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#376 2014-02-26 01:00:51

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Hey! Coucou Vanouloup ^^

Merci beaucoup à toi aussi :D

Oh mais il est gentil le comte, pourquoi tout le monde s'attend à ce qu'il tende un piège à Cyrié xD?


Vous aimez les histoires fantastiques? Venez lire ceci ;) Bonne lecture ^^
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#377 2014-03-15 16:55:24

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Oulà, je me suis bien faite avoir par le temps, c'est passé beaucoup plus vite que ce que j'avais cru xX

Donc voici la suite, avec un peu de retard


Noblesse (suite)

2 – Une soirée extraordinaire


    Quelques semaines plus tard, Cyrié se présenta à nouveau chez le comte. En effet, il avait appris que ce dernier désirait s'entretenir avec lui. Pour l'occasion, le vampire fit à nouveau un petit effort vestimentaire et avait à nouveau revêtu la chemise en soie bordeaux et le gilet de satin noir, finement brodé, qu'il avait porté lors de sa première rencontre avec Castel et Althéa. Le majordome lui ouvrit et le conduisit dans un petit salon privé. La pièce était sensiblement plus petite que le bureau du comte, mais on y retrouvait la même moquette rouge foncée. Là aussi, la pièce donnait sur l'extérieur grâce à une grande fenêtre, décorée de fers forgés. D'un côté trônait, encore une fois, une cheminée en marbre blanc, parcourue de dorures, fines et délicates. De l'autre se trouvait un meuble, contenant visiblement de nombreux alcools, ainsi que des verres, adaptés à chaque type de boisson, mais toujours choisis avec autant de goût. Au centre de la pièce, trois fauteuils se faisaient face. Tous étaient en cuir noir, aux coussins manifestement très confortables et aux armatures en bois clair, laissant apparaître les veines et les nœuds du matériau, percées de décorations en or. Deux d'entre eux accueillaient d'ores et déjà le comte et son épouse. A l'entrée de leur visiteur, ils se levèrent pour le saluer. La comtesse semblait avoir à peu près le même âge que son mari. Elle était très élégante avec sa robe au buste cintré et sa jupe évasée ivoire brodés de bleu. Toujours aussi distingué, Cyrié la gratifia d'un baise-main raffiné ‒ quoi qu'au contact glacial. L'aristocrate fut très touchée par tant de délicatesse à son égard. Elle appréciait énormément le vampire et était systématiquement enchantée d'être en sa compagnie. Il en avait une pleine conscience et prenait plaisir à la ravir à chacune de ses visites.

— Tu es ravissant dans cette tenue, le flatta la mortelle.
— Merci. Lors de ma dernière visite, j'ai cru comprendre que vous apprécieriez cette petite attention.

    Le trio, complice, s'amusa de cette remarque, avant de prendre place dans les fauteuils. Le majordome proposa une boisson au visiteur, qui refusa poliment.

— Je suis content de vous voir à nouveau en parfaite santé, remarqua Cyrié à l'attention de la comtesse.
— Merci. J'ai été très déçue de t'avoir raté la dernière fois...
— Je me doutais un peu que vous le seriez, mais il n'aurait pas été raisonnable que je vienne vous voir.
— Effectivement... Mon époux m'a fait savoir que tu avais deviné mon état ? C'est très impressionnant.
— Pour être exact, je l'ai entendu, pas deviné.
— Entendu ? Comment peux-tu entendre la maladie ? s'interrogea le couple, piqué par la curiosité.
— C'est beaucoup plus simple que ça en a l'air : la maladie influe sur le rythme cardiaque et la tension sanguine. Pour un vampire, il est très facile de les entendre et les décoder, même à distance.
— Cela semble logique, en effet...

    Les nobles prirent quelques instants de réflexion sur ce que l'immortel venait de leur enseigner, puis le comte reprit la parole :

— Je t'avoue que si nous t'avons demandé de venir, ce n'était pas sans arrière pensée.

    A ses mots, il ajouta un geste à destination de son majordome qui approcha de Cyrié. Arrivé à sa hauteur, il s'inclina, une main dans le dos, l'autre tenant un plateau en argent sur lequel se trouvait un petit papier, visiblement de grande qualité, soigneusement plié. Le vampire s'en saisit et l'ouvrit, tout en écoutant son hôte qui reprit.

— En effet, nous organisons une réception, et ce serait un véritable privilège de te compter parmi nos invités.
— Pour tout vous dire, je me doutais un peu que c'était pour cette raison. J'ai appris que les Triplés avaient aussi été conviés.
— Evidemment...
— D'ailleurs, ils ont été très touchés que vous ayez pensé à eux.
— Rien de plus normal. Ce sont des personnes charmantes et très intéressantes.
— Je ne peux qu'être d'accord avec vous, avoua le vampire.

    Ses hôtes s'amusèrent de sa remarque. Le comte avait eu l'occasion de constaté que la relation que le buveur de sang entretenait avec Ultimécia n'était pas qu'une rumeur, il était donc difficile de l'imaginer assurer que les Triplés n'étaient pas agréablement fréquentables.

— Nous voudrions également te faire savoir que tous les convives ont été soigneusement choisis. Ils sont tous très ouverts d'esprit, de façon à ce que, si l'opportunité se présente, cette réception puisse être transformée en réunion d'information.
— Merci beaucoup, vous n'étiez pas obligés de prendre cette peine.
— Nous sommes très admiratif du combat que vous menez, toi et les tiens, pour faire évoluer les mentalités et faire taire les préjugés qui courent à votre sujet. Nous souhaiterions y contribuer, et cette idée nous paraissait être celle qui vous profiterait au mieux.
— En effet, nous avons toujours besoin de soutien, mais j'avoue que je ne m'attendais pas à en recevoir autant. Merci infiniment pour votre aide.
— C'est avec grand plaisir.
— Aurons-nous le plaisir de te compter parmi nous ?
— Oui, j'ai déjà pris mes dispositions pour pouvoir venir, donc... Sauf accident, je serai là.
— Tu nous en vois ravis.
— Dans ce cas, nous avons encore quelque chose pour toi, affirma le comte, en adressant un petit signe à son majordome.
— Encore ? Décidément, vous me réservez beaucoup de surprises ces derniers temps, plaisanta Cyrié.
— Effectivement !

    Le domestique présenta une boîte en carton au vampire, longue et relativement fine, puis l'ouvrit pour lui en exposer le contenu. A l'intérieur reposait une veste très soigneusement pliée. Elle était faite d'un tissu d'excellente qualité, au col satiné. De fines broderies ornementaient le vêtement, soulignant la silhouette et la musculature de celui qui le porterait. Le vampire effleura le costume du bout des doigts.

— Magnifique...
— Nous avions offert ce costume à notre fils, mais... Il nous a quitté avant d'avoir l'occasion de le porter, expliqua la comtesse, très émue.
— Oh... compatit le vampire en écartant un peu la main du vêtement. Vous devriez le garder dans ce cas, en souvenir de lui.

    Le fils unique des aristocrates était décédé durant l'année, foudroyé par une grave affection, trop soudaine pour être traitée. Son départ si rapide et inattendu avait très sévèrement affecté ses parents, en particulier sa mère. Cette dernière hocha légèrement la tête de droite à gauche en signe d'objection à la suggestion du vampire. Ses yeux étaient emplis de larmes. Elle sentait qu'elle ne parviendrait pas à prononcer un mot sans fondre en sanglots. Son mari prit sa main dans la sienne pour la soutenir. Ils échangèrent un regard, puis il compléta la réponse de son épouse :

— Nous savons qu'il t'aurait beaucoup apprécié, il aurait été honoré de te l'offrir... Nous tenons à ce qu'il te revienne.

    Face à ces arguments, Cyrié ne pouvait décemment pas refuser un tel cadeau. Il savait à quel point ce geste, qui pouvait paraître tellement anodin, était lourd de signification pour le couple ; l'importance qu'ils accordaient à ce vêtement. L'immortel posa à nouveau les yeux sur le présent, tout en prenant la mesure de la valeur que ses hôtes y attachaient.

— Je vous promets que j'en prendrai très grand soin.
— Merci.

    Les nobles étaient tous les deux sur le point de fondre en larmes. Ce costume représentait une part de leur enfant disparu, le transmettre au buveur de sang démontrait à quel point ils pouvaient également tenir à lui.

    La semaine suivante, le grand soir arriva. Tout le manoir et ses environs avaient été soigneusement décorés, ce qui rendait les lieux encore plus raffinés qu'à l'ordinaire. A l'intérieur, les invités avaient commencé à arriver dans la grande salle de réception. La pièce faisait toute la largeur du bâtiment, si bien que trois des murs n'étaient composés que de verrières, donnant sur les jardins somptueux, encadrées par d'épais rideaux ivoire, soutenus par des attaches ocres. De flamboyants lustres dorés descendaient du plafond à intervalle régulier. Leur éclairage, finement réglé, se reflétait sur le parquet lustré, ce qui conférait une ambiance légèrement tamisée aux lieux. Dans l'un des angles, un petit ensemble philharmonique au répertoire très large, enveloppait les convives d'une douce musique. Les domestiques circulaient discrètement entre les invités pour mettre à leur disposition mets et boissons savamment préparés et très joliment mis en valeur dans des présentations aussi originales qu'alléchantes.
    Trois jeunes gens firent leur entrée dans la pièce. Au centre du trio, femme aux yeux vairons, l'un or, l'autre violet, étaient entourée par ses frères, absolument identiques l'un à l'autre, que seule la couleur des yeux et des cheveux différenciait. Les Triplés étaient là.
    Lorsqu'ils avaient quitté leur chambre respective, au Fenryl d'Or, un peu plus tôt, Santanas et Millénias avaient eu l'étrange surprise de constater qu'ils avaient revêtu exactement le même costume, soigné et distingué, noir pour le démon, blanc pour l'ange, couvrant une chemise en soie noire pour l'un, bleu pour le second. Leur sœur, quant à elle, représentait un mélange subtil et délicat de ces deux opposés. Elle portait une splendide robe bustier, dont la jupe évasée couvrait jusqu'à ses pieds. Des motifs noirs et blancs s'entremêlaient tout le long du vêtement, très étroitement sur le haut, puis de plus en plus largement, à mesure qu'ils glissaient vers le bas. Le tissu du buste comme de la jupe semblait se rassembler sur l'une des hanches de celle qui le portait, formant des plis très sophistiqués, mais d'une élégance à couper le souffle. Pour agrémenter le drapé ainsi formé sur le corsage, de subtiles broderies noires et blanches, par endroit joliment scintillantes, rappelaient les dessins entrelacés du reste de sa tenue. Un fin ruban de satin noir nouait le dos de son bustier. Elle avait rassemblé ses cheveux mi-longs en une coiffure tout aussi raffinée que son vêtement, agrémentée de quelques plumes assorties aux couleurs qu'elle portait. Un fin collier argent, tout en courbes et volutes, orné de petites pierres ainsi que de petites plumes, toujours dans les mêmes teintes, parait sa gorge dégagée.
    Habillés de la sorte, les Triplés se mêlaient aisément aux autres convives, qui avaient tous revêtus des tenues tout aussi sophistiquées et raffinées.

— Tu es vraiment magnifique, susurra une voix familière à l'oreille d'Ultimécia.

    Ravie de l'entendre, la jeune femme se retourna en affichant un large sourire, mais quelle ne fut pas sa surprise en découvrant le visage de son interlocuteur. Ses cheveux noirs gominés étaient légèrement tirés en arrière, le bas de son oreille gauche présentait une boucle d'oreille qui remontait un peu le long de son pavillon. L'homme la fixait d'un regard profond, de ses yeux couleur or, dont la teinte était à peine moins prononcée que celle de Santanas, et aux pupilles reptiliennes. Il souriait, tout en affichant un air amusé et triomphal. Le comte le présentait à tous comme étant issu d'une très ancienne noblesse.

— Alors, tu ne me reconnais pas ?

    Cette voix... Elle n'avait aucun doute, il s'agissait bel et bien de celle de son compagnon, mais ce visage n'était pas le sien. D'abord déboussolée, la jeune femme l'observa brièvement, un peu plus en détails. Ce ne fut qu'à cet instant qu'elle distingua ses traits si familiers.

— Je t'avoue que sur le coup, non, je ne t'ai pas reconnu, admit-elle en baissant les yeux, soulagée, mais un peu gênée. Désolée.
— Tu n'as pas à t'excuser, c'était le but.

    Le comte et son épouse arrivèrent dans le dos des Triplés.

— Je vois que vous vous êtes déjà retrouvés, constata l'hôte.
— Je ne suis jamais très loin d'elle, affirma Cyrié, amoureux.
— Vous formez réellement un très joli couple tous les deux, complimenta la comtesse, enchantée.
— Merci, répondit poliment le buveur de sang en prenant la jeune femme par la taille, tout en lui souriant.

    Les nobles discutèrent quelques temps avec leurs invités, puis prirent congé pour se consacrer aux nouveaux arrivants. Pendant le début de la soirée, les frères et sœur avaient beaucoup de mal à se détendre. Ils ne se sentaient pas à leur place dans ce monde d'aristocrates.

— Tu viens danser ? proposa Cyrié, à qui ce mal-être n'avait pas échappé.
— Ici ? Tu rigoles, je n'oserai jamais, refusa Ultimécia, loin d'être rassurée.
— Allez, tu n'auras qu'à me suivre.

    Elle hésita, mais le sourire décontracté de son bien-aimé la fit céder. L'immortel l'attira sur la piste de danse, puis conduisit les pas de sa dulcinée. Après quelques mesures, elle commença enfin à se détendre.

— Mais qu'est-ce que tu me fais faire... questionna-t-elle, en secouant doucement la tête de gauche à droite, les yeux baissés.
— Ben quoi ? On ne fait que danser, on ne fait rien de mal.
— ... Je crois que je n'aurais jamais osé danser avec qui que ce soit d'autre que toi, ce soir...
— Pourquoi ? Personne ne va te mordre ici.

    Ce trait d'humour eut le mérite d'apaiser sa partenaire qui se mit à rire discrètement. Cyrié était ravi de l'entendre.

— Merci pour la robe, elle est vraiment magnifique.
— Pas autant que toi.

    Quand elle avait pénétré dans sa chambre, pour se préparer pour cette soirée, Ultimécia avait découvert un carton, soigneusement emballé, sur lequel était accrochée une petite carte où on avait écrit quelques mots :

Tu seras superbe avec ça.
            C.


    Elle avait immédiatement reconnu cette écriture presque calligraphiée. A l'intérieur du présent, elle avait trouvé la robe minutieusement pliée, ainsi que le collier, posé par-dessus.

— Content qu'elle te plaise, murmura le vampire.
— Beaucoup... Je me demande bien où tu l'as trouvée ?
— Qui te dit que je l'ai trouvée ?
— Tu... Tu ne l'as quand même pas faite ?! interrogea Ultimécia qui pensait avoir mal compris.
— A ton avis ? répondit-il avec fierté.
— ... Tu es vraiment incroyable... Je suppose que le collier aussi ?

    Son cavalier acquiesça d'un signe de tête, en souriant largement ‒ tout en prenant garde à ne pas dévoiler ses crocs. La jeune femme, plus détendue, profita de la proximité de son compagnon pour l'observer. Le costume queue de pie qu'il portait semblait avoir été fait pour lui. Comme prévu, les fines broderies qui ornementaient le vêtement soulignaient sa silhouette et sa musculature parfaites, alors que le col satiné faisait ressortir la chemise blanche qu'il avait revêtu.

— Tu es très beau, résuma très justement Ultimécia.
— Merci.

    Puis le couple continua de valser en silence. Lorsque la musique de termina, ils quittèrent la piste de danse pour retourner auprès des frères de la mortelle. Cyrié ne s'était pas trompé, cette petite danse avait très largement apaisé sa dulcinée. Etrangement, cela avait également détendu les deux jumeaux, qui ne les avaient pas quittés des yeux une seule seconde. Les Triplés étaient rassurés, mais pas encore suffisamment pour quitter la présence du vampire, qui représentait la seule personne avec laquelle ils se sentaient réellement à l'aise.
    Au cours de la soirée, le comte et son épouse tentèrent de les encourager à se mêler d'avantage aux autres convives. L'hôte profita de cette occasion pour inviter la jeune femme à danser. Poussée discrètement par son compagnon, elle accepta, laissant la comtesse en compagnie de ses frères et son bien-aimé. Ce dernier, conscient du plaisir qu'il provoquerait, fit de même envers la noble, qui fut ravie de cette attention. Quelque fut le genre ou le rythme de la mélodie, le vampire les suivait rigoureusement, mais toujours avec une grâce et une facilité déconcertante.

— Tu es vraiment un danseur hors pair... Existe-t-il une seule chose que tu ne saches pas faire ? s'amusa la comtesse.
— Pas que je sache, se targua très justement le vampire.

    La petite fête suivit son cours. Les Triplés avaient fini par s'éloigner de Cyrié et discutaient volontiers avec les convives qui souhaitaient engager la conversation avec eux. Tous connaissaient leur réputation et étaient curieux et honorés de pouvoir bavarder avec eux. Le temps s'écoula joyeusement. Une enfant se dirigea vers l'une des grandes baies vitrées, mais, quelques mètres avant d'y parvenir, son pied glissa sur le parquet ciré et elle tomba. Heureusement pour elle, l'un des invités se trouvait juste à côté d'elle et parvint à la rattraper avant qu'elle ne chute. Il la redressa doucement. Sa mère arriva très rapidement :

— Merci beaucoup.
— Il n'y a pas de quoi.
— Ma chérie, qu'y a-t-il ? s'inquiéta l'adulte en remarquant l'air apeuré de son enfant.
— C... C'est un vampire !
— Mais voyons, que racontes-tu ?
— Je vous assure mère, son bras est glacé, et dur comme la pierre ! tenta de la convaincre sa fille.
— Ne dis pas de sottises. Tu as eu peur de tomber et de te faire mal, tu as imaginé cela.
— Non mère, je...
— ... Cela suffit. Monsieur, veuillez la pardonner, il est tard, elle doit être fatiguée.

    Le comte et la comtesse avaient assisté à toute la scène et les avaient rejoint. Cyrié jeta un regard complice au noble, qui lui répondit d'un signe de tête affirmatif, tout en souriant. Suite à quoi, l'immortel mit un genou à terre, devant l'enfant :

— Toutes mes félicitations jeune demoiselle, vous êtes très perspicace.

    La petite s'approcha encore un peu de sa mère et tenta de se dissimuler derrière elle.

— Monsieur, vous ne devriez pas tenir de tel propos, le réprimanda la mortelle. Vous tenez à l'effrayer ?
— Ce n'est que la vérité pourtant.
— Ce n'est pas un sujet de plaisanterie !
— Mais je suis tout à fait sérieux, affirma le buveur de sang avec un aplomb sans conteste, tout en se relevant.

    La femme ne savait plus que croire. Si ces paroles étaient vraies, tous les convives seraient en danger ‒ du moins, d'après elle ‒ mais si ce n'était pas le cas, ses mensonges étaient extrêmement convaincants. Elle le fixa quelques secondes. Pour une raison qu'elle ignorait, elle se sentait irrésistiblement attiré par ce jeune inconnu aux yeux dorés et au sourire au charme ravageur. En réalité, cela tenait à la nature même du vampire, qui provoquait une fascination irrémédiable chez tous les mortels qui croisaient leur chemin. La mère chercha du regard du renfort auprès des organisateurs de cette soirée, qui semblaient bien connaître cet étrange convive.

— Je peux vous confirmer ses dires, assura le comte, ce qui terrorisa son invitée. Mais n'ayez aucune crainte, il ne fera de mal à personne.

    Elle ne semblait pas vouloir le croire.

— Je suis présent depuis le début de la soirée, et pourtant, il n'y a pas eu un seul blessé, n'est-ce pas ? orienta Cyrié.
— Effectivement, reconnut la mortelle après une longue réflexion, mais pas moins effrayée pour autant.

    Le couple et le vampire expliquèrent calmement la situation. La nouvelle concernant la présence d'un immortel dans l'assemblée ne mit que quelques instants à faire le tour des invités. Aux premiers abords, tous eurent la même réaction d'horreur, mais au final, ils acceptèrent d'écouter ses arguments, si bien que lorsqu'ils quittèrent les lieux, quand la soirée s'acheva, quasiment tous les convives avaient rallié la cause des buveurs de sang.

Dernière modification par ultimecia (2014-04-19 13:17:15)


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#378 2014-03-17 07:51:30

estridus
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Re: Les Histoires des Ténèbres

J'ai adoré ! Surtout les descriptions !

Juste au début, tu as deux visiblement, un pour le meuble remplit d'alcool et un pour le fauteuil ou les coussins je ne sais plus. Peut être mettre un synonyme à la place Catitiz_PDT_03  ?

Au sinon, comme d'habitude, je l'ai lu d'une traite, avec attention. C'était génial !
Merci de le partager !

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#379 2014-03-17 13:54:33

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Coucou Estri ^^

Ah oui, tu as bien fait de me le signaler :x J'ai changé le 2e en "manifestement" ;) Merci de me l'avoir dit ^^

Et merci d'avoir lu, mais aussi et surtout pour ton commentaire qui me fait toujours autant plaisir :D


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#380 2014-03-23 18:14:31

vanouloup
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Catitiz_PDT_12 Catitiz_PDT_12 Catitiz_PDT_12

Toujours un plaisir!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Catitiz_PDT_12 Catitiz_PDT_12 Catitiz_PDT_12


L'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde.
Tu n'aimes pas les animaux? J'm'en fous je t'aime pas non lus! Catitiz_PDT_12

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#381 2014-03-24 01:49:18

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Hey! Coucou Vanou ^^

Merci pour ton commentaire, je suis contente que ce nouveau chapitre te plaise ^^

C'est toujours un plaisir de partager ça avec vous et de lire vos commentaires Catitiz_PDT_12


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#382 2014-03-27 14:32:28

vega1
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Finalement, c'est bien de ne venir sur Poney Vallée qu'une fois de temps en temps... Je ne suis passée que pour voir où en étaient Ultimécia, Cyrié, le petite Andora.

Et j'ai eu droit à plusieurs épisodes d'un seul coup. La chance...

Espérons que Ethan n'aura pas de problèmes avec ses anciens "amis".

Moi aussi, j'ai eu peur que la visite de cette cave soit un piège, je pensais un peu "trop poli pour être honnête". Hé bien si, il semblerait que le comte et sa femme soient des amis sûrs du Leader.

Pour le moment tout va bien, pourvu que ça continue.

J'adore ton histoire.

Bonne journée, bisous.

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#383 2014-03-27 17:00:27

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Oh! Merci pour ta fidélité Vega Catitiz_PDT_12

C'est marrant que vous ayez toutes vu un piège pendant la visite de la cave xD J'espère que vous n'avez pas été trop déçues du coup ;)?

Merci d'être passée et d'avoir laissé un petit mot ^^


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#384 2014-04-19 13:15:12

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Coucou par là ^^

Voilà le chapitre suivant ;)


Noblesse (suite)

2 – Une soirée extraordinaire

Epilogue


    Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis la soirée organisée par le comte. Les Triplés avaient retrouvé leur quotidien ordinaire, loin des tumultes de l'aristocratie. Les clients ne manquaient jamais au Fenryl d'Or, obligeant Ultimécia à demander régulièrement le renfort de ses frères.
    Un soir, la porte de la taverne s'ouvrit. Comme à son habitude, la gérante souhaita la bienvenue au nouvel arrivant, mais la stupéfaction la coupa dans son élan. Quelle surprise ce fut pour elle de constater que la personne qui venait d'entrer n'était autre que le comte lui-même, suivi de près par son majordome. Ils approchèrent du comptoir, derrière lequel elle se trouvait.

— Comte ?! laissa échapper la jeune femme, sans s'en apercevoir.
— Bonsoir, salua ce dernier avec un large sourire.
— Heu, excusez-moi. Bonsoir.

    La gérante peina à retrouver ses esprits. Le noble était très amusé de cette réaction, qu'il trouvait touchante et charmante.

— Qu'est-ce qui vous amène ici ? s'inquiéta Ultimécia.
— Je souhaitais tout simplement constater par moi-même le bon usage que vous faîtes de nos boissons.

    La réponse soulagea en partie la tenancière. L'aristocrate s'assit sur l'un des tabourets attenant au bar.

— Attendez, on va vous trouver une place plus confortable.
— Oh, ce sera parfait ici. A moins que ma présence vous indispose ?
— Non, non, pas du tout !

    La jeune femme se sentait un peu mal à l'aise. Heureusement pour elle, Millénias avec remarqué l'arrivée du comte et la gêne de sa sœur, et vint à son secours.

— Bonsoir, salua-t-il.
— Bonsoir.
— Excusez-moi. Ulti, il me faut deux chocolat liégeois et un expresso s'il te plaît.
— Tout de suite.

    Puis elle profita de cette occasion pour se dérober à son illustre client. Elle ne l'avait pas formulé, mais son frère savait qu'elle lui était reconnaissante de lui avoir procuré cette opportunité. Lui était beaucoup plus détendu.

— C'est une belle surprise que vous nous faîtes. Que nous vaut cet honneur ?
— Comme je l'expliquais à votre sœur, je suis venu constater par moi-même le bon usage que vous faîtes de nos boissons.
— Vous n'allez pas être déçu alors.
— J'en ai bien l'impression. A première vue, tous les éloges sur cet établissement semblent amplement mérités.
— Tout le mérite en revient à Ultimécia, c'est elle qui fait vivre la taverne.

    La concernée se sentit rougir. Elle confia les boissons commandées à son jumeau, qui partit immédiatement les servir.

— Service très rapide, fit remarquer l'aristocrate, impressionné.
— Merci.

    Plus le temps passait, plus la jeune femme, dans son élément, se détendait. Elle parvenait à discuter plus facilement avec son fournisseur, qui en fut ravi. Il fut également enchanté d'apprendre que les alcools parfumés qu'il avait offerts à la tenancière avaient eu un très grand succès, à tel point qu'il ne restait déjà plus qu'un fond de l'un d'entre eux.

    Lorsque le comte prit congé, il avait eu tout le loisir d'observer la bonne tenue du Fenryl d'Or. Il le savait déjà, mais il avait prit grand plaisir à voir à quel point ses alcools étaient mis en valeur dans un lieu aussi bien tenu et agréable. Une chose était sûre, il demeurerait le fournisseur d'Ultimécia encore longtemps.

Dernière modification par ultimecia (2014-04-19 13:16:27)


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#385 2014-04-19 19:33:20

estridus
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Déçue non ! Que du contraire, quand c'est du "tout vu", ce n'est pas toujours agréable. J'ai eu un moment d'angoisse ( Hé ! Je vis ce que je lis), je me suis même arrêtée de lire, j'ai soufflé repris un coup, j'étais persuadée vraiment d'un piège, alors je l'ai vécu. ça c'est vraiment le top je trouve, j'aime lire, et quand un auteur me surprend, j'ai les poils qui se hérissent !

Ce chapitre ici est plus cool, cela change de d'habitude. Le compte ne m'inspire toujours pas de la sympathie, désolée Catitiz_PDT_16.
Il a un coté un peu manipulateur pervers, il vérifie tout, je sais pas, j'arrive pas à l'apprécier, ou est ce dû à la peur qu'à ultimecia en l’apercevant. Du coup, je m'en méfie aussi.

Ou sinon, très bien écrit. Mais du coup hâte de voir le suivant

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#386 2014-04-20 01:57:44

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Ah ouais, à ce point xD? Qu'est-ce que ça va donner par la suite alors ^^?

Oui, un petit chapitre plus "relax", ça fait du bien une fois de temps en temps, ça permet de souffler un peu ^^

Par contre, je ne comprends toujours pas pourquoi le Comte a l'air aussi menaçant xD Il est tout gentil pourtant :o
Ulti est impressionnée parce que c'est quelqu'un de la haute société et qu'elle n'est pas habituée à cotoyer des personnes de cette importance, c'est tout ;) (même si en tant que Triplée, elle est très connue et pas mal respectée aussi ^^)
"Manipulateur pervers qui vérifié tout"... Ce n'est pas du tout l'impression que je voulais donner de lui Catitiz_PDT_38

Merci en tout cas pour le commentaire, ça fait toujours plaisir ^^
Et promis, pour le prochain, j'essayerai de le poster plus vite que celui-là ^^'


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#387 2014-04-20 08:55:59

estridus
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Je dois voir le mal partout, trop sympa pour être honnête le comte ! Catitiz_PDT_18

Promis, j'essayerai de le voir autrement :p

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#388 2014-04-20 18:54:36

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Tu verras bien :p
(Enfin... s'il revient un jour *air angélique*)


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#389 2014-05-08 08:38:57

yondalla
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Je suis désolée de ne pas avoir commenté depuis SI longtemps Catitiz_PDT_24 !
Mais je ne me connecte plus du tout souvent, la V2, tout ça… Enfin tu comprendras j'espère !
Bref, pour revenir à tes histoires XD, et bien comme tout le monde, j'ai cru que le comte leur tendait un piège (quelle originalité lol !) ! Et j'ai eu la même réaction qu'Estridus concernant l'épilogue !
Moi aussi je dois voir le mal partout Catitiz_PDT_26 !
Enfin, au niveau du style, c'est toujours aussi parfait XD, j'ai hâte de commencer la prochaine histoire !


L'ours et l'homme se disputent un territoire. Qui a raison ?
Le chat qui les observe.

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#390 2014-05-08 13:22:50

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Hey! Coucou Yondalla, ça faisait longtemps :3

Oh ne t'inquiète pas, je comprends tout à fait que tu ne sois pas repassée depuis un moment ;)

Mais pourquoi tout le monde voit le mal avec ce gentil monsieur xD? Il est tout gentil pourtant :o
Pour la nouvelle histoire, je vous la mets ce week end, promis ^^

Merci en tout cas pour le petit message, ça me fait toujours très plaisir, surtout quand c'est aussi gentil Catitiz_PDT_12


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#391 2014-05-12 03:18:25

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Hehe! Et voilà la suite ^^


Faire taire les Rumeurs


1 – Mauvaise foi

Les années s'égrainèrent à une cadence acharnée. Une dizaine d'entre elles s'écoulèrent ainsi, égales à elles-mêmes. Les réunions d'information organisées par les vampires commençaient à porter leurs fruits. Beaucoup de gens les redoutaient encore, mais leur présence ne déclenchait plus de mouvement de panique. Les choses s'étaient grandement améliorées pour les immortels, mais ils n'étaient pas encore au bout de leurs efforts. Ils continuaient donc à tenir de telles conférences. Pour leur plus grand plaisir, des dizaines de personnes se déplaçaient à chacune d'entre elles.

    Un soir, Cyrié, entouré de Lestat et Lucian, commençait à expliquer comment allait se dérouler la réunion. Il était debout, derrière une table sur laquelle il avait déposé ses notes. Ses congénères quant à eux, étaient restés assis. En face d'eux, de nombreuses personnes étaient prêtes à écouter leurs arguments, bien que la présence si proche des buveurs de sang était loin de les rassurer.
    Soudain, alors que le Leader s'exprimait, la porte s'ouvrit brusquement. Plusieurs mortels sursautèrent. A présent, toute l'assemblée regardait en direction de la porte. Un petit groupe de chasseurs de primes était entré, la main sur le pommeau de leur arme. Lestat commença à se lever, prêt à en découdre, mais Cyrié l'arrêta dans son geste en lui posant la main sur l'épaule. Son subordonné compris instantanément le message et se rassit, frustré. Son aîné ne quittait pas les nouveaux venus des yeux.

— Qu'est-ce que vous faîtes ici ? leur demanda-t-il dans un mélange de grande sérénité et d'un soupçon d'avertissement.
— On a entendu dire qu'il y avait une réunion d'information ici, ce soir, alors on est venu voir. Il parait que c'est ouvert à tous, c'est bien ça ? voulurent-ils piéger les vampires.
— C'est ça oui, répondit Cyrié avec un calme olympien, absolument pas désarçonné par la réflexion de ses ennemis.
— Donc on peut rester ?
— Oui, du moment que vous ne vous en prenez à personne ici, que ce soit maintenant ou plus tard.
— Ca vous comprend, vous aussi ?
— Oh, ça, rit doucement le Leader, ça fait longtemps que je ne me fais plus d'illusion là-dessus.

    Les chasseurs de primes se sentaient légèrement ridicules. Leurs tentatives pour décrédibiliser les immortels avaient eu l'effet inverse. Ils furent forcés de promettre de n'attaquer personne.

— Et si vous vous asseyiez, qu'on puisse reprendre, les invita le plus âgé des buveurs de sang en écartant un bras pour leur désigner des places libres.

    Contrariés mais piégés, les intrus furent contraints de se plier aux consignes du vampire. Alors qu'ils prenaient place, les trois organisateurs jubilaient. Cyrié maniait aussi bien les mots que sa lame, grâce à quoi il avait largement remporté cette bataille.

— Comme je vous le disais, reprit-il une fois ses nouveaux auditeurs installés, si vous souhaitez intervenir pendant cette réunion, n'hésitez pas. Nous ferons notre possible pour répondre à vos questions, toutefois, sachez qu'il y a certains sujets que nous refuserons d'aborder.
— Et c'est ça que vous appelez de l'information ? lança l'un des chasseurs de primes avec un air supérieur. Vous ne dîtes que ce qui vous arrange !
— Simple question de sécurité. On ne va quand même pas vous donner de nouvelles techniques pour vous en prendre à nous. Vous avez déjà bien assez d'imagination pour ça.
— ...

    La réunion commença. Les vampires se relayaient pour tenter de convaincre leur auditoire que, depuis leur plus tendre enfance, on ne leur avait enseigné que des mensonges visant à les effrayer et finir l'extermination des buveurs de sang. Leur discours avaient été soigneusement travaillé et réfléchi, si bien que les informations étaient toutes vraies, mais ne laissaient jamais entendre de critiques envers les mortels qui avaient fait courir ces rumeurs.
    Au bout d'une heure environ, les chasseurs de primes se levèrent et sortirent de la salle. Ils pensaient avoir été discrets, mais leur acte n'avait échappé à aucun des trois vampires. Ils les observèrent quitter les lieux, méfiants, mais Cyrié avait, d'un simple regard, fait comprendre à ses acolytes de ne pas réagir.
    Ils continuèrent la réunion comme si de rien n'était, jusqu'à ce que, de longues minutes plus tard, un bruit étrange et lointain, que seuls les immortels parvenaient à entendre, attira leur attention. Lucian et son Leader tournèrent la tête vers les fenêtres, à leur gauche et tentèrent de déchiffrer le son qui arrivait à leurs oreilles. Les paroles de Lestat, debout, se firent de plus en plus lentes, jusqu'à s'arrêter totalement.

— C'est quoi ça ? souffla le plus jeune des trois.
— Aucune idée... répondit l'aîné.

    Cyrié se leva doucement. Le bruit semblait se rapprocher. A présent, tout le monde le percevait, ce qui terrorisait les mortels. Quelque chose arrivait et mettait les vampires sur le qui-vive. Un son métallique semblait accompagner une sorte de grondement grave et sourd. Ils n'eurent pas le temps d'essayer de comprendre ce qui pouvait bien produire un tel bourdonnement, car soudain un immense tentacule traversa la plafond et s'abattit violemment à l'endroit exact où se trouvaient les trois buveurs de sang, une fraction de seconde plus tôt. Ils avaient réussi à l'esquiver et se trouvaient à présent dans les airs, les ailes déployées. Dans la salle, la foule s'était levée d'un bond et les plus proches avaient tenté de reculer. Cyrié jeta un rapide coup d’œil aux mortels, puis lança à ses semblables :

— Faîtes sortir tout le monde d'ici et mettez-les à l'abri !
— Compris ! acquiescèrent-ils.

    Puis leur Leader se saisit de son arme, toujours attachée dans son dos, et plongea à l'extérieur en longeant l'appendice qui les avait attaqués. Dehors, il se retrouva face à une machine étrange, mi-mécanique, mi-organique. Toute la base n'était faite que de métal et ressemblait au corps d'une araignée gigantesque, soutenue par quatre paires de pattes menaçantes. Sur la partie supérieure de ce qui représentait le corps avaient été greffées une douzaine de gigantesques tentacules qui battait l'air de façon totalement chaotique. Dès que les chasseurs de primes, présents dans l'engin, aperçurent le vampire, ils dirigèrent les énormes bras vers lui.   
    Pendant ce temps, Lestat et Lucian réussirent à faire sortir calmement tous les mortels de l'édifice où se tenait la réunion, qui commençait déjà à s'effondrer. A l'extérieur, tous les regards se tournèrent tout naturellement vers Cyrié qui esquivait les attaques de la machine et des chasseurs de primes qui l'accompagnaient. Certains reconnurent le petit groupe qui les avait quitter plusieurs minutes auparavant. Ils avaient donc joué le rôle d'éclaireurs pour leurs complices ! Et voilà qu'à présent, c'étaient eux qui tentaient d'attaquer les buveurs de sang, mais également la foule qui était venue les écouter. Eux qui voulaient faire croire à qui voulait bien l'entendre que les vampires étaient dangereux, ils venaient eux-mêmes de perdre toute crédibilité pour les mortels qui avaient assisté à cette scène surréaliste.
    Le Leader esquivait les coups tout en retenant les agresseurs à distance de son public. Au passage, il parvint à couper trois tentacules. Il devait à tout prix commencer par se débarrasser de cette chose hideuse, mélange contre nature de métal et de biologie ; après cela, se défaire des chasseurs de primes ne serait qu'une formalité. Des airs, il se jeta au cœur de la machine, mais au dernier moment, il fut stoppé net dans sa course. Le haut de la partie mécanique s'était ouverte, entre les tentacules, et avait dévoilé une grande croix. Cyrié avait immédiatement eu un mouvement de recul et avait levé son bras libre pour tenter de se protéger de l'influence sacrée de l'objet. Douloureux, les yeux presque clos, ses réflexes et ses mouvements perdirent de leur vitesse. Les appendices restants fondirent sur lui, mais il ne put pas les éviter. Ils le plaquèrent violemment contre un immeuble voisin et le transpercèrent de toutes parts. Les deux autres vampires furent tout de suite alertés par l'odeur de son sang. Ils virent la machine relâcher leur ami, puis il tomba à terre. Tout un groupe de chasseurs de primes s'approcha de lui, mais il avait été trop sévèrement touché pour réussir à bouger. Horrifiés par ce qu'ils voyaient, les immortels voulurent l'aider, mais Lestat arrêta son cadet :

— Non ! Reste là et protège-les !

    Les innocents venus les écouter étaient eux aussi en danger, et ils ne seraient jamais de taille à combattre de tels adversaires. A contrecœur, Lucian obéit. Son aîné avait beaucoup de mal à s'approcher de son Leader. Les chasseurs de primes étaient arrivés en nombre et lui barraient la route. Quelques uns avaient réussi à lui échapper et se dirigeaient à présent vers les mortels. Les buveurs de sang faisaient tout ce qu'ils pouvaient pour les protéger, mais aux détriments de leur congénère blessé. Les minutes s'égrainèrent lentement, temps insupportable pendant lequel ils ne pouvaient rien pour lui. Quand Lestat en eut enfin l'opportunité, il jeta un regard en direction de son Leader et constata, atterré, que ce dernier n'était plus là, mais que les chasseurs de primes qui l'entouraient, encore quelques instants auparavant, gisaient tous au sol, morts. A cet instant, l'immortel ressentit une sensation étrange de puissance et aperçut une ombre fendre l'air, juste au-dessus de la machine, accompagnée d'un son métallique, mais aussi de chair tranchée. Tous les chasseurs de primes encore présents tombèrent. Puis Lestat comprit : Cyrié avait revêtu son apparence de vampire ultime et, en un éclair, avait tranché la croix et fauché la vie des adversaires restants. Ainsi mise en pièces, elle n'avait plus aucun effet sur lui. Il prit à nouveau son élan, plongea sur le haut de la structure, y planta son katana jusqu'à la garde et, en quelques pas, la traversa sur toute sa longueur. Arrivé à son extrémité, il bondit, se retourna et atterrit à quelques mètres de la construction, en lui faisant face. Des étincelles jaillissaient du trou béant qu'il lui avait causé. Les chasseurs de primes présents à l'intérieur avaient été tués sur le coup. Une odeur de sang s'éleva, mélangée à celle du métal tranché et réchauffé. Puis la machine se dissocia en deux morceaux, qui tombèrent l'un sur l'autre.
Tout le monde retenait son souffle, de peur que de nouveaux adversaires ne fasse leur apparition, sortants des entrailles de la créature. La tension demeura palpable un long moment, mais rien ne se produisit. Puis Cyrié, à bout de force, mit un genou à terre. Lestat accourut auprès de lui pour le soutenir. Son Leader se laissa tombé contre son cadet. Ses blessures étaient graves et l'épuisaient. Il éprouvait la plus grande difficulté à ne pas sombrer dans l'inconscience. Lestat et Lucian échangèrent un regard, à bonne distance l'un de l'autre, mais chacun comprit les pensées de l'autre. Après ce qu'il venait de faire pour les protéger, eux et les mortels, ils devaient lui rendre la pareille en prenant soin de lui pour les uns, et en apaisant leurs craintes envers les buveurs de sang pour les autres.

Dernière modification par ultimecia (2015-12-26 02:57:47)


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#392 2014-05-14 07:11:21

estridus
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Oh mon commentaire d'il y a 2 jours n'est pas passé... J'ai dû oublier de cliquer sur "envoyer"... Faut le faire Catitiz_PDT_14  !

Je disais que cela changeait des deux derniers plus calme, bien écrit comme d'habitude, mais je l'ai lis en 4ieme vitesse, donc je le relirai à mon aise cette semaine.

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#393 2014-05-14 13:32:13

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Oh Estridus, mais qu'est ce que tu nous fais là xD Ou tu as coupé trop vite ta page web et ça n'a pas eu le temps de le charger complètement ;)

Double merci pour le double commentaire du coup xD

Là, avoir un peu de calme avec les derniers chapitres, je pense que ça devait vous faire du bien aussi, ça repose un peu ;) Mais maintenant, c'est reparti pour un peu d'action! :p


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#394 2014-07-08 19:13:02

clicou
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Comme dit sur GW je suis revenu pour lire les épisodes que j'avais manqué et te laisser un petit commentaire ^^

J'ai bien aimé le chapitre Noblesse il a marqué le retour du couple Ulti et Cyrié <3. Ils osnt tellement mignon et romantique ** ^^
Mais j'aime bien aussi ce chapitre qui résonne l'action ^^

Pour ma part le comte me paraît un peu mystérieux mais pas méchant ^^ et je n'ai pas cru à un piège pour la porte (je sais je suis trop forte Catitiz_PDT_47  )


Présente très sporadiquement ... comme beaucoup j'imagine
Des mâles pleins de couleurs

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#395 2014-07-09 01:15:20

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

C'est gentil d'être passé Clicou Catitiz_PDT_12

Pour Ulti et Cyrié, je dirais qu'en règle générale, c'est mignon de voir deux personnes aussi amoureuses l'une de l'autre <3 (et puis Cyrié est de "l'ancienne école" on va dire (vu son âge aussi... c'est facile pour lui xD) donc ça aide pour le côté romantique <3)

Ca change d'avoir quelqu'un qui n'a pas vu le comte comme un grand méchant sournois et qui n'a pas cu de piège pour la porte :p Bravo de ne pas être tombée... dans le piège justement xD
(Hihi! Et ouais! Moi aussi je tends des pièges aux lecteurs, il n'y a pas de raison que les chasseurs de primes soient les seuls à le faire xD)


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#396 2014-07-30 11:44:17

vanouloup
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Kikou un plaisir de lire la suite Catitiz_PDT_18 mais un désastre il faut attendre la suite Catitiz_PDT_24
Continue c'est trop bien et malheureusement je suis de celle qui pense que le compte sans être méchant donne l'air de quelqu'un de calculateur Catitiz_PDT_37 mais c'est pas grave il nous impressionne pas Catitiz_PDT_47

Vite vite vite la suite Catitiz_PDT_12 Catitiz_PDT_27 Catitiz_PDT_29 Catitiz_PDT_12

Dernière modification par vanouloup (2014-07-30 11:46:19)


L'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde.
Tu n'aimes pas les animaux? J'm'en fous je t'aime pas non lus! Catitiz_PDT_12

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#397 2014-07-30 13:24:44

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Coucou Vanouloup, ça fait longtemps ^^

La suite arrivera très vite, c'est promis ;) (ce week end normalement)

Ce n'est pas grave si vous trouvez que le Comte a l'air calculateur ou sournois, au contraire, comme ça, ça vous laisse la surprise de voir qu'en fait, il ne l'est pas Catitiz_PDT_29


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#398 2014-08-06 13:31:19

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Avec un peu de retard, voici la suite!
(Désoléééééééée!)


Faire taire les Rumeurs (suite)

1 – Mauvaise foi

2 – Rencontre inattendue


    Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis la mésaventure de Cyrié, qui s'était rapidement remis de ses blessures. Mais l'attaque injustifiée des chasseurs de primes avait donné encore plus de poids aux arguments des vampires, ce qui n'avait pas été pour leur déplaire ‒ même s'il auraient préféré une méthode moins douloureuse et risquée pour leur Leader. Les mortels venaient si nombreux aux réunions d'information que les buveurs de sang furent obligés de multiplier encore d'avantage leur fréquence.

    Un soir où rien n'avait été organisé, Cyrié s'était confortablement installé sur le haut de la grotte de pierre qui lui servait de logement, au Désert des not allowedés. Il était allongé, appuyé sur un coude, une jambe relevée, l'autre tendue, et observait l'étendue de sable ainsi que les jeunes chiens Basker qui chahutaient. Sa main libre tenait une petite flasque incurvée métallique, dont il but une gorgée.

— Tu as une belle vue d'ici, lança une voix féminine dans son dos.

    Il ne se retourna pas, il savait déjà de qui il s'agissait. Puis, celle qui avait parlé s'avança et vint s'asseoir à ses côtés. C'était une jeune fille d'une quinzaine d'années aux cheveux châtains, retenus en deux longues couettes, à l'arrière de sa tête, laissant une frange lui couvrir le front. Andora avait bien grandit.

— Oui, c'est pour ça que j'aime bien venir là-haut.

    Ils contemplèrent le paysage qui s'offrait à eux.

— Ca fait longtemps qu'on ne s'est pas revu... regretta l'adolescente.
— Oui... Il faut dire qu'avec toutes ces réunions d'information, je n'ai plus beaucoup de temps libre en ce moment... Mais ça ne m'empêche pas de venir te voir de temps en temps.
— Ah bon ? Et tu viens quand ?
— En général, c'est quand tu dors ou que tu fais tes devoirs.
— Et c'est maintenant que tu me le dis ! Tu m'espionnes ! lui reprocha-t-elle, faussement outrée.
— Oh, pas vraiment. C'est juste pour être sûr que tout va bien.
— En discutant, tu pourrais aussi le savoir.
— Oui, mais, en général, je ne peux pas rester très longtemps. On risquerait de me repérer, et... Je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose à cause de moi...
— Si ça me permet de passer un peu plus de temps avec toi, je veux bien prendre le risque.
— ... J'essayerai d'y penser la prochaine fois.

    Cyrié n'aimait pas l'idée de mettre sa protégée en danger, mais sa présence lui manquait à lui aussi.
— ... Tu es devenue une belle jeune fille, reprit le vampire après un moment de silence.
— Merci, s'enchanta Andora.
— Je suis sûr que tous les garçons doivent te tourner autour !
— Plus ou moins, oui, rit l'adolescente. Mais je leur fais gentiment comprendre que ce n'est pas la peine d'insister.
— Ah ? lança le vampire avec un sourire en coin et un regard complice.
— Oui... commença à rougir la jeune fille en détournant la tête.
— Parce qu'il y a quelqu'un en particulier ? la poussa l'immortel, face à son hésitation.
— Oui... Un garçon de mon école. Il s'appelle Neith.
— Aha ! Ma petite Andora est amoureuse on dirait !
— Te moque pas, le bouscula la concernée.
— Je ne me moque pas, je serai mal placé pour ça, l'apaisa Cyrié. Et Castel et Althéa, qu'est-ce qu'ils en disent ?
— Pour l'instant, rien, je ne leur ai pas encore présenté... Je voulais te le présenter, à toi, d'abord.
— A moi ?
— Oui ! Tu es quelqu'un de très important pour moi, alors... Si ça se passe mal entre vous, je n'irai pas plus loin avec lui.

    L'atmosphère détendue s'était totalement dissipée et avait laissé la place à bien plus de solennité. Le vampire était très étonné par ce que sa protégée venait de lui annoncer.

— Tu irais jusqu'à mettre fin à une belle histoire... Juste à cause de moi ? espéra-t-il avoir mal compris.
— S'il ne t'accepte pas, c'est qu'on n'était pas fait pour être ensemble, répondit Andora avec une aplomb sans faille.

    L'immortel sentit sa détermination et en fut très impressionné. La petite fille dont il avait pris soin avait gagné une assurance incroyable. De plus, il savait qu'il avait joué un rôle non négligeable pour elle, mais il n'aurait jamais imaginé tenir une place aussi importante dans son cœur.

— Merci, ça me touche beaucoup.
— C'est normal. Pendant un moment, je n'avais que toi. Tu t'es occupé de moi, tu m'as trouvé une famille géniale, et même maintenant, tu continues à t'inquiéter pour moi... Même si je n'étais pas au courant... Et tu es le seul qui peut me parler de papa et maman... J'ai besoin que tu sois là moi...

    La jeune fille regardait son protecteur avec des yeux pleins de larmes. Repenser à ses parents défunts en était la cause, bien évidemment, mais ce n'était pas la seule. Elle venait de lui ouvrir son cœur, et lui révéler l'importance qu'il avait pour elle l'avait beaucoup émue. Surtout qu'elle savait que ce sentiment était partagé, de manière au moins aussi forte. Cyrié la contempla, d'abord stupéfait, puis il sourit chaleureusement et passa le bras autour d'elle pour l'attirer contre lui. Andora, à présent dans les bras du vampire, sourit également et lui rendit son étreinte.

— Je ne t'aurais jamais laissée tomber. Et même maintenant, tu sais que je serai toujours là pour toi.

    Une odeur étrange se dégagea lorsque l'immortel prononça ces mots. L'adolescente la sentit immédiatement et s'écarta de lui, étonnée.

— Tu sens l'alcool...
— Ah, c'est normal, répondit-il en secouant la flasque.
— Qu'est-ce que c'est ?
— De l'absinthe.
— Tu bois ça, toi ?!
— Un petit peu, de temps en temps.
— Mouais... fit la jeune fille, sceptique. Mais je croyais que les vampires ne pouvaient pas boire autre chose que du sang ?
— En fait, on peut, mais tout le reste a un goût... Plutôt désagréable. Et en trop grande quantité, ça peut nous rendre malade.
— Pourquoi tu bois ça alors ?
— Parce qu'avec l'alcool, c'est un peu différent. Plus un alcool est fort, plus son goût est supportable pour nous. Ca change un peu de d'habitude.
— C'est un coup à finir alcoolique ça...
— Oh non, ne t'inquiète pas pour ça. Là, c'est de l'alcool à 90°, mais pour moi, ça a le même effet que si tu diluais une gorgé de bière dans une grosse barrique d'eau. Je me rendrais malade avant que ça commence à avoir de l'effet.
— Si tu le dis...

    Andora était plutôt dubitative, mais le vampire semblait sûr de lui. Il sentit son mal-être et préféra revenir à un sujet plus léger.

— Quand est-ce que tu voudrais me le présenter ce Neith ?
— Heu... Je ne sais pas trop, quand est-ce que tu serais libre ? Assez rapidement si possible.
— Mmh... Là, jusqu'à la fin de la semaine, on a des réunions tous les soirs, donc ça ne va pas être possible, début de la semaine prochaine, c'est la pleine lune, donc ce n'est même pas la peine d'y penser, le lendemain, je préférerais qu'on évite... Le soir suivant, ça t'irait ?
— Oui, normalement c'est bon pour nous. Je lui redemanderai pour être sûre, et si ça ne va pas, je te tiendrais au courant.
— Laisse-moi juste un petit mot à ta fenêtre, ça suffira.
— D'accord ! s'enjoua l'adolescente. J'espère que ça se passera bien entre vous...
— Parce que tu as des raisons de penser que ça pourrait mal se passer ?
— Non, tu verras, il est vraiment génial !

    Reparler de son petit ami avait redonné le sourire à Andora. Elle était visiblement très amoureuse et son cœur ne faisait que le confirmer au vampire.

    Le soir du rendez-vous arriva rapidement. Aucun imprévu ne retint le jeune couple. Neith n'étant pas dans le même groupe scolaire que sa bien-aimée, cette dernière resta une heure supplémentaire à la bibliothèque de l'école, ce qui fut loin de lui déplaire. Elle prit de l'avance dans ses devoirs, et l'heure plus tardive de sa sortie permettait de lui assurer que la nuit serait déjà tombée. La curiosité avait poussé plusieurs de ses amis étaient restés avec elle.  Ils voulaient absolument faire la connaissance de cette personne si importante pour elle. La sonnerie retentit pour annoncer la fin des cours. Neith rejoignit le petit groupe, puis ils se dirigèrent vers la sortie. Andora était très impatiente de retrouver son ancien protecteur. A peine le portail de l'école franchit, elle s'empressa d'observer les alentours. Mais il ne semblait pas être là. La déception commença à se faire sentir. La jeune fille scruta les environs d'un côté, puis de l'autre.

— Alors, il est où ce mystérieux inconnu pour qui tu as fait tant de secrets ?
— Je ne sais pas, je ne le vois pas... J'espère qu'il ne lui est rien arrivé...

    Anxieuse, elle tourna une nouvelle fois la tête vers le premier endroit où elle avait regardé, puis, enfin, vit la silhouette qu'elle cherchait désespérément. A bonne distance, Cyrié avait fait son apparition et avançait à présent vers elle. L'adolescente afficha un large sourire et courut vers son protecteur, avant de lui sauter dans les bras.

— Doucement, tu vas te faire mal, l'avertit gentiment le vampire en l'enlaçant.
— Je m'en fiche !

    Elle se blottissait contre lui et refusait de le lâcher. Le vampire était attendrit par tant d'affection.

— Tu as cru que je n'étais pas venu ?
— Je ne te voyais pas, j'ai eu peur qu'il te soit arrivé quelque chose...
— Rien ne m'aurait fait rater cette soirée.

    Pendant qu'ils discutaient, les amis d'Andora approchèrent avec beaucoup d'appréhension. Ils n'en revenaient pas : leur amie était dans les bras du plus dangereux des buveurs de sang encore en vie, et cela ne semblait absolument pas lui poser de problème. Ils s'étreignaient l'un l'autre comme si de rien n'était. La réputation des immortels s'était grandement améliorée, mais sa simple présence suffisait encore à inquiéter la plupart des personnes présentes. Cyrié sentit et entendit immédiatement leur peur et leur jeta un rapide regard avant de reporter son attention sur sa protégée.

— Tu ne leur as rien dit, hein ? demanda-t-il, amusé et complice.
— Ben... Je me suis dit que moins il y aurait de gens au courant, moins il y aurait de risques que ça tourne mal.
— Ah, Andora...

    Les deux complices rirent doucement. Les adolescents, quant à eux, restèrent à une distance raisonnable du vampire ‒ un peu plus d'une longueur de bras, ce qui aurait été dérisoire s'il avait décidé de les attaquer ‒ puis l'un d'entre eux poussa légèrement le compagnon de la jeune fille en avant.

— Cyrié, je te présente les amis avec qui je passe quasiment tout mon temps, et voilà Neith, désigna-t-elle en passant un bras autour de son dos.
— Bonsoir, salua le vampire, en lui tendant la main.

    Le garçon hésita. Poussé par Andora, il s'en saisit. Le contact de cette peau dure et froide le surpris, et lui provoqua un sursaut, mêlé à un petit mouvement de recul. Le vampire eut un petit sourire en coin, puis relâcha la main du jeune mortel.

— Vous... Vous êtes le vrai ? interrogea l'un des camarades des deux amoureux.
— Parce qu'il en existe des faux ? répondit l'immortel, amusé, avec une pointe moquerie.

    A cet instant, celui qui avait posé la question réalisa l'absurdité de ses propos. Tous étouffèrent un rire timide, puis Cyrié lança un regard au loin, et reprit, plus sombre :

— On devrait y aller, avant que quelqu'un ait la bonne idée de prévenir les chasseurs de primes.

    Les adolescents tournèrent les yeux vers la sortie de leur école. Tous les élèves encore présents s'y étaient rassemblés et formaient à présent une véritable émeute qui les scrutait, ébahie, et les dévisageait.

— Tu as raison, oui... admit Andora. Où on va ?
— A ton avis ? répondit Cyrié en souriant, les sourcils relevés.
— Chez Ultimécia ?

    La jeune fille afficha la même expression que son protecteur, qui acquiesça d'un signe de tête, les yeux fermés. Elle le connaissait bien, il n'avait donc pas été difficile pour elle de le deviner. La perspective de revoir la Triplée enchanta l'adolescente.

— Tu nous emmène ? suggéra le vampire. Ils finiront de toute façon par me repérer, mais ce n'est pas la peine de leur simplifier la tâche.
— Oui.

    Elle prit la main de l'immortel, l'autre bras toujours autour de Neith, qui avait fait de même, puis elle les téléporta tous dans un nuage de lumières violacées.

    Le trio réapparut devant la taverne de la Triplée. Lorsqu'ils s'y glissèrent, Cyrié en tête, tous les regards se portèrent sur eux, surpris et intimidés. Le vampire, habitué, n'y prêta pas attention. Toutes les places autour du comptoir étant occupées, hormis une, à l'opposé de l'entrée, il dut traverser la salle pour pouvoir discuter avec la tenancière. A chacun de ses pas, suivi de près par les adolescents, le volume des discussions diminuait. Ultimécia servit l'un des clients, après quoi, elle porta son attention sur les nouveaux venus.

— Bonsoir.
— Bonsoir, répondit l'immortel, avec un large sourire.
— Salut ! lança Andora.
— Tu as l'air en forme, fit remarquer la gérante à la jeune fille.
— Oui !
— Je suis contente de te voir.
— Moi aussi.

    L'adolescente avait toujours beaucoup apprécié la compagne de Cyrié. Leur passé étaient cruellement similaires, et Ultimécia s'était occupée de l'orpheline durant la journée, ce qui les avait d'autant plus rapprochées. Castel et Althéa étant également des amis de la Triplée, elle se rendait régulièrement chez eux, et renforçait ainsi la bonne entente qui régnait entre elles.

— Tu aurais une petite place pour nous ? interrogea gentiment le vampire.
— Oui, vous pouvez vous installer là-bas, Santa arrive tout de suite, répondit la jeune femme en désignant une table ronde, derrière le trio.

    Ils s'y rendirent et s’assirent, Andora entre son protecteur, qui tournait le dos au reste de l'assemblée, et son compagnon. Presque instantanément, Santanas arriva et leur tendit à chacun la carte de l'établissement. Cyrié la refusa d'un petit signe de tête ‒ son choix, très limité pour quelqu'un de sa nature, était déjà fait. La jeune fille survola rapidement la liste des yeux, elle non plus n'avait pas besoin d'en connaître les détails, elle connaissait déjà sa boisson favorite dans toutes celles proposées. Le serveur les surveillait du coin de l’œil. Lorsque Neith sembla avoir lui aussi s'être décidé, il revint auprès d'eux.

— Vous avez fait votre choix ?

    Le trio acquiesça. Les deux hommes, galants, firent signe à Andora de se prononcer la première.

— Un Ruby Cherry pour moi.

    Santanas nota la commande, un petit sourire aux lèvres, partagé par Cyrié.

— Un cappuccino s'il vous plaît.
— C'est noté. Comme la dernière fois pour toi ? interrogea le revenant à l'encontre du vampire.
— Oui, ce sera très bien.
— D'accord. Je vous amène ça tout de suite.

    Puis le frère d'Ultimécia s'éloigna.

— Et tu as pris quoi la dernière fois ? questionna l'adolescente, intriguée.
— Tu verras, la nargua l'immortel.

    Après cela, il porta son attention sur le jeune homme, assis devant lui. Il demeura quelques instants à le sonder du regard, en silence. Neith était très intimidé et ce regard fixe et pénétrant le mit d'autant plus mal à l'aise. Cyrié s'en aperçut immédiatement et décida de mettre fin à cette situation.

— Alors comme ça, Andora et toi, vous êtes ensemble ?
— O... Oui.

    L'évocation de ce nom lui rappela qu'il n'était pas seul avec le buveur de sang. Il tourna la tête vers sa petite amie et posa la main sur la sienne pour se rassurer un peu. Elle lui adressa un regard accompagné d'un sourire chaleureux et détendus.

— Vous vous êtes rencontrés à l'école, c'est bien ça ?
— Oui. Il y a certains cours où on est ensemble, c'est là qu'on s'est rencontré.
— Et vous, vous vous draguez au lieu de suivre les cours ? les taquina gentiment le vampire.
— Non, on discutait juste un peu, expliqua Andora, et puis... Ben à force, on s'est rendu compte qu'on avait pas mal de points communs et... On a vite craqué l'un pour l'autre en fait.
— C'est mignon.

    Sa protégée lui donna discrètement un petit coup de pied, ce qui amusa d'autant plus l'immortel.

— Quoi ?
— Arrête de te moquer !
— Oh, je vous taquine, c'est tout. Et puis... C'est mignon deux élèves qui tombent amoureux pendant les cours.
— Cyrié !
— Ok, j'arrête, j'arrête.

    Santanas revint, un plateau à la main. Il posa, devant la jeune fille, un verre haut et étroit, dans lequel on avait préparé un cocktail à base de cerise, mélangé à des fruits rouges et un peu de citron, décoré par du sucre, collé sur le rebord du récipient ‒ depuis qu'elle avait goûté à cette boisson, Andora en commandait inéluctablement une ‒ face à Neith, une tasse dont le contenu était recouvert d'une crème épaisse grâce à laquelle la tenancière avait dessiné une feuille d'arbre, quant au vampire, il eut droit à un verre large, rempli d'un étrange liquide vert anis, tirant légèrement sur le jaune, dégageant une forte odeur d'alcool. Le Triplé se saisit également de deux petites bouteilles en verre rectangulaires, et les donna discrètement à Cyrié, tout en lui chuchotant quelque chose à l'oreille.

— Oui, pas de problème, répondit doucement le vampire. Je vous ferai ça pour la semaine prochaine, ça ira ?
— Oui, oui, ce sera très bien, merci. Si vous avez besoin de quelque chose, faîtes-moi signe, reprit Santanas, plus fort.

    Le démon prit à nouveau congé et laissa ses clients profiter de la soirée en toute tranquillité. Andora toisa la boisson de son protecteur du regard.

— De l'absinthe ? interrogea-t-elle.
— Oui.
— Depuis quand il y en a ici ?
— Depuis que je leur en fais.

    Cette réponse surprit énormément les deux amoureux qui n'auraient jamais imaginé qu'un buveur de sang pouvait fournir de l'alcool à des mortels. Cyrié attendit que son effet passe légèrement, puis leva son verre.

— A cette soirée, et à vous deux.

    D'abord étonnés, les adolescents l'imitèrent, puis tous les trois avalèrent une gorgée de leur boisson. Le degré très élevé d'alcool ne provoqua aucune réaction chez le vampire, ce qui désarçonna encore d'avantage les deux jeunes gens. Après cela, ils recommencèrent à discuter de couple que formaient Andora et Neith, mais ils abordèrent également d'autres sujets, certains légers, d'autres beaucoup plus sérieux. Au fur et à mesure, le compagnon de la jeune fille se détendait, le buveur de sang lui paraissant de moins en moins effrayant. Au contraire, il lui semblait à présent bienveillant et de très agréable compagnie.
    Mais cette atmosphère détendue vola brusquement en éclats lorsque l'immortel jeta un regard glacial par-dessus son épaule.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? s'inquiéta l'adolescente.
— Des chasseurs de primes.

    La porte de la taverne s'ouvrit sur tout un groupe de mortels en manteau vert, l'épée à la main. Ils localisèrent immédiatement celui qu'ils étaient venus chercher et se dirigèrent vers lui, le pas déterminé.

— S'il vous plaît, les arrêta Ultimécia sans attendre, pas d'armes ici.

    Fit-elle remarquer en désignant un écriteau accroché au mur, derrière le comptoir, sur lequel était écrit :

Les armes ne sont pas autorisées, merci de les confier à
l'un des responsables de l'établissement.


— Et lui alors ?! lancèrent-ils en désignant le vampire de la tête.
— Il n'est pas armé.
— Parce qu'il vous a donné ses crocs et ses griffes peut-être ?!
— Ecoutez, si vous refusez de suivre le règlement, je vous demanderai de sortir.

    Les nouveaux venus étaient outrés qu'on se permette de leur faire une remarque. Ils fusillèrent Cyrié du regard. La situation l'amusait beaucoup. Il les gratifia d'un sourire, et haussa les sourcils pour le leur signifier. Il était ravi de les voir obligés de se soumettre à la volonté de quelqu'un d'autre qu'eux-mêmes. Les intrus posèrent à nouveau les yeux sur la gérante. Son expression accueillante était mêlée d'autorité et ils sentirent qu'elle ne tolérerait aucun refus. Contraints et forcés, ils se séparèrent de leurs armes et les confièrent à Ultimécia, après quoi, ils demandèrent à s'asseoir. Malheureusement pour le buveur de sang, les seules tables encore disponibles se trouvait entre la sienne et le mur adjacent, leur proximité serait donc inévitable. L'immortel et ses ennemis de toujours ne détachèrent pas leur attention l'un de l'autre, jaugeant son adversaire, prêt à agir au premier de ses gestes.

— C'est qui cette nouvelle tête ? s'enquit l'un des mortels.
— Qu'est-ce que ça peut te faire ? riposta Cyrié.
— Oh, c'est juste pour savoir quel nom on devra mettre sur l'affiche qu'il y aura pour lui.
— Pas de provocations s'il vous plaît, stoppa Santanas qui était venu leur apporter la carte des boissons.

    Ils se turent, mécontents. La soirée continua tant bien que mal. Les chasseurs de primes prenaient un malin plaisir à importuner les clients de la table voisine, mais toujours avec une certaine retenue, de façon à ce que les jumeaux ne leur fassent pas de nouvelle remarque. Neith était très nerveux de se retrouver ainsi entre le vampire et ses opposants. Le trio ne parvint pas à retrouver le contexte détendu qu'il avait perdu. Le buveur de sang quitta la table et se dirigea vers le comptoir. Il espérait qu'en s'éloignant, ses ennemis accorderaient un peu de répit aux adolescents. Mais, son absence eut l'effet contraire. Les chasseurs de primes s'assurèrent qu'il ne les surveillait pas, puis l'un d'eux, assit juste derrière Neith, jeta un médaillon doré, attaché à une chaîne fine et délicate, devant Andora. Cette dernière sursauta, bouleversée. A l'intérieur se trouvait le portrait de ses parents biologiques. A leur mort, Cyrié n'avait pas retrouvé ce bijou si précieux, son amie décédée ne le quittait pourtant jamais. La jeune fille avança la main pour le toucher, mais l'homme qui le tenait tira sur la chaîne.

— Hey, hey, hey ! On ne touche pas, la nargua-t-il.

    L'adolescente était désespérée. L'objet était si proche et pourtant, inaccessible, et lui rappelait tant de souvenirs. Les larmes commencèrent à lui monter aux yeux et sa respiration se fit plus forte. Sa réaction avait dépassé les attentes de celui qui l'avait provoquée. Il se mit à sourire d'un air sadique, expression partagée par ses acolytes.

— Où vous avez eu ça ? larmoya Andora, la gorge serrée.
— A ton avis ? Il paraît qu'ils lui sont tous passés dessus ce soir-là, et elle a adoré ça, elle en a redemandé.
— Arrêtez... supplia la jeune fille en se mettant à pleurer, les mains appuyées contre ses oreilles pour ne pas entendre les horreurs qu'on lui racontait au sujet de sa mère.
— Ben quoi ? Tu ne veux pas savoir ce qu'il lui est arrivé ? Je me demande si ce serait pareil avec toi ?

    A cet instant, une main puissante, blanche et glacée se serra contre la gorge de l'interlocuteur et le plaqua violemment contre la table. Les autres chasseurs de primes se levèrent d'un bon. Les griffes de Cyrié étaient sur le point de trancher le cou de leur prise.

— Encore un mot et je t'égorge, souffla le vampire entre ses dents serrées.

    Il était fou de rage. Son visage terrorisa ses adversaires. Ils savaient qu'il n'était pas bon d'énerver un meurtrier aussi sanguinaire, mais le provoquer était plus fort qu'eux, et à présent, ils réalisaient qu'ils étaient allés trop loin.

— Hey ! rugit Santanas en accourant auprès d'eux. Ca suffit maintenant, vous arrêtez ça tout de suite !

    Mais sa remarque ne provoqua aucune réaction.

— Cyrié, lâche-le, insista le démon sur un ton plus calme, mais qui ne prêtait pas à la discussion.

    L'immortel n'avait pas quitté sa proie des yeux. Il la maintint un instant entre ses griffes, puis augmenta la pression qu'il exerçait contre le meuble, avant de libérer le chasseur de primes et de reculer d'un pas en soufflant, toujours aussi énervé.

— Le chien-chien a été bien dressé on dirait, toussa l'homme.

    Le buveur de sang, dans une colère noire, amorça un mouvement pour enfin le faire taire, mais Santanas plaça une main devant lui pour l'arrêter.

— Non ! Ne rentre pas dans son jeu, il n'attend que ça.

    Le vampire fulminait. Il n'avait qu'une envie : déchiqueter et faire souffrir celui qui avait fait tant de mal à sa petite protégée, mais en l'état actuel des choses, il n'en avait pas la possibilité.

— Vous réglez ce que vous devez, et vous partez, ordonna le fantôme aux coupables.
— Quoi ?! Et lui alors ?! C'est lui qui nous a attaqué !
— Tout se passait très bien jusqu'à ce que vous arriviez ! Depuis que vous êtes là, vous n'arrêtez pas de chercher les ennuis, et, que je sache, ce n'est pas lui qui a fait pleurer cette pauvre petite, rétorqua le démon en désignant Andora.
— Tss, il ne fallait pas s'attendre à autre chose venant de quelqu'un comme toi !
— Je ne me répéterai pas. Pour la dernière fois, partez, sinon, c'est moi qui vous mets dehors.

    Santanas paraissait toujours relativement jeune, mais sa puissance colossale, tout comme celle de son frère et sa sœur, était connue de tous, si bien que les chasseurs de primes se méfiaient autant de lui que de Cyrié. Ils ne bougèrent pas pendant quelques instants, posant alternativement les yeux sur le serveur et sur le vampire, puis, cédèrent et se rendirent devant le bar.

— Tu ne t'en tireras pas comme ça, on n'en a pas fini avec toi, menaça doucement l'un d'entre eux en passant devant l'immortel.
— Venez, je vous attends.

    Ultimécia, elle aussi énervée par ce qu'il venait de se produire, les attendait et leur donna l'addition sans attendre. Ils la réglèrent en silence. Personne dans toute l'assemblée n'osait prononcer un mot.

— Et nos armes ?! réclamèrent les coupables avant de quitter les lieux.
— Elles vous reviendront une fois que vous serez dehors. En attendant, sachez que vous ne serez plus jamais les bienvenus dans cet établissement, et c'est valable pour chacun d'entre vous. Maintenant, sortez.

    Les chasseurs de primes sentaient qu'il ne leur était pas permis de faire une nouvelle remarque, sans quoi, ils seraient expulsés de force. Ils balayèrent les lieux des yeux une dernière fois, et franchirent la porte. A peine celle-ci fut-elle refermée que Cyrié, qui n'avait pas quitté les chasseurs de primes du regard, porta son attention sur sa jeune protégée. Son expression changea en un instant, passant de la rage à la compassion et l'inquiétude. Il contourna Neith, impuissant, et s'agenouilla à côté de la jeune fille qui pleurait, une main dans son dos.

— Andora...

    Elle ne répondit pas, leva les yeux vers lui et se jeta dans ses bras. Ses larmes se firent encore plus nombreuses. Le vampire l'enlaça et lui caressa le dos pour la réconforter.

— Ce qu'ils ont dit... commença-t-elle.
— Ne fais pas attention, ce n'étaient que des mensonges. Ils voulaient juste te faire du mal.
— Comment tu peux en être aussi sûr ?!
— Parce que je m'en serais rendu compte, et je suis arrivé beaucoup trop vite pour qu'ils aient le temps de faire ça.

    En se remémorant le soir où ses parents avaient été assassinés, l'orpheline réalisa la véracité de ces propos. Cyrié n'avait mis que très peu de temps à se rendre chez elle, il les auraient interrompu. Un peu rassurée, elle se blottit contre lui et laissa s'exprimer son chagrin.

— Ca va aller ? se soucia Ultimécia, compatissante, après les avoir rejoints.

    L'immortel opina en silence.

— Vous voulez un endroit un peu plus tranquille ?
— Andora ? interrogea Cyrié.

    Elle agita légèrement la tête de gauche à droite, le visage toujours contre le torse de son protecteur.

— D'accord... Si vous changez d'avis, n'hésitez pas.
— Merci.

    Les jumeaux demeurèrent quelques instants près d'eux, puis durent reprendre leur travail. Les discussions reprirent doucement. Les pleurs de l'adolescente s'apaisèrent légèrement.

— Comment ils ont pu l'avoir ? sanglota-t-elle.
— Ce n'était pas ce clan ce soir-là... Je ne m'en suis pas occupé tout de suite, ils ont dû avoir le temps d'en discuter avec eux... Ils ont dû leur donner à ce moment-là...
— ... Je crois que le pire, c'est qu'ils sont repartis avec...

    Rien qu'à l'idée de ne jamais revoir ce médaillon, Andora sentit le chagrin l'envahir à nouveau et les larmes l'assaillir.

— Mmh, ça, je n'en suis pas sûr... assura le vampire, un sourire au coin des lèvres.

    Sa protégée ne comprenait pas et le regarda pour essayer de trouver des réponses. Cyrié plongea la main dans l'une de ses poches. Lorsqu'il l'en ressortit, il tenait quelque chose. Une chaîne dorée dépassait de son poing fermé. L'adolescente crut réaliser ce qu'il se passait, mais refusa d'y croire. Le buveur de sang dévoila alors le petit objet. La jeune fille approcha la main, mais n'osa pas le toucher.

— Le médaillon de maman... Tu lui as volé ? balbutia-t-elle, bouleversée.
— Je l'ai récupéré, nuance. C'est le tien, c'est à toi de l'avoir, pas à eux. Ils n'auraient même jamais dû l'avoir.

    Andora fixa son sauveur un long moment. Il semblait si paisible et bienveillant... Puis elle posa à nouveau les yeux sur le bijou. D'une main hésitante, elle s'en saisit et le contempla. Même dans ses rêves les plus beaux, l'orpheline n'aurait jamais imaginé retrouver ce bien si précieux qu'elle croyait perdu pour toujours.

— Merci... souffla-t-elle, encore ébranlée.

    A cet instant, quelqu'un déposa une tasse, dont le doux parfum chocolaté embaumait, devant la jeune fille. Ultimécia venait de lui apporter un chocolat liégeois. Elle savait que cette boisson avait le don d'apaiser le chagrin de l'adolescente.

— Merci.
— J'aurai voulu pouvoir faire plus.

    Andora objecta d'un signe de tête. Elle affichait un sourire timide, mais ses yeux exprimaient encore toute sa peine.
    La jeune fille, aidée de sa boisson chaude, parvint à retrouver son calme. Elle était plus sereine, mais tous les souvenirs douloureux que les chasseurs de primes avaient fait ressurgir l'avaient si profondément blessée qu'il lui faudrait à nouveau du temps pour retrouver sa gaieté.

— Il est tard, il est temps de rentrer, fit remarquer Cyrié, après que sa protégée eut terminé sa tasse.

    Les adolescents acquiescèrent. Le trio se leva et se rendit au bar. Ultimécia était occupée à servir un autre client, ils durent donc attendre un peu.

— Laisse, arrêta le vampire en voyant Neith sortir son porte-feuille de son sac. C'est moi qui vous ai fait venir ici, c'est normal que je vous invite.
— Oh, merci.

    La gérante s'approcha alors d'eux et présenta l'addition à l'immortel, qui la survola rapidement ‒ il connaissait les tarifs de l'établissement par cœur et avait déjà calculé le montant qu'il devait.

— Garde le reste, offrit-il en tendant un billet replié à la tenancière.
— Merci. Et encore désolée pour ce qu'il s'est passé...
— Ce n'était pas de ta faute, l'excusa Andora, tu ne pouvais quand même pas leur dire de partir, juste parce que c'étaient des chasseurs de primes.

    Après les salutations d'usage, et une promesse de se revoir rapidement, les trois visiteurs prirent congé. Une fois à l'extérieur, ils scrutèrent les environs.

— Tu es sûre que tu ne veux pas que je vous raccompagne ? veilla le vampire.
— Oui, oui, c'est bon. On va juste s'éloigner un peu et on rentre.
— Ok, comme tu veux.
— Merci pour cette soirée, fit la jeune fille, reconnaissante, en enlaçant son protecteur, qui lui rendit son étreinte.
— Il n'y a pas de quoi. J'aurais préféré que ça ne tourne pas comme ça.
— Moi aussi...
— Heureux d'avoir fait ta connaissance, déclara Cyrié à Neith.
— Moi aussi, même si j'avoue que je ne m'attendais pas à vous rencontrer, avoua l'adolescent.
— Je pense bien. Prends bien soin d'elle.
— Comptez sur moi.

    L'immortel et sa protégée échangèrent un dernier regard, puis il lui déposa un baiser dans les cheveux. L'orpheline rejoignit son bien-aimé. Lorsqu'elle se retourna pour faire saluer le vampire, il avait déjà disparu. Elle avait beau savoir que les créatures de la nuit étaient capables d'aller à des vitesses phénoménales, cela l'étonnait toujours. Les deux amoureux s'éloignèrent du Fenryl d'Or.
    Cyrié n'était plus auprès d'eux, mais avait tenu à les surveiller jusqu'à être sûr qu'ils étaient à l'abri. Soudain, un bruit familier l'alerta. A quelques pas de là où il les avait quittés, il retrouva Andora et son compagnon aux prises avec les chasseurs de primes avec lesquels il s'était querellé plus tôt dans la soirée. Neith était au sol, adossé à un mur voisin. Le vampire prit la relève et protégea les jeunes gens. La haine qu'il éprouvait pour ses adversaires ne rendit son combat que plus savoureux, quoique trop court. En un rien de temps, il les avait tous massacrés. Il se précipita alors auprès de l'adolescent. Sa petite amie était à côté de lui, affolée et lui tenait la main. La coupure qu'il présentait en travers de la poitrine l'empêchait de respirer correctement.

— Ca va, ce n'est pas trop grave et il n'y a pas de poison, affirma l'immortel après l'avoir brièvement examiné.
— Tu es sûr ? s'inquiéta Andora.
— Oui, je vais m'occuper de lui et ça ira. Où est-ce que vous deviez dormir cette nuit ?
— Chez lui.
— Tu y es déjà allée ?
— Oui, deux, trois fois.
— D'accord...

    Le buveur de sang prit le blessé dans les bras et se leva.

— Emmène-nous là-bas.

    Angoissée pour son compagnon, la jeune fille posa la main sur le bras de Cyrié et le trio se volatilisa. Il réapparut devant une maison, dans un quartier résidentiel, et frappa à la porte. Les parents de Neith ouvrirent. Ils attendaient le retour du jeune couple, mais n'auraient jamais imaginé les retrouver ainsi. Ils prirent peur en découvrant leur fils, blessé, dans les bras du vampire connu comme étant le plus sanguinaire de tous.

— Ne vous inquiétez pas, il ne fera de mal à personne, avertit l'orpheline.
— Mais qu'est-ce que... commença l'un d'eux, sans se risquer à approcher.
— Des chasseurs de primes nous ont attaqué, expliqua-t-elle.
— Il faut le soigner ! implora l'autre parent.
— Ce n'est pas très profond, je vais le faire, assura l'immortel.
— Vous ? Mais... !
— Dîtes-moi juste où est sa chambre, que je puisse l'installer un peu mieux.
— C'est par là, indiqua Andora sans laisser le temps aux adultes de riposter.

    Elle conduisit Cyrié à l'intérieur de la maison. Il allongea Neith sur son lit et demanda à rester seul avec lui. Le jeune homme, trop peu habitué à ce genre de situation, ne fit pas attention à ce qu'il se passait autour de lui. Le vampire lui retira son haut, en prenant garde à ne pas accrocher les bords de la blessure, puis se lécha le pouce, avant de la passer sur la plaie. La salive de vampire avait des propriétés extraordinaires : elle prévenait de toute infection, aidait à la cicatrisation et apaisait la douleur. Plus celui qui utilisait cette technique était puissant, meilleurs en étaient les effets. En quelques instants, l'hémorragie de l'adolescent s'était arrêtée et, la souffrance quasiment disparue, il retrouva une respiration normale. Il fut très surpris de remarquer la présence de l'immortel, souriant, à son chevet.

— Vous pouvez entrer, lança Cyrié.

    Les parents de Neith ouvrirent le battant sans attendre, trop inquiets de retrouver leur fils. Andora courut auprès de lui. Le vampire, prévoyant déjà la réaction des adultes, se leva et entama quelques pas.

— Eloignez-vous de lui, s'il vous plaît...
— Mais... Il nous a aidé, et c'est lui qui l'a soigné, opposa la jeune fille.
— Laisse, j'ai l'habitude, l'apaisa le buveur de sang en reculant.
— Mais...

    Elle ne finit pas sa phrase. L'immortel, résigné, lui avait adressé un léger signe de tête, les yeux fermés, pour lui faire comprendre qu'il ne servirait à rien d'insister. Les mortels avaient été conditionnés depuis si longtemps à le craindre qu'il était inutile d'espérer les mettre en confiance si facilement. Sa protégée était triste pour lui. Après tout ce qu'il avait fait pour leur venir en aide, elle se serait attendue à un minimum de reconnaissance. Au lieu de ça, il était repoussé et presque mis à la porte. Il connaissait cette situation par cœur et savait que la seule façon pour la soulager était de quitter le lieux, ce qu'il fit, à regret, mais au moins, les amoureux étaient en sécurité et la santé de Neith n'était plus menacée, et cela lui suffisait amplement.


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#399 2014-08-06 15:18:48

vanouloup
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Re: Les Histoires des Ténèbres

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#400 2014-08-06 19:11:37

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Ils sont vicieux, hein ^^'?


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