible…
— Qu’est-ce que c’est ?

    La colère de l’ange commençait à céder la place à l’inquiétude. Son jumeau n’arrivait pas à croire ce qu’il voyait. Il connaissait bien ces sphères lumineuses : il en avait rencontré un très grand nombre dans l’au-delà.

— Son âme…

    Cette révélation ébranla son frère et sa sœur. Ils n’en revenaient pas : Cyrié était… mort ?!

— Mais c’est bizarre, reprit Santanas, normalement, son âme aurait du allée directement dans l’au-delà, elle ne devrait pas être là…

    Très délicatement, il approcha la main de la lueur, mais au moment où il allait la toucher, elle s’éloigna à vive allure et se dirigea vers Ultimécia. Lorsque la lumière arriva à proximité de la jeune femme, elle ralentit et se mit à bouger doucement. Elle ne dégageait aucune agressivité. La sphère se mit à tracer de petits cercles le long du bras de la mortelle. Sans même s’en rendre compte, elle le leva, lentement. L’âme de Cyrié continua de lui tourner autour. Ultimécia oublia totalement la crainte que le vampire lui inspirait quelques instants plus tôt. Il n’y avait aucune animosité, aucun danger qui émanait de cette âme, au contraire, elle semblait bienveillante. Quand elle arriva au bout de sa main, la sphère de lumière s’arrêta et resta là, à planer doucement. Les doigts de la jeune femme l’effleurèrent et elle fut envahit par les sentiments de cet esprit. Elle se sentit apaisée, rassurée, protégée, aimée. A cet instant, elle se rappela de tout ce qu’elle avait pu ressentir pour Cyrié. Son amour retrouvé était bien plus fort que la peur qui l’avait torturée depuis de nombreuses semaines, elle le réalisait à présent. Mais n’était-il pas trop tard pour s’en rendre compte ? Il était étendu sur le sol, inanimé, et son âme l’avait quitté et se promenait à présent devant elle.
    Brusquement, la sphère de lumière s’éloigna en volant à une allure incroyable. Ultimécia réalisa qu’elle ne devait surtout pas laisser l’âme de son bien-aimé s’échapper, sinon il serait condam-né à errer pour l’éternité parmi les vivants. Elle refusa cette idée et, sans réfléchir, s’élança à sa poursuite. Elle plana le plus vite possible au-dessus de la ville, sans quitter l’âme de Cyrié des yeux. Dès qu’elle se rapprochait de la sphère de lumière, celle-ci accélérait encore. Les habitations et les plaines défilèrent à toute vitesse en-dessous d’elles. Il devenait difficile de suivre cette cadence effrénée, mais Ultimécia refusait d’abandonner le vampire... Son vampire. Dans son fort intérieur, et même s’il n’y avait aucune logique à cela, elle était persuadée que si elle rattrapait son âme, Cyrié lui reviendrait et que tout s’arrangerait, qu’elle ne serait plus terrorisée à la simple idée d’être dans la même pièce que lui. La jeune femme ne savait pas du tout jusqu’où elle devrait suivre la sphère, mais elle ne se posa même pas de question. Tout ce qui comptait, c’était qu’elle réussisse à la récupérer.     Elle poursuivit l’âme de son bien-aimé pendant des heures, si bien qu’elle sentit que la puissance de ses pouvoirs commençait à diminuer légèrement, ce qui ne présageait rien de bon. Si elle devait continuer à ce rythme, elle finirait par perdre Cyrié... Non ! Impossible ! Elle refusait de l’abandonner sous prétexte qu’elle n’avait pas suffisamment de puissance magique ! C’est alors qu’elle se souvint du collier qu’il lui avait offert. Il lui avait expliqué que son pendentif renforcerait ses pouvoirs, au même titre que les chevalières qu’il avait données à ses frères. Avant que le vampire ne l’attaque, cette fameuse nuit de pleine lune, elle portait le bijou tous les jours et ne le retirait que très rarement, mais depuis qu’il l’avait agressée, elle n’avait pas osé le remettre. Le collier lui faisait penser à Cyrié, ce qui, quand elle avait encore peur de lui, la faisait paniquer, mais maintenant qu’elle risquait de le perdre, songer à lui lui procura un regain d’énergie indispensable. Ultimécia fit apparaître le bijou et le passa autour de son cou. Elle sentit immédiatement qu’il lui était beaucoup moins fatigant de planer. Elle accéléra à nouveau et faillit toucher l’âme échappée, mais la manqua à nouveau. Leur course-poursuite reprit de plus belle. Toujours plus rapide, toujours plus intense. Ultimécia aurait pu essayer de recourir à ses pouvoirs pour se saisir de la sphère de lumière, mais elle avait peur de lui faire du mal. En effet, utiliser la magie envers une âme, surtout dans son état le plus pur, risquait de lui être très néfaste.
    De nouvelles heures s’écoulèrent. La jeune femme avait dépassé la dernière ville depuis un long moment et était maintenant perdue dans un désert, face à un gigantesque massif rocheux. L’âme de Cyrié piqua soudain vers le sol et s’engouffra dans un interstice, au milieu des pierres. Ultimécia n’hésita pas une seconde et plongea derrière elle. L’espace dont disposait la jeune femme était on ne pouvait plus restreint. A présent, il lui était impossible de faire demi-tour, ce qui aurait pu l’effrayer, mais elle était très loin de ce genre de préoccupations. Il fallait empêcher l’âme de Cyrié de se perdre à jamais. Elle avançait très lentement et finit par perdre la lumière des yeux. Après de gros efforts, Ultimécia sentit enfin que les parois de pierres s’écartaient et elle se retrouva dans une immense grotte, tout en hauteur. De petites pierres brillantes étaient incrustées le long des murs, ce qui permettait de juger pleinement des dimensions de l’édifice. Etrange… Vu de l’extérieur, le massif ne semblait pas aussi haut… Ou était-ce une illusion d’optique ? Après tout, elle ne l’avait vu que de nuit…
    Alors qu’elle observait l’endroit où elle se trouvait, Ultimécia retrouva la sphère de lumière qu’elle avait suivit pendant si longtemps. Elle l’attendait patiemment au pied de ce qui semblait être un escalier, taillé à même la roche. La jeune femme s’en approcha, lentement, sans faire de geste brusque. Il ne lui restait plus qu’un petit mètre à faire pour réussir à rattraper l’âme de son compagnon, mais, alors que la mortelle avait levé la main pour s’en emparer, la lumière se précipita dans l’escalier. Ultimécia la poursuivit, mais fut ralentie dans sa course par des marches instables. D’autres étaient tout simplement inexistantes, ce qui obligeait la jeune femme à sauter au-dessus de trous béants. Pour une raison qui lui restait inexpliquée, elle ne parvenait plus à utiliser ses pouvoirs, elle ne pouvait donc pas faciliter son ascension ou amortir un éventuel déséquilibre. A la hauteur où elle se trouvait, une chute risquait fort de lui être fatale, mais il lui en fallait plus pour abandonner son objectif : sauver l’âme de Cyrié. Soit. Si un escalier instable ne suffisait pas à l’arrêter, d’autres pièges y parviendraient peut-être. Plus elle montait, plus son parcours devenait difficile et semé d’embuches : des pierres lui barraient la route, elle fut donc obligée de les escalader, des morceaux de roche jaillirent des murs juste avant son passage et manquèrent de la faire tomber, les petits cristaux lumineux étaient très peu nombreux, voire absents par endroit, ce qui l’empêchait de voir où elle mettait les pieds, mêmes des phénomènes magiques tentèrent de lui faire obstacle. Mais qui avait bien pu installer tous ces pièges dans un endroit pareil ? Et pourquoi ? Quelqu’un voulait-il vraiment la faire tomber ou renoncer ? Et comment cette personne aurait-elle su que l’âme de Cyrié se rendrait dans cet endroit précis ? Etait-ce un traquenard destiné à anéantir purement et simplement Ultimécia ? Elle avait déjà parcouru tellement de chemin et affronté tellement d’embûches… Elle ne pouvait pas abandonner, pas maintenant. Ces escaliers semblaient sans fin. Les obstacles qui s’y trouvaient, de plus en plus nombreux et difficiles à surpasser, ne faisaient qu’accentuer encore cette sensation.
    Ultimécia redoubla d’efforts et parvint enfin au sommet de cette gigantesque grotte. Le sol sous ses pieds était enfin plat et formait un arc de cercle légèrement irrégulier. Elle s’arrêta un instant pour reprendre son souffle. Elle avait enfin réussi à rejoindre l’âme de Cyrié, qui flottait dans les airs, à l’extrémité de la plate-forme. La jeune femme avança doucement dans sa direction, en faisant très attention. A juste titre : le palier sur lequel elle se trouvait s’arrêtait net, au-dessus du vide. Si elle allait trop loin, elle ferait une chute incroyable au milieu de cet escalier qu’elle avait eu tant de mal à monter. Sans compter que rien ne lui assurait qu’il n’y avait plus de pièges qui la pousseraient au bas de la grotte. Ultimécia avança prudemment, un pas hésitant après l’autre, la main tendue vers la petite sphère de lumière. Elle faillit la frôler, mais l’âme s’échappa à nouveau, passant juste à côté de la jeune femme. Mais cette fois, elle ne s’enfuit pas très loin et s’arrêta au milieu de la plate-forme. Ce n’est qu’à ce moment que la mortelle réalisa qu’elle se trouvait face à un gigantesque cristal, incrusté dans la roche. Soudain, il se teinta de bleu azur, ses reflets révèlant la pureté exceptionnelle du minéral, et s’illumina d’une lumière douce et blanche. Une voix retentit. Grave et puissante, mais bienveillante. L’immensité de la grotte la faisait résonner, conférant encore plus d’importance et de respect aux paroles qu’elle prononça :

Bienvenue Ultimécia.
— Mo… Monarque ?!

    Elle avait beaucoup de mal à réaliser qu’elle se trouvait vraiment là, devant lui. Le Monarque… Cette entité qui connaissait tout du passé, du présent et de l’avenir, que ce soit en Enfer, aux Cieux ou dans le monde des humains. Et ce n’était pas un hasard : c’était lui qui avait planifié et mis en œuvre tous ce qui pouvait s’y dérouler. C’était également lui qui faisait vivre ou mourir tout ce qui existait. De sa seule volonté, il pouvait décider de mettre fin à la vie d’une personne, quelque soit son rang, sa puissance ou l’endroit où elle pouvait se cacher, sans avoir à donner d’explication, à qui que ce soit. Il régnait en maître absolu sur les trois mondes, mais très rares étaient les personnes qui l’avaient rencontré. A présent, Ultimécia comprenait pourquoi : non seulement, elle ne savait absolument pas où elle se trouvait, mais en plus, il lui avait été infiniment difficile de parvenir jusqu’à cette plate-forme. Et ce n’était pas un hasard. Cette entité omnisciente savait tout, connaissait absolument toutes les réponses. S’il avait été facile de la rejoindre, les allers et venus des curieux et impatients ne lui permettraient jamais de connaître la paix, ce qui l’empêcherait d’accomplir convenablement sa tâche de maître de tous les destins.

Ainsi, tu l’as suivi jusqu’ici ?
— O… Oui, répondit Ultimécia, très intimidée.
Et pourquoi avoir fait cela ? Il aurait été tellement facile de rebrousser chemin.
— Parce que… Parce que j’étais sûre que, sinon, je l’aurais perdu.
Quelle importance ? Après tout, tu ne supportais plus qu’il soit à proximité.
— Mais, j… Je l’aime !

    S’entendre prononcer ces mots provoqua un choc à Ultimécia. Cela faisait longtemps qu’elle avait oublié à quel point elle pouvait aimer Cyrié, qu’elle ne l’avait pas exprimé. A cet instant, toute l’intensité de son amour lui revint à l’esprit et l’envahit totalement, surpassant de loin la terreur qu’elle ressentait depuis des semaines. A présent, elle se rendait vraiment compte de ce qu’elle perdait. Les larmes lui montèrent aux yeux. Le Monarque lui laissa tout le temps dont elle avait besoin pour réaliser la force de ses sentiments, puis reprit :

Et si tu te retrouvais à nouveau face à lui, ferais-tu comme si de rien n’était ?
— … Non, avoua à contrecœur la jeune femme après une longue réflexion. On ne pourra jamais faire comme s’il ne s’était rien passé, mais… Mais je suis sûre que… Que maintenant qu’on a déjà vécu ça, on fera encore plus attention… Pour éviter que ça ne recommence !
… C’était la réponse que j’attendais. Tu as triomphé de tous les obstacles que j’ai dressés sur ton chemin, et tu n’es pas tombée dans mon dernier piège ; comprends-tu ce qui t’a permis d’y arriver ?
— Oui…
Dis-le.
— C’est parce que… je tiens à lui, répondit Ultimécia d’une voix chevrotante.

— S’il-vous-plait, ramenez-le, le supplia-t-elle.

    La voix imposante sembla rire doucement, puis, la petite sphère de lumière que la jeune femme avait eu tant de mal à suivre jusqu’ici, s’étira pour former une silhouette, allongée sur le sol. Des contours, plus précis, se dessinèrent, et la lumière sembla devenir plus consistante, jusqu’à s’effacer totalement, cédant la place au corps de Cyrié, toujours inconscient. Ultimécia s’en approcha avec précautions. Elle avait peur qu’il ne s’évapore et disparaisse à nouveau si elle le touchait. Elle s’agenouilla à côté de lui, le prit dans les bras, et le serra contre son cœur. Des larmes coulèrent le long de ses joues.

Si cela peut te rassurer, sache que lorsque je fais venir une âme à moi, le cœur de son propriétaire ne s’arrête pas réellement, il n’était donc pas vraiment mort.

    La jeune femme fut soulagée de cette confidence. Un petit gémissement se fit entendre et elle sentit le corps qu’elle tenait s’agiter légèrement. Elle baissa les yeux. Cyrié se réveilla, non sans peines. Il semblait avoir beaucoup de mal à reprendre ses esprits. Soudain, il réalisa qu’il se trouvait dans les bras de quelqu’un et la regarda.

— Ulti ?...

    Elle acquiesça, les yeux toujours remplis de larmes, mais le sourire aux lèvres. Le vampire amorça un geste pour s’éloigner d’elle, pour ne pas l’effrayer, mais s’aperçut qu’elle n’était pas aussi paniquée que ces derniers temps.

— Tu… Tu n’as plus peur de moi.

    La jeune femme lui répondit à nouveau d’un signe de tête. Elle était tellement soulagée qu’il ne soit pas mort, qu’elle ne pensait plus du tout à ce qu’il s’était passé cette fameuse nuit de pleine lune. Cyrié en était ravi, mais il ne comprenait pas : d’après ses souvenirs, la dernière fois qu’il était entré dans la pièce où elle se trouvait, sa simple vue l’avait terrorisée.

— J’ai raté quelque chose là ?
— Regarde où on est.

    Tout d’abord perplexe, le vampire s’aperçut que les bruits, les odeurs et les sensations qui l’entouraient n’étaient pas ceux du Fenryl d’Or. Il observa donc l’environnement dans lequel il se trouvait. A l’instant où il vit l’immense cristal illuminé, il se leva d’un bond. Il n’était pas encore tout à fait remis de son coma forcé, si bien qu’il eut un vertige qui lui fit perdre l’équilibre. Ultimécia le retint légèrement. Cyrié se fit violence afin de reprendre ses esprits et lui demanda, abasourdi :

— Le Monarque ?!
Bonsoir Cyrié, retentit la voix grave, avant que la jeune femme ne puisse répondre.
— Mais… Comment on est arrivé ici ?

    Cyrié qui, en général et grâce à son savoir de Leader, connaissait toutes les réponses, n’appréciait pas de se retrouver dans une telle ignorance.

C’est moi qui t’ai fait venir. J’avais besoin de mettre les sentiments d’Ultimécia à l’épreuve. Si elle avait échoué, tu serais mort à l’heure qu’il est.

    Sous le choc, mais infiniment reconnaissant, Cyrié jeta un regard à sa dulcinée : était-ce vrai ? Avait-il réellement été sur le point de mourir, sans même le savoir ?! Et c’était elle qui l’avait sauvé… Le vampire avait beau savoir que Le Monarque ne mentait jamais, il ne parvenait pas à se faire à l’idée qu’il avait bien failli ne pas passer la nuit, et qu’il ne devait son salut qu’à Ultimécia… Mais cette réflexion insinua une nouvelle incompréhension dans son esprit :

— Pourquoi avoir fait tout ça pour nous ? Il y a beaucoup de couples qui ont des problèmes, mais vous n’intervenez pas pour autant. Alors… Pourquoi nous ?

    Ultimécia se posait exactement la même question, mais elle aurait préféré que son compagnon s’abstienne de la poser, de peur que le Monarque ne revienne sur sa décision et ne décide de tuer Cyrié.

Parce que j’ai certains projets pour vous deux, mais pour pouvoir les mettre en œuvre, j’ai besoin que vous soyez ensemble.

    Cette réponse soulagea le couple. Le Monarque n’avait donc pas l’intention de les séparer… Du moins, pas tout de suite.

A présent, profitez bien de vos retrouvailles.
— Merci beaucoup… Pour tout, remercia le vampire, avec toute la gratitude qui était due à cette entité omnisciente et omnipotente.
— Merci, l’imita Ultimécia, dans un souffle.

    Le cristal redevint inerte. Il ne générait plus la moindre lueur. La voix grave ne retentit plus. A croire que Le Monarque était parti. Le couple resta un moment à le fixer, puis Cyrié, qui avait regagné toutes ses forces, posa les yeux sur sa bien-aimée. Leurs regards se croisèrent avec une intensité qu’ils n’avaient plus connue depuis que le vampire, guidé par ses instincts, s’en était pris à sa dulcinée. Il leva doucement la main pour lui caresser la joue, mais s’interrompit. Il s’était écoulé tellement de temps pendant lequel elle avait eu peur de lui, qu’il ne voulait pas la brusquer et risquer de la perdre, une nouvelle fois. Son expression se teinta de tristesse quand il repensa à ces moments à jamais gâché, par sa faute. Ultimécia, qui se doutait très bien des reproches qui torturaient son compagnon, se remémora tous les évènements de la nuit qui venait de s’écouler, puis plaça doucement sa main dans celle de Cyrié. Ce simple geste était si lourd de significations… Elle n'avait plus peur de lui, et ne refusait plus sa présence, ni son contact. Il sentit et entendit alors leur cœur s’emballer, encore plus intensément qu’au premier jour. Doucement, le vampire se pencha sur sa dulcinée, s’arrêta à quelques centimètres d’elle, et, ne décelant aucune crainte, aucun refus de sa part, l’embrassa tendrement. Ensuite, Cyrié appuya délicatement la tête contre celle d’Ultimécia et lui murmura à l’oreille :

— Je suis vraiment désolé.

    Sa voix était chargée de remords et de sincérité. Lui aussi avait failli perdre l’élue de son cœur, et il ne l’aurait pas supporté. La jeune femme, qui ne parvenait plus à prononcer un mot, se blottit contre lui et laissa échapper ses larmes : elle l’avait enfin retrouvé. Lui, sa voix si douce et chaleureuse à son oreille, ses bras protecteurs, son parfum tellement envoutant, ses yeux, toujours autant remplis d’amour.

* Note: Normalement, le nom "Désert des Dam-nés" ne contient pas de tiret, mais j'ai été obligée d'en mettre un à cause de la censure du forum :s

Dernière modification par ultimecia (2015-04-27 02:05:47)


Vous aimez les histoires fantastiques? Venez lire ceci ;) Bonne lecture ^^
On n'est pas là que pour payer!!!
Votre avis?

Sauvons PV

Hors ligne

 

#267 2013-03-17 13:11:08

yondalla
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Messages: 162

Re: Les Histoires des Ténèbres

Honnêtement, je pense que c'est la partie que je préfère !
J'adore cette idée de "Monarque tout puissant" mais rencontrable (je sais pas si c'est français !)
Et l'attaque de Cyrié... Brrr... Je vais pas lire ça avant de me coucher !
Tu écris toujours super bien (en même temps je vois pas pourquoi ça changerait ^^) et ton histoire commence à se mettre en route, ça change des habituels chasseurs de prime !
Bref, j'adore !!!! Et je me demande vraiment quels sont les projets du Monarque... A suivre ^^ !


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#268 2013-03-17 15:04:23

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Merci beaucoup Yondalla ^^

Ca fait plaisir de voir (enfin lire) que tu aimes toujours ^^

Oui, là, ça commence vraiment à se lancer ^^ Je sais que les chasseurs de primes étaient assez présents dans les chapitres précédents, mais, à chaque fois, ils me permettaient de donner certaines infos utiles pour la suite (et que ça reste cohérent avec les temps d'extermination de vampires, toujours en place, donc... Désolée, mais ils n'ont pas fini de se montrer ^^').

Pour le Monarque, je voulais aussi "montrer" que Cyrié avait beau être extrêmement fort, il y avait encore quelqu'un au-dessus de lui qui pouvait tout contrôler, mais... Je trouvais que ça perdait un peu de son intérêt si c'était une "personne" (ou "chose", au choix xD) qui agissait dans l'ombre, sans que les autres personnages ne puissent la rencontrer de temps en temps ^^
En ce qui concerne ses plans... Pour l'instant, j'ai beau avoir quelques chapitres d'avance dans mon fichier Word par rapport à ici, je suis encore loin de les aborder, donc... Il va falloir attendre un peu, mais pas de soucis, il va encore s'en passer des choses avant que ça n'arrive ici Catitiz_PDT_19

Comment ça, Cyrié fait peur quand il attaque les nuits de pleine lune *air angélique*?


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#269 2013-03-18 13:14:46

yondalla
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Cyrié ? Peur ? Meuh nan.... C'était juste pour dire que tu sais créer du suspense c'est tout !
Bien sur que je n'ai pas peur !
Hum...
Sinon, évidemment que les plans c'est encore pour dans longtemps, ce serait pas drole sinon !
Il faut bien qu'on poireaute un peu Catitiz_PDT_12  !
Et ne t'inquiète pas pour les chasseurs de primes... On les aime quand même ça rajoute de l'action Catitiz_PDT_29  !


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#270 2013-03-19 01:04:41

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Pas peur, ok, je note (en je t'envoie Cyrié à la prochaine pleine lune aussi *air angélique*)

Yondalla a écrit:

Il faut bien qu'on poireaute un peu Catitiz_PDT_12 !

Oh non, pas poireauter... Juste passer à autre chose le temps de vous les faire oublier Catitiz_PDT_27 ("poireauter", "attendre"... Ce sont de mots qui reviennent souvent sur ce forum dis donc)


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#271 2013-03-19 13:33:31

yondalla
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Re: Les Histoires des Ténèbres

ultimecia a écrit:

Pas peur, ok, je note (en je t'envoie Cyrié à la prochaine pleine lune aussi *air angélique*)

Euh... T'es sure Catitiz_PDT_46 ? C'est que je ne voudrais pas déranger son emploi du temps ! Il doit avoir des choses plus importantes à faire... Tu crois pas Catitiz_PDT_09 ?

Et sinon, tu sais c'était ironique ! C'est normal que tu ne poste pas un chapitre tous les soirs !
On se lasserait peut être en plus ! Tandis que là, c'est "Oh un nouveau chapitre d'Ulti !
Youhouhou !!! Dépêchons nous de lire ce petit trésor !" ^^ !
Et puis y a pas tant d'"attendre" que ça non ? C'est pas qu'on rale c'est juste qu'on veut savoir ce qui va se passer parce que c'est troooooooop biiieeeeeennnn !!!!!!!!!!!!!!

  Catitiz_PDT_31 Catitiz_PDT_31 Catitiz_PDT_31 Catitiz_PDT_31

Excuse moi je me suis un tout petit peu emballée !


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#272 2013-03-19 17:38:50

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Oh mais je t'en prie, emballe toi, emballe toi, c'est toujours agréable à lire Catitiz_PDT_12


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#273 2013-03-26 14:08:39

yondalla
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Re: Les Histoires des Ténèbres

J'imagine ! Et, à quand la suite ? (Hé hé la question qui tue Catitiz_PDT_29 )


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#274 2013-03-27 01:01:50

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

A quand la suite? heu... "votre correspondant est temporairement indisponible, veuillez renouveler votre appel" Catitiz_PDT_12

Non, plus sérieusement, ça risque de ne pas arriver avant un moment... J'ai mis un bon moment à terminer l'un de mes derniers chapitres (vous allez adorer, il fait 26 pages xD), et là, je risque de ne pas pouvoir avancer pendant quelques temps... Je ne voudrais pas me retrouver pendant un loooooong moment sans suite à vous donner parce que vous m'aurez rattrapé ici, donc... Il va falloir attendre un peu, désoléé ^^'


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#275 2013-03-29 19:13:01

yondalla
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Re: Les Histoires des Ténèbres

T'inquiète, je comprends TRÈS bien ^^ !
Et puis, comme on attend (ce qui est normal) on se jette sur la suite et on en profite encore plus !
Donc c'est tout bénéf !


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